Encore peu connue du grand public il y a deux ans, la cathinone de synthèse surnommée le "Dou" ou B13 connaît une progression fulgurante dans le sud de La Réunion. À Saint-Pierre et dans les communes environnantes, les forces de l’ordre constatent une recrudescence massive de la consommation, des violences associées et du trafic. En 2025, 85 usagers ou consommateurs et 17 trafiquants ont été interpellés. Le commissaire de police François Tabit dresse un état des lieux préoccupant (Photos : sly/www.imazpress.com)
Le Dou, également appelé B13, appartient à la famille des cathinones de synthèse. "C’est une drogue de synthèse à base de cathinone, qui se présente sous la forme d’une poudre blanche ou beige, parfois cristallisée", explique le commissaire François Tabit.
Conditionnée en petites doses d’un gramme, appelées "parachutes", elle est consommée à l’aide d’une pipe à eau, selon un mode très proche de celui du crack.
À la revente, le produit atteint des prix élevés. "Le gramme de Dou est vendu autour de 140 euros. Le demi-gramme se situe entre 70 et 90 euros", précise le commissaire de Saint-Pierre. Une consommation coûteuse, mais extrêmement rapide : "La prise se fait quasiment de manière instantanée, ça va très vite."
- Un phénomène très localisé dans le sud de l’île -
Pour l’heure, le phénomène reste géographiquement concentré. "C’est une drogue qu’on ne retrouve pas, pour l’instant, dans le nord de l’île, notamment à Saint-Denis", souligne François Tabit. Elle est en revanche bien implantée à Saint-Pierre et en zone gendarmerie dans le sud.
Des hypothèses circulent quant à son arrivée sur le territoire, notamment un lien avec Mayotte via Saint-Louis. Mais le commissaire se montre prudent : "Quand on discute avec le sous-préfet ou le procureur, on ne peut pas avancer cela avec certitude. Pour nous, l’origine exacte reste encore floue."
Sur le plan logistique, les enquêteurs disposent en revanche de certitudes. "La cathinone est importée essentiellement d’Asie, par voie aérienne ou postale", indique François Tabit. Les échanges avec l’Office anti-stupéfiants (OFAST) laissent penser que le produit arrive déjà transformé : "On pense majoritairement que la drogue arrive déjà cuisinée."
Aucun laboratoire local n’a encore été formellement démantelé, mais la vigilance est maximale. "Je reste convaincu qu’il doit y en avoir, et qu’il y en aura de plus en plus", alerte le commissaire.
- Des effets comparables au crack -
Sur le terrain, les conséquences de la consommation sont jugées extrêmement graves. "Les effets sont dévastateurs : désinhibition, agressivité, violence décuplée, hallucinations, comportements suicidaires", détaille François Tabit, fort de son expérience dans d’autres territoires. "Sur les effets, on est quasiment sur le crack que j’ai bien connu dans mes postes précédents."
La dépendance s’installe rapidement, même si la fréquence exacte des prises varie selon les individus. "Je sais que l’addiction arrive vite, mais ça dépend des personnes et de leur budget", tempère-t-il.
Les forces de l’ordre observent désormais un lien direct entre consommation de Dou et faits de délinquance. "On contrôle de plus en plus de consommateurs sur la voie publique, dans la rue ou dans leur voiture", constate le commissaire. Pour financer leur addiction, certains basculent dans la violence. "On a de plus en plus de toxicomanes qui commettent des vols avec violence ou des extorsions pour acheter leur dose."
- Violences, extorsions et passages à l’acte -
Le produit apparaît également dans de nombreux dossiers de violences conjugales. "Un quart ou un cinquième de nos auteurs de violences conjugales consomment épisodiquement ou régulièrement du Dou", révèle François Tabit.
Les passages à l’acte peuvent être extrêmes. La semaine dernière encore, un individu retranché dans une buanderie à Saint-Pierre, armé de couteaux et de sabres, a dû être interpellé. "Il était sous l’emprise de Dou. C’est un exemple très concret des effets quotidiens de cette drogue de synthèse", relate le commissaire.
Face à cette montée en puissance, la police a intensifié son action. "En 2025, nous avons interpellé 85 usagers ou consommateurs de Dou sur la voie publique, contre 9 en 2024", chiffre François Tabit. Même tendance du côté du trafic : "17 trafiquants interpellés en 2025 contre seulement deux l’année précédente."
Les saisies suivent la même courbe, passant d’environ 400 grammes en 2024 à plus d’un kilo cette année. Les profils des trafiquants sont variés. "On n’est pas sur une seule communauté. Ce sont majoritairement des jeunes de 20 à 30 ans, hommes et femmes. Dans une procédure récente, trois des organisateurs dorment aujourd’hui en prison."
Pour le commissaire de Saint-Pierre, le message est clair : "Ces chiffres démontrent qu’on a une action résolue et déterminée pour lutter contre l’usage et le trafic de Dou".
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C'est inquiétant
Attention les jeunes.
Le.dou est un suicide.
Ne prenez pas de drogue.
Il y a des abrutis qui veulent qu'on légalise peut-être?
Voilà qui va rendre notre "jeunesse d'élite" très intelligente...
On se réjouit d'avance des ravages sociaux que va provoquer, si elle est confirmée, cette vague de "mokorlédou". Et de la décrépitude qu'elle engendrera...
C'est merveilleux.
(Enfin, pas tant que ça, les fondements de notre fragile société vont en prendre un coup sérieux...)