Métiers d'internet

Le grand boum des influenceurs et créateurs de contenu à La Réunion

  • Publié le 9 janvier 2023 à 07:29
  • Actualisé le 9 janvier 2023 à 12:50

Instagram, Facebook, TikTok, YouTube… autant de contenus possibles et partagés sur ces plateformes populaires. Aujourd'hui, être sur les réseaux sociaux, être influenceur ou créateur de contenu à La Réunion est devenu plus accessible. Ces activités, souvent mal perçues, possèdent toutefois des règles. (Photo photo RB imazpress)

Avoir une communauté sur les réseaux sociaux et poster du contenu, c'est la routine de certains Réunionnais(es). Sur notre île, ce domaine prend de l'ampleur et attire de plus en plus les jeunes. Aujourd'hui, on compte de nombreux influenceurs péi de tout type : mode, sport, tourisme, beauté, etc.

Lucie Ignace, très présente sur Instagram, propose du contenu de lifestyle, de mode et de beauté à ses 66,9k abonnés. "Je suis une influenceuse, je réponds à la demande des marques et je fais de la publicité". Influencer les gens, oui, mais dans les bonnes conditions, insiste-t-elle. "Je regarde si ça me correspond, je ne vais jamais promouvoir quelque chose que je n'utilise pas" assure la jeune femme.

Ainsi, être influenceuse c'est avant tout avoir la certitude que ce que l'on propose à une communauté est fiable. C'est avant tout rester soi-même selon l'ancienne championne de karaté : "quand je vais bien je le dis et quand je vais mal c'est la même chose, je veux montrer la réalité".

- Influenceur et créateur de contenu, deux activités différentes -

Le jeune artiste et humoriste Benji, très populaire depuis un peu plus d'un an, avec 18,7k d'abonnés sur Instagram et 51,1k sur TikTok, estime qu'il existe une différence entre les deux activités. "Le créateur de contenu propose un vrai concept, il apporte un contenu divertissant et un côté artistique. Un influenceur va plutôt montrer sa vie, c'est du lifestyle, moi je propose du contenu humoristique, je ne montre pas ce que je mange".

Être créateur de contenu sur les réseaux est quelque chose que l'on fait avant tout par passion et par plaisir, explique Romain, connu sous le nom de Xtyrom et suivi par 12k d'abonnés sur Instagram et 20k sur TikTok. Le "bivouaqueur local" propose un contenu varié valorisant la nature et les randonnées de l'île. Il estime qu'être un influenceur à La Réunion peut être une bonne chose pour les jeunes, seulement si cela est fait avec passion et envie. "Il faut rester vrai et authentique", insiste-t-il.

Parfois, le métier d'influenceur et créateur de contenu peu,t s'entremêler. Certaines marques voyant la popularité des créateurs de contenu, on souvent envie qu'ils les représentent pour leur faire de la publicité.

Benji confie : "je fais très attention à mon image, je ne collabore pas avec des marques qui ne correspondent pas à mes valeurs". Il poursuit :  "j'ai refusé des collaborations avec des chaînes de fast food et une entreprise de pari sportif, je ne me voyais pas faire des vidéos là-dessus." Le jeune homme veut surtout apporter une idée artistique. "Ce n'est pas faire du commercial pour faire du commercial, c'est travailler autour d'une marque pour élaborer un concept", abonde le créateur de contenu.

Du même avis, Carole, alias La Petite créole sur Instagram avoue ne pas apprécier le terme d'influenceur qui est très mal perçu selon la jeune femme. "Je ne suis pas dans l'optique d'influencer mais plutôt dans le partage." La créatrice de contenu poursuit : "Je suis quelqu'un de passionné qui partage du contenu internet, je fonctionne comme un média, j'ai une ligne éditoriale et quand je relaie des infos sur des marques, des lieux je le dis, je suis transparente".

- Des collaborations uniquement après avoir consommer le produit -

Pour Romain (alias Xtyrom) les collaborations doivent être cohérentes. "J'ai collaboré avec des marques en accord avec mon monde" raconte-t-il. Créer des contenus pour les réseaux, "c'est un investissement", confie-t-il. "Au total, j'ai dépensé de l'argent pour ce matériel (appareil photo, drone, etc.) qui me sert avant tout pour le plaisir". Grâce à ses collaborations, le créateur de contenu peut toucher une centaine d'euros par vidéo selon ce qu'il propose et ce qui est fixé par la marque, qui lui sert principalement à faire des cadeaux à ses abonnés. "

Il souligne cependant sa liberté : " il y a une charte mais je suis libre, du moment que je mets le produit en avant et la nature, un élément qui me représente". Ces collaborations sont gérées par une agence qui se charge du démarchage. L'agence propose directement les entreprises à l'influenceur ou créateur de contenu, ce qui leur évite de devoir passer par cette étape eux-mêmes.

Lucie Ignace fonctionne de la même façon, son agence la conseille et la guide dans certains choix, mais la jeune influenceuse reste libre. Les agences d'influence ont le rôle d'intermédiaire et de guide pour les influenceurs.

Créatrice de contenu au 42,8k d'abonnés sur Instagram, Carole assure que ses collaborations se font uniquement après avoir consommé le produit. A travers ses vidéos et photos, la jeune femme partage ses coups de cœurs sur les lieux, les restaurants, les hôtels et les idées de sorties, son but étant de valoriser le local, la culture et l'identité.

Carole insiste sur le fait que ses actions viennent de son initiative : "C'est souvent du pur hasard, je passe devant le restaurant, j'ai envie de manger, je paye toujours et ensuite si ça me plaît je partage. Si ça ne me plaît pas, je ne le dis pas car j'estime que ce sont mes goûts à moi. Je préfère dire aux gens où aller plutôt. Je veux mettre en avant et pas critiquer." La jeune femme insiste également sur le fait que tout partenariat doit être mentionné systématiquement.

Pour rappel, le contenu publicitaire des influenceurs diffusé sur les réseaux sociaux se doit d'être transparent vis-à-vis des consommateurs en mentionnant que le partenariat est rémunéré, l'identité de la marque et le produit. Les influenceurs se doivent également de respecter certaines lois liées aux codes de la consommation, de santé publique comme la loi Évin sur les boissons alcoolisées par exemple.

- Influencer de manière responsable -

"Les influenceurs et les créateurs de contenu sur l'île font ce métier pour les bonnes raisons, contrairement à ce qu'on peut voir dans l'hexagone" assure Carole, alias La petite créole. Un certificat d'influence responsable est mis à disposition par l'ARPP (Autorité de Réglementation de la Publicité) qui propose une formation en ligne de 2h afin de permettre aux influenceurs et créateurs de contenu de s'informer sur les règles et les façons d'exposer le contenu, notamment sur l'alcool, l'exposition des enfants, les sodas etc. Ce certificat peut être retiré à tout moment si les règles vis-à-vis de la publicité ne sont pas respectées.

C'est dans cet optique de rendre l'influence responsable que Carole a obtenu son certificat. De même pour son amie, la créatrice de contenu et agent, Régina Pisano qui compte 20,9k d'abonnés sur Instagram. "Être agent, c'est faire en sorte que tout le monde soit gagnant, la marque et le créateur aussi". La jeune femme, apporte sa vision professionnelle du marketing d'influence à 5 jeunes "talents" qui sont des créateurs de contenu avec un "fort potentiel".

C'est dans une démarche de conseil que Régina Pisano guide ces jeunes. Elle peut faire le relais entre les créateurs de contenus et les marques qui ont l'habitude de bosser avec des agences de communication mais pas forcément des influenceurs. "Ils nous présentent souvent ce qu'ils veulent mais c'est à nous de proposer nos idées créatives, on est des artistes d'une certaines manières, ils ne doivent pas nous brider".

La passionnée des réseaux sociaux souligne également l'importance d'avoir une éthique et de rester en accord avec sa communauté, de "rester humain avant tout" insiste Régina. Comme toutes activités, il y a des règles, tous les créateurs, influenceurs doivent déclarer les revenus qu'ils perçoivent. Régina Pisano informe : "je possède une entreprise unipersonnelle, et je travaille uniquement avec des créateurs qui déclarent leurs revenus, sinon c'est illégal".

Des activités qui commencent à prendre de l'ampleur sur l'île, au point où certains ont la chance d'en vivre, comme l'humoriste Benji. "J'ai la chance d'en vivre, d'avoir des propositions de projet, mais c'est compliqué ici...il faut être créatif et se démarquer des autres surtout, il y en a de plus en plus et le marché est très fermé à La Réunion" conclut-il.

lh/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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