L'ARS ne s’alarme pas, mais reste vigilante

Chikungunya : l’hypothèse d’une reprise épidémique n’est pas écartée

  • Publié le 30 août 2024 à 10:40
  • Actualisé le 30 août 2024 à 14:37

C'est un virus qui a marqué La Réunion il y a de cela une vingtaine d'années : le chikungunya. Si l'on s'en serait bien passé, le virus a décidé de faire son grand retour dans notre département. Depuis le 23 août 2024 – date du premier cas – trois personnes ont contracté la maladie. Si le terme d'épidémie n'est pas encore à l'ordre du jour, l'Agence régionale de santé préfère prévenir que guérir et invite la population à se protéger. Pour rappel, lors de l'épidémie de 2005-2006, 260.000 personnes, soit un tiers de la population, avaient été contaminées. 225 personnes étaient décédées des suites de la maladie (Photo : www.imazpress.com)

On se croyait débarrasser, il n'en était rien. Le chikungunya refait son apparition, faisant remonter de mauvais souvenirs chez ceux qui étaient tombés malades lors de l'épidémie de 2005-2006.

Comment expliquer que ce virus resurgisse près de vingt années après ?

"Il y a deux hypothèses. La plus probable est celle d'un virus introduit par une personne malade rentrée d'Afrique ou d'Asie", explique le professeur Xavier de Paris, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire, santé et milieu de vie à l'ARS. Depuis, "le virus aurait circulé à bas bruit".

Seconde hypothèse, "celle d'une résurgence du virus de 2006-2007 qui circulait sur l'île il y a 20 ans".

Le virus semblait avoir disparu car "à La Réunion il y avait un très grand nombre de persones contaminées ce qui avait ensuite empécher la maladie de circuler" note Xavier de Paris.

Seul moyen pour confirmer l'une des deux hypothèses : connaître la carte d'identité du virus. Pour ce faire, l'Agence régionale de santé de La Réunion va envoyer "le virus prélevé par le sang au CNRS (Centre national de recherche scientifique) de Marseille afin qu'ils effectuent un séquençage de son ARN (pour Acides RiboNucléiques)".

Ensuite, "on compare avec des virus isolés sur la planète pour retrouver précisément l'origine du virus".

"Il peut être bénin dans un pays et plus virulent ailleurs", précise toutefois le professionnel de santé.

- La Réunion doit-elle craindre une épidémie ? -

Faut-il craindre qu'une épidémie de grande ampleur gagne La Réunion ? "Nous sommes intervenus suffisamment tôt, en hiver, dans un quartier où les maisons sont bien tenues", informe le professeur Xavier de Paris.

Toutefois, "nous ne pouvons pas écarter l'hypothèse d'une reprise épidémique et le rôle de l'ARS de prévoir et de mettre en place une vigilance plus plus, informer les professionnels de santé et la population" ajoute-t-il

"Si le virus circule on le saura et à ce moment-là il faudra adapter et dire avec réalisme que l'on fait face à une épidémie", souligne-t-il.

Si une épidémie se déclenchait serait-elle aussi virulente que celle de 2005-2006 ? "Il n'est pas possible de se prononcer sur ce point. Nous povons simplement espérer avoir un virus qui ne donne pas de complications" expose Xavier de Paris.

- 260.000 Réunionnais infectés en 2005-2006 -


Pour rappel, lors de l'épidémie de 2005-2006, "entre 30 à 40% - soit 260.000 personnes - de la population avait contracté une forme symptomatique", souligne le professionnel de santé. "Ce qui est énorme.". Et "il existe beaucoup de formes asymptomatiques" ajoute-t-il.

Le virus avait provoqué le décès de 225 personnes. La plupart liés à des comorbidités (jeunes, gramounes, personnes avec des problèmes cardiaques, d'obésité, respiratoires…).

Le chikungunya "avait aussi déclenché des formes au long cours avec des douleurs articulaires. Des personnes souffrent encore de rhumatismes liés au virus" relate Xavier de Paris.

A l'époque, "cette épidémie avait un caractère de sévérité inattendue et inconnue sur la planète" rappelle-t-il.

Lire aussi - Il y a 10 ans le chikungunya s'abattait sur La Réunion

- Dengue ou chikungunya ? Peu importe, il faut se protéger -

Si le chikungunya revient sur l'île avec trois cas pour l'heure, la dengue circule depuis plusieurs années.

Savoir, dès lors que l'on est piqué et qu'on se sent malade, quel virus nous avons contracté, est impossible, sauf à effectuer une prise de sang.

"Il n'y a aucun moyen de distinguer les deux. Ils donnent tous les mêmes signes au départ. Seules les douleurs articulaires peuvent être un peu différentes", explique Xavier de Paris.

Raison pour laquelle le professeur de l'ARS rappelle les recommandations. "Les personnes doivent consulter un professionnel de santé qui demandera un diagnostic pour la dengue, le chikungunya ou encore la leptospirose" dont les symptômes sont similaires.

L'Agence régionale de santé qui invite également la population à se protéger, notamment les personnes vulnérables, à comorbidités, les femmes enceintes et les enfants.

"Une femme enceinte peut le transmettre à son bébé, c'est pour cela qu'on les invite à se protéger."  Tout comme les enfants. "Il faut les protéger, se protéger, éviter les gîtes larvaires, mettre un répulsif cutané si besoin ou encore utiliser une moustiquaire", recommande le professeur Xavier de Paris.

Le directeur de la veille et de la sécurité sanitaire, santé et milieu de vie à l'ARS préconise aussi aux personnes malades "de se mettre sous une moustiquaire le temps de l'incubation (soit 6 jours environ) pour ne pas infecter l'entourage".

"Il faut savoir que le moustique vit chez vous ou dans une zone de 50 mètres. Il prend son repas sur plusieurs personnes et donc disperse son virus."

À savoir qu'une personne qui "a déjà contracté le virus du chikungunya ne peut pas l'attraper deux fois". En raison d'"une immunité naturelle contre le virus qui est produite grâce aux anticorps qui ont gardé en mémoire le précédent virus".

- Un vaccin prochainement pour La Réunion ? -

Récemment, le 28 juin 2024, l'Agence française du médicament a validé le premier vaccin contre le chikungunya.

"Maintenant il doit recevoir l'autorisation d'utilisation par la Haute autorité de santé (HAS) et le ministère de la santé", explique le professeur Xavier de Paris.

Pour l'heure, "ce vaccin est réservé aux adultes en raison des essais cliniques". Mais selon les premiers éléments, "c'est un vaccin classique qui d'après les études offre une immunité assez durable".

Si jamais le virus devait circuler plus vigoureusement à La Réunion, nul doute que l'ARS se charge de prévenir le ministère de la Santé "qui pourrait accélérer le process de validation".

- Trois cas à La Réunion depuis le 23 août 2024 -

Depuis le premier cas, le 23 août 2024, ce sont en tout trois personnes qui ont été contaminées par le chikungunya.

Deux personnes issues de l'entourage du premier cas et résidant dans le même quartier de Saint-Gilles-les-Bains. Ces deux nouveaux cas sont en attente de confirmation de la part du centre national de référence associé du CHU Nord.

Les trois personnes contaminées n’ont pas été hospitalisées.

Depuis le 23 août, les équipes de lutte anti-vectorielle de l’Agence sont très mobilisées : sensibilisation des habitants du quartier et traitements autour des domiciles.

L’ARS La Réunion invite la population, et particulièrement les habitants de Saint-Gilles-les-Bains, à se protéger des piqûres de moustique et à consulter un médecin en cas de symptômes.

Lire aussi - Deux nouveaux cas autochtones de chikungunya "très probables" signalés par l'ARS

Lire aussi - Un cas autochtone de chikungunya confirmé à La Réunion, une première depuis une dizaine d’années

- Recommandations à la population -

La population, et particulièrement les habitants de Saint-Gilles-les-Bains, est encouragée à appliquer les mesures de prévention au quotidien pour lutter contre la propagation du virus :

• Éliminer les lieux où les moustiques peuvent pondre leurs œufs

Les moustiques se multiplient en pondant leurs œufs dans des récipients et objets contenant de l’eau situés autour de la maison.

Pour lutter contre les moustiques, il faut supprimer à son domicile les gîtes larvaires (nids à moustiques) toutes les semaines :
- jeter ou vider les coupelles, petits récipients, gouttières, pneus, plantes retenant l’eau…
- rendre inaccessible aux moustiques les dispositifs de stockage d’eau (installation de moustiquaire ou tissus…)
- traiter ou vider les piscines non utilisées

• Se protéger des piqûres de moustique (sprays anti-moustiques, moustiquaires pour les enfants et personnes alitées, diffuseurs/serpentins, vêtements longs…)

Consulter son médecin traitant en cas de symptômes (fortes fièvres, douleurs articulaires, maux de tête, grosse fatigue…) et continuer à se protéger contre les piqûres de moustique

Si vous êtes malade, afin de prévenir les formes graves de la maladie :
• surveillez votre état de santé,
• consultez votre médecin traitant ou un service d'urgence si vous avez des signes et symptômes suivants : douleurs abdominales sévères, vomissements persistants, impossibilité de s'alimenter/s'hydrater, grande fatigue, agitation.
• rendez-vous à l’hôpital en cas de dégradation de votre état de santé.

Pour plus d’informations :

Rendez-vous sur le site de l’ARS :
Moustiques & maladies | Agence Régionale de Santé La Réunion (sante.fr)
Contactez le numéro vert Prévention, infos, conseils :
0 800 110 000
(appel gratuit depuis un poste fixe)

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
1 Commentaires
marius
marius
1 semaine

les cosmonautes sont de retour et avec les pulvérisations tuent tout surtout les animaux qui mangent les moustiques il n'y a penser aux caméléons, endormis, araignées et j'en passe