Musique

Dizan Lo Swar : Baster en concert au Bisik pour ses 40 ans

  • Publié le 5 avril 2025 à 17:54
  • Actualisé le 5 avril 2025 à 17:58

Ce vendredi 4 avril, le Bisik affichait complet. Ce nouveau rendez-vous Dizan Lo Swar a tenu toutes ses promesses en célébrant un double anniversaire : les 10 ans du Bisik et les 40 ans de Baster. Nous publions le compte-rendu ci-dessous (Photo Bisik)

L’ambiance commence à se réchauffer avec DJ Joan R, qui propage les bonnes vibes koté zardin, avec un set d’une heure et demi plein d’énergie.  ​​Une fois de plus notre DJ résident s’est dépassé pour nous proposer un djset où se côtoyaient des artistes du monde entier, en douceur d’abord, des sons chill out et hip hop, puis plus intense avec des sons réunionnais et afro.

- Une voix, mille souvenirs -

Sous les acclamations Thierry Gauliris monte sur scène, guitare acoustique en main, regard droit et voix assurée, le silence se fait un instant. Puis, arrivent les premiers accords de “Rant dann ron la”, et en seul instant tout le monde est là, des gens de toutes les générations, des souvenirs… aussi intenses et colorés : dans la salle, mais aussi coté kour et coté zardin, on chante tous ensemble d’une seule voix comme une grande famille.
 
Après cette introduction empreinte d’émotion, le groupe entier rejoint la scène : Daniel Riesser, Djo, “le maestro”, à la guitare impérieuse, Johan Saartave à la basse virtuose, Bruno Cuvelier au roulèr puissant et Georges-Marie Daprice dit Nano, le vieux complice, l’original, aux congas. Une équipe de légendes locales à l'énergie inégalable, réunie pour cette soirée unique.
 
“Mon Péi”, “Bibizako” ou encore “Black Out”, des classiques intemporels que chacun connaît par cœur : c’est l’amour profond pour une musique qui a traversé les décennies sans jamais perdre de sa force ni de son sens.
 
Baster nous livre une prestation habitée, généreuse et puissante, la poésie des textes se mêlent à l'énergie brute des instruments créoles. Les corps bougent, les yeux brillent, les souvenirs affluent : un moment suspendu entre passé et présent, entre racine et avenir, entre joie sincère et transe heureuse.

Émotion intense pour un hommage à Alain Joron, figure emblématique du Mouvman Kiltirel Basse-Terre (MKBT) disparu en décembre dernier. Un instant suspendu habité d’un profond respect, qui rappelle combien la musique de Baster est indissociable des combats sociaux, culturels et humains qui ont façonné notre Île et de l’éducation populaire qui a construit nos esprits.

Avec une générosité incroyable, Thierry et ses dalons nous font vibrer au rythme de 20 titres extraordinaires, incontournables, comme “Domin”, “Kanal”,” Gawé”, “Mang Salé” (réclamé par un public brûlant)  ou “Servis Kabaré”. On traverse les âges depuis les années 80 jusqu’à aujourd’hui. Un instant rare, qui incarne l'essence même du Bisik : la musique devient un langage universel, un ciment social, un vecteur de rêve.

- "Lespri, lo kèr, lo kor lé la", le plaisir est à fleur de peau et les corps exultent -

Sur chaque titre, Thierry et ses musiciens se font accompagner en chœur par le public enflammé qui connaît chaque strophe de chacune des chansons du groupe et n’hésite pas à danser… quel bonheur de voir enfin que les corps exultent.

- La Montagne -

Impossible de s’arrêter ici et sous les acclamations, Baster nous offre un énorme rappel de titres, et quel cadeau ! On attendait forcément “La Montagne”, “In Ti  Manzel”, “Alon dansé” ou “Marmay Lontan”… probablement le moment de communion le plus intense de la soirée.

Au-delà du concert qui aura duré un peu plus de deux heures, c’est une véritable célébration de la mémoire, une communion autour de la culture réunionnaise dans ce qu’elle a de plus sincère et de plus enracinée. On a chanté, dansé, pleuré parfois, ri souvent, mais surtout, on s’est souvenu. On s’est rappelé d’où l’on vient, et pourquoi ces voix, ces rythmes, ces textes comptent autant pour nous.

On s’en souviendra encore longtemps.
 

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