Il récuse tout racisme

"Vilain, vantard, voleur" : une plainte déposée pour injures racistes contre le directeur général du Crédit Agricole

  • Publié le 9 avril 2024 à 16:31
  • Actualisé le 9 avril 2024 à 19:00
insulte malbar

Suite aux révélations concernant des propos tenus par le directeur général du Crédit Agricole, une conférence de presse a été organisée par les syndicats SNECA et SUDCAM pour faire le point sur les accusations portées à son encontre. Un salarié accuse notamment le directeur général, Didier Grand, de l'avoir traité de "Malbar 3V". Des propos qu'il aurait, selon ces accusateurs, répété à l'occasion d'une réunion de fin d'année, devant plus de 500 personnes. Il a présenté une diapositive où la photo d'un salarié malbar était accolée du texte "Vilain, vantard, voleur" et "Veinard". Une plainte pour injures publiques à caractère raciste et pour harcèlement a été déposée le 26 mars 2024 auprès de la procureure de Saint-Denis. Didier Grand, par la voix de ses avocats, se défend de tout racisme. Il affirme avoir voulu "tout au contraire déconstruire des préjugés" (Photo sly/www.imazpress.com - Patrick Papama a porté plainte contre Didier Grand)

C'est l'avocate Léopoldine Settama-Vidon qui a été mandatée par les syndicats pour porter cette affaire devant les juges. "Ces faits sont tellement surnaturels qu'on se pose la question de leur véracité" déclare-t-elle en avant-propos.

"Pour contextualiser, il s'agit ici de deux victimes : un salarié qui a été humilié publiquement devant des partenaires et collègues, et un second devant plus de 500 personnes lors d'une réunion de fin d'année en décembre 2023" explique-t-elle.

"Il est difficile de parler quand on a été agressé, mais le temps est venu de dire non et stop" déclare Patrick Papama, qui a été victime des propos du DG. "J'ai été humilié publiquement, en me traitant de Malbar 3V devant un supérieur et un partenaire. C’est intolérable. Je pensais que cet homme était éduqué, qu’il allait reconnaître son erreur, mais il a persisté et devant 500 salariés a réitéré ces propos" dénonce-t-il.

Le salarié, qui a été placé en arrêt maladie pour accident de travail, regrette "une violence pour (son) intégrité physique et mentale" et réclame le départ du DG, mais aussi du Conseil d'administration qui a apporté son soutien à ce dernier.

Derrière lui, deux syndicats le soutiennent : le SNECA et SUDCAM.

"Le dépôt de plainte vise à rappeler que quel que soit le poste, et encore plus DG, des propos du genre n’ont pas leur place au sein de l'entreprise" réagit Geoffrey Vizot, secrétaire général adjoint de Sudcam . Concernant l'image diffusée pendant le séminaire, "c'est encore plus grave car il s’agit ici d’une diapositive, qui a donc été pensée en amont et qui s’inscrit dans un contexte de climat social tendu" estime-t-il. "Le dépôt de plainte vise la personne et pas l’institution" ajoute-t-il par ailleurs.

"Ce n'est pas dans nos habitudes d’attaquer nos dirigeants de cette façon, c'est même une première. Aujourd'hui, c'est le dirigeant que l'on attaque, pas l’institution. Ce DG n’a visiblement pas les valeurs de l’entreprise" insiste Samuel Mathieu, président du SNECA.

"Ce n'est pas acceptable d’afficher le visage d’un collègue, sans l’informer, avec de tels qualificatifs. Les élus ont relayé la colère de leur collègue, et il n'y a eu aucune écoute. Il a été soutenu par le président du conseil d'administration qui accuse les syndicats de manipuler ses propos et de les décontextualiser. Pourtant, ces propos tenus publiquement peuvent être considérés comme injure publique à caractère raciste" affirme Léopoldine Settama-Vidon.

Didier Grand, lui, rejette ces accusations. Par la voix de ses avocats, il "réfute fermement avoir tenu des propos racistes à l’endroit de la communauté tamoule lors de la réunion du 8 décembre 2023 qui réunissait plus de 550 collaborateurs". 

Il tient à "dénoncer avec force la déformation de son discours qui visait tout au contraire à déconstruire des préjugés et rappelle son attachement à La Réunion, à Mayotte, ainsi qu’à leurs habitants".

"Ayant grandi à La Réunion et convaincu que la richesse d’un territoire vient de sa diversité, ce dernier est profondément blessé par ces accusations, viscéralement opposées à son histoire personnelle et ses valeurs" ajoutent ses avocats.

- Dégradation des conditions de travail -

Mais au-delà de ces accusations, les syndicats dénoncent un mal-être préoccupant au sein de l'entreprise.

"Deux enquêtes, commandées par le comité social et économique, ont été réalisées début et fin 2023, et ont révélé des risques psychosociaux élevés au sein du Crédit Agricole. Les salariés sont en grande souffrance, un certain nombre d'entre eux ont envisagé de partir. Le rapport établit à que 75% des salariés présentent des risques psychosociaux au sein de l'entreprise. Un constat confirmé par une enquête réalisée à la demande de l’employeur, qui a elle aussi fait un constat affligeant" explique Léopoldine Settama-Vidon.

"Les personnes qui ont été entendues de façon anonyme ont fait question de pleurs, de cauchemars, de pression qui engendrent des pensées suicidaires. Les salariés sont sous tensions, craintifs, et viennent travailler la boule au ventre" dénonce-t-elle.

"Le DG est arrivé il y a deux ans, et nous faisons le constat que les conditions de travail se sont fortement dégradées depuis. 7% des salariés interrogés ont déclaré avoir des idées suicidaires. La médecine du travail a alerté sur les risques psychosociaux élevés au sein de l'entreprise" rappelle Mathias Ramsamy, délégué syndical Sudcam.

" Depuis deux ans on vit quelque chose de compliqué. Les valeurs de l'entreprise ne sont plus respectées. Le DG a un comportement inapproprié, et les plaintes de salariés se sont multipliées" affirme Alain Nativel, délégué syndical Sneca.

"Le Crédit Agricole est une entreprise importante, qui a été construite dans de bonnes conditions sociales. C’est notre rôle en tant que syndicat de protéger les employés" ajoute-t-il.

"S'attaquer au dirigeant n'est pas quelque chose de courant, on a une histoire de valeurs et de respect. Aujourd'hui, nous sommes obligés d'agir parce que la santé des salariés est en danger."

Les syndicats regrettent la réponse de Didier Grand, qui dénoncent une atmosphère délétère dans l'entreprise.

"Dans un contexte où les salariés sont en souffrance, il est normal que ces derniers préfèrent se taire et subir. Et les élus syndicaux sont pointés du doigt parce qu’ils ont rappelé à leur directeur les obligations qu'il doit respecter" regrette Léopoldine Settama-Vidon.

Didier Grand n'a pour l'heure pas réagi sur la dégradation des conditions de travail. Il devrait s'exprimer dans les jours à venir.

as/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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7 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
1 an

@ Xav
Vous avez parfaitement le droit d'aimer vous faire insulter et humilier.
En psychiatrie, cela s'appelle du masochisme.
Bonne continuation dans votre plaisir que personne n'est obligé de partager.

Xav
Xav
1 an

En accident du travail !!!
Vite je vais demander la même chose à mon docteur car ma cheffe m'a dit que je ne comprenait rien à rien. Elle a dit aussi "vous êtes blonde ou quoi ?
Propos violent et qui ont atteint mon intégrité physique et moral

Goyave de France
Goyave de France
1 an

Répondre au racisme par le racisme,y fé pitié Tamby

Dom
Dom
1 an

Ou se monsieur présente des excuses à l’intéressé ou les « malabars » appellerons au boycotte de cet établissement. Si aussi simple que cela…

toussapourssa
toussapourssa
1 an

Pourquoi ? c'est pas vrai ? !!!!! par contre, ceux qui se plaignent parlent des "kaf 7 po" !!!

Tamby974
Tamby974
1 an

Nou lé la Rényon en 2024... voilà le niveau de collaboration émanant del la direction du CA974... Édifiant er alarmant 😱😡 ...en plus préparer une intervention de ce niveau devant 500 collaborateurs, dont beaucoup applaudissent, c'est inquiétant...
En plus ses propos seraient des louanges pour sa cible projeté dans un Pwpt en grande assemblée ?
Il nous prend pour des cons ou des esclaves soumis ??
Oserait t'il faire une intervention de la sorte en Corse ou en Bretagne en ciblant un salarié de ces région ??
Je suis un malbar moi même, fonctionnaire, mais jamais je n'accepterai une pareille humiliation de la part de ma hiérarchie...
Salariés du CA974, levez vous et montrez que vous en avez...💪👊
Goyave de France, go home...☠️💀👹

Agni
Agni
4 mois

Moi aussi dans une structure publique. Malheureusement ce type de comportement et de propos extrêmement graves est vraiment préjudiciables aux agents visés. Mais ́les fautes sont totalement couvertes, protégées et banalisées par la hiérarchie à la Réunion...mieux vaut être assis avant qu’ on vous dise où ça se passe... Combien de victimes aujourd'hui de ces gros c... beaucoup trop protégés ?