Tribune libre de l'UFR

Féminicide de Kalma Beechok : "une fois de plus, la victime avait alerté"

  • Publié le 23 juillet 2024 à 14:01
  • Actualisé le 23 juillet 2024 à 14:06

C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris le féminicide de Kalma Beechok dans la nuit de jeudi 18 juillet 2024. L'UFR adresse ses sincères condoléances à la famille et aux proches de cette femme. Une fois de plus, la victime avait alerté. La justice avait prononcé des mesures pour sa protection par une interdiction d’approcher la victime. L'auteur des violences, son mari, avait été sanctionné par une condamnation. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)

Pourtant, dans la vraie vie, en l’absence de moyens pour garantir effectivement cet éloignement et permettre à l’auteur des violences ou à la victime d’être logée ailleurs, cette dernière a encore dû subir la proximité avec son agresseur. Dans la vraie vie, elle n'a pas été protégée. Elle a dû patienter. Lui, il a pu choisir son moment pour mettre fin à la vie de sa victime, qui recommençait à espérer et à imaginer la liberté d'une vie loin de la violence et de ce contrôle coercitif.

Cet énième féminicide vient rappeler que les décisions de justice ne servent à rien si l'on ne s'assure pas de l'applicabilité et de l'effectivité des mesures prononcées. Avec des politiques publiques efficaces, ce féminicide aurait pu être évité. C'est la proximité de l'agresseur et l'attente d'un nouveau logement loin de la violence qui ont rendu possible le contrôle coercitif jusqu'au geste fatal. Le courage de la victime confrontée à la terreur. La violence brutale qui s'abat sur elle. Le désespoir qui annonce le pire.

La lutte contre les violences faites aux femmes est supposément la grande cause de deux quinquennats successifs. Or, le gouvernement refuse d'accorder les moyens suffisants pour protéger les femmes. L'ignorance entourant les systèmes de domination patriarcale broyant les femmes ne peut plus servir de prétexte à l'inadaptation de l'action publique. Et nous ne pouvons pas croire en l'indifférence de la puissance publique... Kalma BEECHOK n'aurait pas dû mourir.

Evelyne CORBIERE NAMINZO

Présidente de l’UFR Sénatrice de La Réunion

guest
0 Commentaires