Le karaté réunionnais connaît une crise sans précédent. Depuis le 19 octobre 2022, pour la première fois de son histoire, le comité directeur de la la Ligue réunionnaise a été dissous par la Fédération française de karaté (FFK) et des disciplines associées. La ligue a été placée sous tutelle de cette instance nationale. La raison de cette décision exceptionnelle : une assemblée générale tenue le 15 octobre au cours de laquelle les comptes de la Ligue et son budget prévisionnel pour la prochaine saison n'ont pu être votés. La Ligue n’a donc plus ni président, ni comité directeur pour tenir la barre. Une situation inédite qualifiée de « chaotique » par le collectif « Sauvons le karaté réunionnais » qui s'est adressé à Imaz Press (Photo rb/www.ipreunion.com)
La dissolution de la Ligue par la FFK fait suite à un désaccord entre le comité directeur et le président de la ligue. Lors de l’assemblée générale du 15 octobre la tension serait montée. Selon le collectif « Sauvons le karaté réunionnais », la fédération a alors estimé que le comité directeur a été « défaillant et en ne réussissant pas à organiser correctement une assemblée générale". Toujours selon le collectif la Fédération aurait préconisé "l’organisation d’une assemblée générale élective anticipée qu’elle assurera elle-même". Pour cela, "une démission collective du comité directeur
est nécessaire" dit encore le collectif.
Contactée, la Fédération française de karaté n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
- Un conflit qui s'est enlisé -
Le conflit entre le comité et le président ne date pas d’hier. "Le karaté réunionnais est pris en otage par une guerre d’égo qui paralyse l’avancée de notre discipline et tout cela dans l’omerta la plus complète", indique le collectif « Sauvons le karaté réunionnais ».
Entre l’ex-secrétaire général de la Ligue, Adolphe Pépin, et Alix Caro, ex-président, le torchon brûle depuis plusieurs mois. Chacun avançant des arguments contre l’autre.
Pour Adolphe Pépin, « le président ne voulait plus travailler avec le comité directeur ». « Le président voulait décider seul, sans concertation », affirme-t-il à Imaz Press. Or, « tout doit passer par le comité directeur avant de présenter les dossiers en assemblée générale ». Le collectif « Sauvons le karaté réunionnais » avance un désaccord personnel entre Adolphe Pépin et Alix Caro. Le premier nie catégoriquement. « Il n’y a rien de personnel entre nous, juste un problème de fonctionnement administratif ».
Selon l’ancien président de la ligue, c’est le conflit avec Adolphe Pépin qui aurait cristallisé ces désaccords et conduit à la dissolution du comité directeur par la fédération. « J’ai eu quelques soucis de santé et pendant mon absence le secrétaire général avait pris la relève », nous explique-t-il. « Malheureusement, comme à chaque fois, quand on revient, l’autre veut être kalif à la place du kalif », ajoute-t-il. C’est à ce moment-là que, selon l’ancien président, « la situation se dégrade ».
Le 15 octobre 2022, l’assemblée générale a lieu. « Le secrétaire général est venu avec ses partisans et ça a été un peu bordélique », précise Alix Caro. Pas de budget, pas de vote et donc… pas d’accord. Selon Alix Caro, «le président de la fédération m’a dit de choisir. Si je démissionnais seul, le comité directeur resterait en place alors que si c’était la fédération qui prenait la décision, tout le comité sauterait, y compris le président ». « J’ai donc laissé le président de la fédération choisir », indique Alix Caro.
Cette dissolution tombe à point nommé pour lui, « après 26 ans de présidence, je voulais partir. J’avais dit que j’arrêterais en juin après la venue du président de la fédération et qu’après je verrais », dit-il. « Je voulais passer la main », avance Alix Caro. Pour lui, « c’est une excellente décision, même si au niveau du grand public ça peut passer comme une punition ».
- La Fédération française reprend la main -
En attendant que la situation retourne à la normale, avec un comité directeur et un président, la Fédération française gère les comptes de la ligue qui, de fait, sont bloqués. « Là pour l’instant nous n’avons pas reçu les subventions fédérales », indique Adolphe Pépin.
Les 126 clubs de karaté et de disciplines associées de La Réunion - chiffre donné par Alix Caro -, ne sont pas impactés par cette situation. «La partie sportive continue», souligne Adolphe Pépin Pour l'heure, Alix Caro gère toujours les affaires courantes. « Heureusement, on avait prévu les événements qui allaient se passer, tout ça-là était déjà prévu dans les budgets », explique-t-il.
Ce dimanche d’ailleurs, une compétition sportive sera organisée à Sainte-Marie.
Ce que préconise désormais la Fédération française, c’est la tenue d’une nouvelle assemblée générale élective anticipée d’ici 45 jours. Et ce, afin que la Ligue réunionnaise de karaté reparte sur des bases saines et nouvelles.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com