Jeudi 7 juillet, journée nationale des prisons

"Il faut punir mais respecter"

  • Publié le 8 juillet 2006 à 00:00

Les bâtonniers de France et d'Outre-Mer, par la voix de leur Conférence, s'élèvent, lors la journée nationale des prisons, contre les conditions indécentes de détention dans les prisons et les lieux de détention et de garde-à-vue. À la Réunion, la sénatrice Gélita Hoarau et la députée Huguette Bello ont répondu à l'invitation de l'ordre des avocats pour parler des conditions de détention dans les prisons, commissariats et autres

Sensibiliser les élus, la population sur la situation des prisons : c'est le principal objectif de la journée nationale des prisons. Robert Chicaud, bâtonnier en a donc profité pour rappeler ce qui est "un combat de tous les jours" : cellules collectives surchargées, personnel pénitentiaire en danger, agressions, viols... "L'état actuel des prisons est indécent : il s'agit d'un affront terrible pour notre démocratie, patrie des droits de l'homme", déplore Robert Chicaud. L'Ordre des avocats a envoyé des questionnaires aux prisons et aux lieux de détention. Il a reçu certaines réponses, pas toutes... Il a appris ainsi que la maison d'arrêt dionysienne compte 226 détenus alors qu'elle n'a que 123 places. "Cette promiscuité a des conséquences fâcheuses", affirme le bâtonnier qui évoque aussi l'existence de "quelques suicides".
Sur le territoire métropolitain, 105 suicides en milieu carcéral ont été enregistrés en 2005.

Manque de considération

Robert Chicaud rappelle qu'au centre pénitentiaire du Port, "il y a peu de moyens ". Il regrette aussi le mélange des genres : "Des gens condamnés côtoient des présumés innocents et des mineurs". Il déplore également que les avocats n'aient pas été associés aux discussions liées à la future prison de Domenjod. "Y aura-t-il une salle pour les avocats ?", se demande le bâtonnier.
Les avocats affirment qu'ils ne peuvent pas parler seul à seul avec leurs clients aussi bien dans les gendarmeries qu'au palais de la justice. "À la maison d'arrêt de Saint-Denis, il y a des nacos ou des gens qui passent et c'est gênant. À Malartic (commissariat central de Saint-Denis - ndlr), ça va : le bureau est fermé. Au palais de justice de Saint-Denis, on peut parler sur un banc. Il y a un manque de considération pour la défense, le détenu et la dignité", proteste Jacques Hoarau, avocat.


Questionnaire

Depuis mars dernier, l'Observatoire internationale des prisons a décidé de mener l'enquête. Des questionnaires ont été envoyés dans les établissements pénitentiaires en France, pour les détenus, le personnel administratif et les professionnels de santé afin d'améliorer les conditions des détenus. Les avocats et magistrats peuvent, eux, répondre sur Internet. Mais il semble bien que cette fois-ci encore, La Réunion ait été oubliée. L'Ordre des avocats n'a pas été sollicité. Un oubli que compte bien faire réparer la sénatrice Gélita Hoarau.

À 3 dans une cellule de 9m2

"Sachez que, si l'un de vos proches venait à être privé de liberté, il pourrait se retrouver 23 heures par jour dans une cellule de 9m2, avec deux ou trois autres personnes, contraint notamment de faire ses besoins dans cette cellule même, au vu de ses compagnons d'infortune", prévient Robert Chicaud. Il rappelle que "du jour au lendemain, un citoyen lambda peut se retrouver en garde -à-vue ou en prison. Le système judiciaire l'absorbe et le broye".
Aussi bien Gélita Hoarau que la députée Huguette Bello ont vu la souffrance des détenus dans les prisons de l'île. Elles sont donc bien sensibilisées sur le sujet. Toutefois, selon Maître Jean-Jacques Morel, "ce qui fait défaut, c'est moins l'humanité que le courage politique".
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