L’ancien ministre des Outre-mer et actuel ministre des Armées, Sébastien Lecornu, aurait commandé une exposition sur « les héros des Outre-mer » sans appel, et dont une partie du contenu aurait été empruntée sur Internet, dévoile Médiapart ce jeudi 16 février 2023. C’est l’ancien présentateur et journaliste Jean-Claude Narcy qui a été mobilisé pour cette exposition (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
« Lorsqu’il était ministre des outre-mer, puis en 2022, alors qu’il présidait toujours le conseil départemental de l’Eure, il a confié coup sur coup deux expositions photo au présentateur » détaille Médiapart (article réservé aux abonnés), précisant qu’aucun appel d’offre n’aurait été réalisé « parce que l’ancien journaliste n’en voulait pas ».
Interrogé par Médiapart, le ministre estime que « le processus d’achat » a « respecté l’ensemble des règles de la commande publique ». Comprendre que la commande n’excédait pas 40.000 euros, seuil de mise en concurrence. Jean-Claude Narcy aurait en effet été rémunéré…39.900 euros.
Mais au-delà de la rémunération artistique, des marchés parallèles ont été attribués pour la mise en place de l’exposition, encore une fois sans appel d’offre.
« L’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD) est choisi pour deux marchés : d’une part « la proposition graphique » pour 12 200 euros HT, d’autre part la fourniture et l’installation des panneaux et des socles pour 43 526 euros HT. Une prestation audiovisuelle (associant une filiale du site Outremers360°) est facturée 39 600 euros HT, ainsi qu’une plateforme digitale pour 39 820 euros HT. Le budget global avoisine donc les 200 000 euros, sans compter la partie événementielle » détaille Médiapart.
En ce qui concerne l'exposition, Médiapart note que de nombreux textes illustrant les panneaux auraient été empruntés...Sur Wikipédia, entre autres, "dont des phrases entières sont recopiées ou réécrites". Un travail qui semble un peu cher payé, dans ce contexte.
Du côté du ministère, on se défend en tout cas de tout favoritisme. "C’est une procédure légale, . Vous voulez une sculpture de tel artiste, vous ne faites pas un appel d’offres, parce que vous voulez cet artiste qui a un rendu précis" a expliqué Ziad Gebran, conseiller presse du ministre, interrogé par Médiapart.
Le même procédé a été noté concernant l'exposition sur l'Eure. "Le cabinet du ministre des armées assure que le département a mis en œuvre une « mise en concurrence simplifiée » (...) Vérification faite, l’une de ces sociétés était en liquidation depuis 2019, et la seconde, jointe par Mediapart, n’a « aucune trace » de cette démarche…" détaille le média d'investigation.
Si, sur le papier, tout semble réglementaire, le procédé pose tout de même question, notamment lorsqu'on sait que l'ancien ministre des Outre-mer ainsi que sa prédécesseure Annick Girardin, ont tous les deux été réprimandés par la Cour des comptes sur les dépenses du ministère.
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