Un homme de 67 ans a perdu la vie, fauché par une voiture sur l’avenue Pierre-Mendès-France à Sainte-Suzanne le 11 août 2024. Le conducteur, qui avait pris la fuite, roulait sans permis et sous l’emprise probable de l’alcool. Jugé ce 20 juin au tribunal de Saint-Denis, Luc Mariama-Moutin, 36 ans, a été condamné à 10 ans de prison. En récidive, il encourait 20 ans d'emprisonnement (Photo : rb/www.imazpress.com)
Dimanche 11 août 2024, sur l’avenue Pierre-Mendès-France, près de la station-service de Sainte-Suzanne, un homme de 67 ans est percuté par une voiture et succombe à ses blessures. La chaussée est alors légèrement mouillée après une averse. L’accident est entièrement capté par la vidéosurveillance.
Le véhicule impliqué, une Peugeot 206 jaune, est retrouvé abandonné peu après. La plaque d’immatriculation a été retirée, le pare-chocs enfoncé, la carrosserie abîmée.
Une bouteille d’alcool est découverte dans le vide-poche de la portière conducteur. Le conducteur est activement recherché. Son permis de conduire avait été invalidé depuis le 15 mai 2024.
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- Le permis de conduire invalidé -
Selon plusieurs témoins, la Peugeot avait été vue juste avant l’impact en train de zigzaguer, roulant à contresens, accélérant et freinant de manière erratique.
Un conducteur déclare : "J’ai pensé : si quelqu’un arrive en face, il va se le prendre." Un autre évoque un anniversaire auquel le prévenu participait. Il s’était éclipsé et n’était jamais revenu. Le lien avec l’accident sera rapidement établi.
Deux jours plus tard, le 13 août, Luc Mariama-Moutin est interpellé. En garde à vue, il reconnaît être l’auteur de l’accident et justifie sa fuite : il n’avait pas bu, mais roulait sans permis, retiré trois mois plus tôt.
Il explique avoir passé la journée à la cabane de l’embouchure de la rivière, avant de prendre le volant pour rejoindre une amie. Selon lui, il roulait à 30 km/h, sous la pluie, et n’a vu la victime que trop tard, "titubant sur la route".
Il évoque un "blocage psychologique" au moment des faits, et dit avoir songé au suicide après la tragédie.
Mais l’expertise judiciaire contredit cette version. L’état du véhicule et les images montrent que la voiture roulait à 70 km/h sur une voie limitée à 50.
Les conditions de circulation étaient bonnes. La victime était bien sur la chaussée, mais les conclusions sont claires : l’accident aurait pu être évité.
- Un casier judiciaire particulièrement chargé -
À la barre du tribunal correctionnel, ce vendredi 20 juin 2025, Luc Mariama-Moutin, 36 ans, au casier judiciaire déjà lourd de 19 mentions, tente d’expliquer.
Il jure qu’il n’avait pas bu à 18h30 ce jour-là, mais ses amis interrogés disent le contraire. Une quinzaine de bières auraient été consommées dans la journée.
L’un de ses amis affirme avoir reçu un appel du prévenu, en pleurs, juste après l’accident : "Il m’a dit qu’il avait renversé quelqu’un, qu’il était conscient, mais qu’il avait fui à cause de son passé."
Ce passé, justement, est lourd : connu sous le surnom de "Bec-Noir", Luc Mariama-Moutin avait été condamné à 13 ans de réclusion criminelle en appel en 2013 pour deux agressions au couteau et plusieurs vols.
"La dernière fois que j’ai été incarcéré, c’était volontaire. Mais cette fois, je n'ai pas voulu ça. Même sans permis, je ne pensais pas que ça finirait comme ça", lâche-t-il à la barre.
- Un cow-boy de la route -
L’expert psychologique note aujourd’hui une réelle prise de conscience. Depuis son placement en détention provisoire, aucun incident n’est à signaler, contrairement à ses précédents séjours où 29 rapports disciplinaires avaient été établis.
La famille de la victime, elle, ne décolère pas. Appelée à la barre, la fille de la victime, en larmes, évoque courageusement la retraite "volée", d’un grand-père "formidable" fauché par "quelqu’un qui n’avait plus le droit de conduire". "Une famille entière est en deuil, personne ne s’en remet vraiment", confie-t-elle.
"Vous n’avez pas voulu tuer, mais vous avez pris des décisions qui ont conduit à des conséquences dramatiques", résume la procureure Léa Filippi.
Elle décrit un "cow-boy de la route", roulant vite, sans permis, probablement alcoolisé, et surtout, ayant pris la fuite après avoir renversé un homme.
Le parquet a requis dix ans d’emprisonnement. Le tribunal a suivi et le mis en cause est parti à Domenjod, condamné à 10 ans de prison.
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enfin , la justice est passée. Elle doit être ferme pour ces tueurs alcoolisés qui sévissent trop sur nos routes!