Quelques jours après avoir inauguré la saison culturelle du Séchoir, place aux Francofolies ce samedi, 18 heures, pour Saodaj qui présentera son album « Laz » et sa vision sensible du monde mêlant modernité et tradition à travers une musique actuelle engagée. Marie Lanfroy et Jonathan Itema se sont prêtés volontiers à un entretien quelque peu décalé, à savoir donner un mot définissant chaque lettre de Saodaj. Un bel exercice de style… (Photos : Nathalie Vindevogel et Charlotte Boiron).


S comme Synergie
Marie : J’aime bien cette idée de mise en commun de plusieurs actions, où chacun amène sa force dans le projet, son univers, son identité. Et finalement, c’est comme un plat créole, on y met plusieurs ingrédients qui donneront au final un plat unique. C’est l’ADN du groupe depuis le départ, et particulièrement pour l’album Laz où il y a eu un vrai tournant. On a incorporé le violoncelle avec Mélanie Badal, et la guitare alors que jusqu’ici, on était vraiment axés sur les percussions et la voix. Donc c’est un vrai virage et il fallait arriver à garder la base du projet qui repose sur la trans’ et la répétition. Mais en même temps, il s’agissait d’explorer de nouveaux horizons parce que j’éprouvais cette envie d’aller plus loin dans les arrangements. L’album est un objet en soi et ce qui est intéressant maintenant c’est de sortir de ce qu’on a fait en studio, d’étirer la matière en cherchant encore plus loin.
A comme Autonomie
Jonathan : Parce qu’on s’en sort par nous-mêmes et l’aspect auto-production.
Marie : Tout à fait. Même si ces dernières années, on a reçu pas mal de soutiens pour faire des résidences, on reste toujours en auto-production. Selon la vision de notre projet, qu’on ait de l’aide ou pas, on essaiera toujours de trouver un moyen de continuer à faire ce qu’on a envie, quoi qu’il en coûte. Saodaj est un projet de vie qui nous demande un investissement très fort, une remise en question permanente par rapport à l’image et aux messages que l’on a envie de transmettre. Et ça va au-delà de la musique parce qu’en parallèle, on travaille beaucoup les parties montage et vidéo. On met tous nos compétences en commun, bref rien n’est jamais figé.
O comme Ouverture
Marie : L’ouverture dans nos influences, dans notre manière de créer… On est en constante évolution et en dynamique de recherche, au risque parfois de créer une sorte de déséquilibre. Maintenant que l’album est là, on a une base très solide, et on peut aller chercher autre chose. L’ouverture aussi dans les thématiques d’actualité qu’on aborde. On parle de ce qui nous semble important sans prétendre révolutionner quoi que ce soit.
D comme Défendre
Marie : On aborde des causes qui nous tiennent à cœur. Dans les créations, j’essaie de ne jamais apporter ni jugement ni morale mais plutôt une sorte de regard car à mon sens, ce n’est pas à l’artiste de dire ce qui est bien ou pas, il se doit juste de donner un point de vue. Comme avec le titre « Un cri » qui traite du viol au sein du couple ou « Monmon Kolonel » qui parle d’une Congolaise colonel qui lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes de son pays, et qui apporte aussi son aide aux enfants rejetés par leur famille, car accusés de sorcellerie. Sans révolutionner les choses, elle se débat pour plus de justice dans son pays, un énorme combat au regard du poids de la tradition et des croyances. C’est tellement inspirant et à mes yeux, elle constitue un modèle pour le monde entier et particulièrement pour les femmes d’aujourd’hui.
Jonathan : Défendre notre histoire, notre patrimoine, notre culture est important.
A comme Album
« Laz » est notre premier album et on le vit vraiment comme une naissance parce qu’il y a eu un temps de réflexion et de création assez long pour y parvenir, ensuite le Covid est arrivé mais on a réussi. On fonctionne étape par étape. C’était important de le sortir à La Réunion dans un premier temps parce qu’on y vit et qu’on peut faire des concerts. Ensuite, on le fera connaître en métropole et pour ça, c’est mieux d’être sur place d’où la tournée qu’on va démarrer une en mars 2023, le timing est parfait. Tout cela a été possible grâce au travail collectif du groupe et celui réalisé avec notre label. Notre petite équipe agit en toute transparence et communique beaucoup, c’est très important…
J comme Joie
Même si ce n’est pas tout le temps joyeux, on recherche avant tout la joie qu’on partage avec le public tout en abordant des thématiques parfois lourdes. Le but est de ressortir du concert avec de l’espoir en ayant vécu un moment unique tant du point de vue du public que du groupe. C’est d’ailleurs ce que j’ai apprécié au K récemment où à la fin du concert, nous avons tous dansé ensemble avec le sourire et c’est à ce moment-là que tu prends conscience que ton projet fait sens. On est dans l’échange, l’interaction contrairement à l’écoute d’un album que je vois davantage comme une aventure personnelle dans laquelle chacun y trouvera ce qu’il veut… ou pas.
- Kossa zot i préfèr ?
Une chanson emblématique de La Réunion :
« Nanmouniman » de Gramoun Lélé
Une expression créole :
Marie : « La pasians i géri la gal » parce que je suis d’un naturel impatient.
Jonathan : « Kalbas amèr i suive la rasine »
Les Hauts ou les Bas :
Les Bas
Un fruit :
Les mangues
Un plat :
Marie : salade palmiste
Jonathan : cary tangue momon
Un légume :
Les haricots verts, nos enfants les adorent
Un quartier :
Jonathan : Terre Sainte
Marie : Ligne Paradis
Une couleur :
Jonathan : le rouge parce que j’adore cette couleur
Marie : le bleu pour l’apaisement, l’immensité, l’espace,
Partir ou revenir :
Partir pour mieux revenir
Passé ou présent :
Jonathan : le présent
Marie : le présent même si j’ai encore beaucoup de travail à faire pour y être pleinement.
Saodaj ce samedi 1er octobre, scène Piton.
Puis le 14 octobre au Bisik et le 25 novembre au Kerveguen avant une grande tournée en France, en mars 2023.
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