La Réunion lui rend hommage (actualisé)

Céline Viry, fervente défenseure du maloya, s'est éteinte à l'âge de 81 ans

  • Publié le 2 août 2025 à 19:06
  • Actualisé le 2 août 2025 à 19:07
Firmin viry et son épouse

La Réunion a appris ce samedi 2 août 2025, le décès de Céline Viry à l'âge de 81 ans. Femme de Firmin Viry, fille de Henri Lagarrigue et sœur de Simon Lagarrigue. Céline Viry était la gardienne d’un combat : celui de la reconnaissance et de la valorisation du maloya. Mais également planteuse, chanteuse et militante de la cause des droits et de la justice. Plusieurs personnes lui rendent hommage (Photo : DR)

Dans une tribune, Alain Fontaine lui a rendu hommage. "Ses 7 enfants, 11 petits-enfants et 6 arrières-petits-enfants conservent le souvenir d'une maman aimante qui leur a enseigné que la vie malgré ces difficultés nous offrait aussi, si tentez que l'on vivait avec respect et dans le partage, les plus belles surprises."

"Planteuse, chanteuse, épouse, militante infatigable de la cause des droits et de la justice, mère de famille, Céline Viry aura aussi accompagné dans leur vie plus de 27 enfants placés à ses bons soins", note-t-il. 

- "Le maloya perd aujourd’hui un matrimoine de haute valeur", écrit Huguette Bello -

Huguette Bello, présidente de la Région Réunion a fait part de son émotion dans un communiqué. "Je me souviens que c’est chez le couple Viry que furent enregistrés, en 1976, par Jacqueline Meppiel, les deux premiers disques de maloya", écrit la présidente de Région.

"Le maloya perd aujourd’hui un matrimoine de haute valeur, une chanteuse de talent, une femme dont le parcours a été tissé de courage, de dignité et d’un amour inébranlable pour les siens et pour sa culture", ajoute Huguette Bello.

- "La Réunion perd une femme courage" écrit Cyrille Melchior -

"Chanteuse et militante profondément attachée à la terre, Madame Viry a partagé la vie d’un homme engagé pour la culture, et elle a su, tout au long de son parcours, jouer un rôle fondamental au sein de sa famille, dans la transmission des valeurs, des repères et de la force qui lient les générations. Son engagement au sein de son foyer et sa place dans l’histoire de notre île sont indissociables de l’élan collectif qui a porté le maloya au rang de patrimoine mondial", écrit le président du Département, Cyrille Melchior.

"Elle a été le cœur d’une famille profondément enracinée dans le maloya, dont elle a porté les fondements avec dignité et détermination. Aux côtés de son époux, elle a contribué à faire rayonner une culture longtemps marginalisée, aujourd’hui pleinement reconnue comme l’âme de notre île", dit-il.

- "Elle chante, elle joue, elle résiste", se souvient Emmanuel Séraphin -

Le maire de Saint-Paul, Emmanuel Séraphin a lui salué une femme qui, avec son mari "ont semé plus que des cannes : ils ont semé la dignité, la culture, la mémoire et la résistance. Planteuse, coupeuse de canne, mère, militante, elle fut de toutes les campagnes, de tous les engagements".

"Dans les années de silence imposées au maloya, elle chante, elle joue, elle résiste. Aux côtés de Firmin, elle participe aux kabar clandestins, fait entendre cette voix réunionnaise qu’on voulait faire taire. Elle fait partie de ces femmes dont l’histoire officielle parle trop peu, mais sans qui rien n’aurait tenu debout", ajoute-t-il.

- "Sa disparition est une perte immense pour le patrimoine vivant de La Réunion", déclare David Lorion -

Madame Céline Viry s’est éteinte paisiblement dans son sommeil, entourée des siens, à l’âge de 81 ans. "Sa disparition est une perte immense pour le patrimoine vivant de La Réunion, mais aussi pour Saint-Pierre, où le couple Viry incarne depuis toujours des valeurs de transmission, de militantisme culturel, d’humilité et de générosité" raconte David Lorion, maire de Saint-Pierre.

"Militante infatigable, chanteuse, planteuse, femme engagée auprès de la jeunesse, Céline Viry a œuvré toute sa vie pour la reconnaissance du maloya, pour les causes justes et pour l’enracinement de la culture péi. Elle a également accompagné, avec une humanité remarquable, plus de 27 enfants placés au fil des années, dans un foyer rempli d’amour et d’écoute", dit-il.

"À ses côtés pendant plus de 65 ans, Firmin Viry a toujours salué la force, la discrétion et l’amour pur de celle qui a été son soutien indéfectible. Ensemble, ils ont marqué La Réunion d'une empreinte indélébile", ajoute l'élu. 

- La Réunion perd une mémoire écrit Ericka Bareigts -

Dans un communiqué, la maire de Saint-Denis rend hommage à Céline Viry. "Aujourd’hui, La Réunion perd une mémoire. Un fanm dobout, forte et discrète. Une gardienne des racines".

""Ti pa ti pa, narivé". Ce refrain de Firmin résonne aujourd’hui avec une autre force. Parce que Céline faisait partie de celles qui ont marché lentement et patiemment pour que nous arrivions là où nous sommes. Et quand la reconnaissance est enfin venue — avec la fin de l’interdiction de faire vivre le maloya, sous la présidence de François Mitterrand — elle était là ; présente, fidèle et indispensable", écrit l'élue.

"Elle incarnait la puissance tranquille des femmes réunionnaises. Celles qu’on ne filme pas. Elle n’a jamais cherché la lumière, mais elle faisait rayonner La Réunion. Aujourd’hui, je veux lui dire merci. Merci pour ce qu’elle a transmis, pour ce qu’elle a porté et pour ce qu’elle laisse", poursuit Ericka Bareigts.

- "Une grande voix s'en est allée", écrit Maurice Gironcel -

"Je garde de Céline l’image d’une femme debout, résistante, libre, engagée et fière d’être Réunionnaise. Chose rare, en 1982, Céline et Céliane Viry avaient enregistré un 45 tours au studio Issa intitulée "cette année quelle bon l’année", qui avait connu un grand succès", se souvient Maurice Gironcel.

"Céline Viry a porté, avec force et dignité, le chant du peuple. Elle a frappé le roulèr, soulevé le kayamb, levé la voix. Céline Viry, sœur de Simon Lagarrigue a porté le maloya familial, ancestral, sans jamais trahir son âme. Avec elle, le chant devient berceau de la mémoire ouvrière, paysanne, réunionnaise", ajoute-t-il.

Natou et Patrice Sadeyen rendent hommage à une femme de mémoire et sentinelle de la Réunion -

"Céline Viry s’est éteinte, et avec elle, une page du maloya s’est refermée" écrivent Natou et Patrice Sadeyen. "Mais sa voix, elle, ne s’éteindra pas. Elle résonnera dans chaque roulèr qui bat, dans chaque kayamb qui lutte, dans chaque kabar où la terre vibre sous les pas des enfants de l’île. Céline n’était pas seulement l’épouse de Firmin Viry, ce zarboutan que tout le monde reconnaît : elle était elle-même une figure debout, une militante, une gardienne inflexible d’un patrimoine trop souvent effacé, minoré, folklorisé."

"Elle n’a jamais couru après les projecteurs. Elle préférait la lumière des veillées, les silences complices dans lakour, les regards chargés de mémoire qu’on échange entre vieux complices du combat culturel. Car oui, Céline Viry était une combattante. Une combattante de l’ombre, de l’intérieur, de ces luttes qui ne font pas la une, mais qui façonnent les fondations invisibles de ce qui tient debout", ajoutent-ils.

"Son engagement n’était pas un slogan, mais un mode de vie. Elle portait le maloya comme une seconde peau, non comme un costume de scène. Pour elle, cette musique n’était pas un divertissement, mais un acte de résistance. Dans ses gestes, ses paroles, ses choix de vie, elle défendait un monde, un langage, une vision de La Réunion que tant ont tenté de gommer : celui d’une culture vivante, populaire, enracinée, insoumise", disent ceux de lémisyon radyo Nout Farfar.

Aujourd’hui, les institutions salueront sa mémoire, sans doute. "Elle appartient à celles et ceux qui, dans les quartiers, les hauteurs, les champs de canne et lakour, continuent de faire vivre la Réunion qui ne se renie pas, ne s’aligne pas", concluent-ils.

- Un espace dédié au époux Viry au Tampon -

Au Tampon, le collectif pour le maintien des activités au cœur de La Réunion (CMAC) a mis en place un espace consacré à Firmin Viry et son épouse Céline. "Ti pa ti pa", c’est le nom donné à une exposition qui leur est consacrée.

Du 27 juillet au 24 août, Le 108 devient L’Espace Viry. Du mercredi au dimanche de 10h à 17h, la galerie présente peintures, sculptures, photos, souvenirs, instruments de Jean-René Ferrere, et le documentaire In tan po kozé (Mizikali).

• Programme de L’Espace Viry

Parking du U-express Georges à partir de 14h30

- dimanche 10/08 : M. Firmin ek La Rolèv Viry, Billy Johnny, Rézonans Maloya, Akordéo, Fon de Kal, Zarlor, Famil Maloya, Hei Tiaré
- dimanche 24/08 : M. Firmin ek La Rolèv Viry, Alidré Lion, Cascade Maloya, René-Paul Éllaria, Black Nation, Pascal Boqui Queni, Mangalor

Ateliers de L’Espace Viry (Gratuit – inscription au 06 92 51 49 84)

- Mer 06/08 : Ker design Pot d’tèr (matin) autour d’un ti kafé
- Jeu 07/08 : Mah Jong, dominos et autres (10h-17h)
- Mer 13/08 : sortie marmailles à La ferme Otantik, course goni et goûter

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2 Commentaires
Zan marie le maillon faible de l est
Zan marie le maillon faible de l est
2 mois

Respect pour une grande Dame.
Que la jeune génération s'en inspire

Missouk
Missouk
2 mois

Toutes mes condoléances à Firmin Viry et ses proches