A la suite du décès de 2 patients transplantés du rein, en avril et en juillet dernier, l'Agence régionale de santé a décidé de suspendre l'activité greffe rénale du Centre Hospitalier Régional jusqu'à la fin de l'année. "Pour l'heure nous ne savons pas quelle est la cause de ces décès", indique Laurent Bien, directeur du CHR. Une enquête a été diligentée par l'ARS pour faire la lumière sur ce que les spécialistes appellent des "effets indésirables graves". L'enquête pourrait mettre en exergue des problèmes d'organisation persistants au sein du CHR et déjà notés par les médecins.
Pour l'heure, aucune information sur les caractéristiques des deux patients (âge, pathologie etc.) ou sur les causes de la mort n'ont filtré. Tout ce qui est connu, c'est qu'un patient est décédé en avril et que l'autre est mort en juillet. "Dès le premier décès, nous avons transmis une déclaration à l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). C'est la procédure habituelle", indique Laurent Bien. Mais cette déclaration n'a eu aucune incidence sur la poursuite des transplantations.C'est le décès du second patient qui a provoqué l'inquiétude des autorités sanitaires. A la fin du mois d'août, le comité de vigilance et de risque de l'hôpital "a manifesté sa volonté de diligenter une enquête" sur les deux décès à travers une "revue de morbidité mortalité" (RMM). Le CHR a également demandé à l'ARS "la suspension de l'activité greffe rénale jusqu'à la fin de l'année". Demande acceptée par l'Agence régionale de santé. "Quelque chose de grave est survenu et nous n'en connaissons pas l'origine. Est-ce un facteur patient ? Un facteur chirurgie ? Un facteur anesthésie ? Nous n'en saurons plus une fois l'ensemble du processus effectué", explique le directeur du CHR.
Déjà, les dossiers des 50 dernières transplantations ont été analysés et une séance de débriefing est prévue le vendredi 10 septembre prochain. "Nous ne pouvons pas émettre de conclusion avant la fin de l'enquête", affirme Laurent Bien qui estime que les premières données seront disponibles "d'ici 3 semaines". "Une fois ces éléments en notre possession, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour revenir à une activité normale au début de l'année 2011", ajoute t-il.
En attendant, Laurent Bien avance déjà quelques pistes qui permettraient d'améliorer la transplantation rénale à La Réunion. D'abord, il propose une augmentation du nombre de chirurgiens transplanteurs sur l'île. Ils sont au nombre de 7 actuellement (dont un chirurgien qui travaille dans le secteur privé). Ces professionnels doivent jongler entre leur activité de spécialiste (neurologie, pédiatrie, cardiologie...) et leur activité "transplantation", ce qui peut provoquer des accumulations et donc des "effets de fatigue".
Il propose ensuite un travail pour "réduire le temps d'attente entre un prélèvement et une greffe". Il est actuellement de 20 heures à La Réunion alors que la moyenne nationale est de 15 heures. Plus globalement, le directeur CHR parle de "nécessité d'avoir l'organisation la plus optimale possible". Cela passe notamment par une augmentation des capacités d'hospitalisation des patients ou la mise en place de nouveaux blocs opératoires. Des installations qui devraient sortir de terre dans les prochains mois, dans le cadre du plan "Hôpital 2012".
Pour l'heure, la principale préoccupation de Laurent Bien est de "revenir à la normale". "Nous craignons de subir un déficit d'image après cet événement", avoue t-il. Par ailleurs, pour pallier cette suspension temporaire, le CHR, en lien avec l'Agence de la biomédecine, met en place un dispositif pour organiser la transplantation en métropole, dans des centres situés à Paris et à Lyon. L'activité prélèvement est quant à elle maintenue sur le site de Félix Guyon.
Le CHR est le seul établissement français autorisé à pratiquer cette activité dans le Sud de l'Océan Indien.
Mounice Najafaly pour
