Des journalistes insultĂ©s, molestĂ©s et interpellĂ©s par les forces de l'ordre. Depuis le dĂ©but du mouvement contestataire, les mobilisations des Gilets jaunes sont Ă©maillĂ©es par des incidents qui touchent la presse. MĂȘme si, admettons le, les mĂ©dias ne sont pas toujours irrĂ©prochables. La preuve, ce samedi 20 avril, Gaspard Glanz, un journaliste, fait un doigt d'honneur en direction des forces de l'ordre aprĂšs avoir reçu une grenade Ă ses pieds. En rĂ©ponse, il est placĂ© en garde Ă vue 48 heures et a interdiction de couvrir les manifestations des Gilets jaunes donc de travailler. Tout ça pour un doigt d'honneur... Ce genre de dĂ©rives qui alimente une haine " anti-flics " et amĂšne Ă des Ă©pisodes oĂč des Gilets jaunes appellent les forces de l'ordre Ă se suicider. Ces mĂȘmes forces de l'ordre dĂ©passĂ©es, remontĂ©es Ă©borgnent des manifestants. C'est l'escalade, quand cela-va-t'il s'arrĂȘter ?
Quand des journalistes ont interdiction de faire leur métier
Museler la presse, lâempĂȘcher de faire son travail, dâĂȘtre un contre-pouvoir, câest dĂ©jĂ un pas vers un Ătat de non-droit. En cinq mois, les attaques Ă lâencontre de journalistes se sont multipliĂ©es. BousculĂ©s, insultĂ©s, matraquĂ©s, frappĂ©s parfois interpellĂ©s et placĂ©s en garde Ă vue, leur seul tort : avoir voulu faire leur travail.
Le cas le plus rĂ©cent, câest celui de Gaspard Glanz, un doigt dâhonneur et le journaliste est foutu au cachot. Pour 24 heures au dĂ©part puis un magistrat a considĂ©rĂ© que vue lâinfraction, on pouvait bien ajouter 24 heures supplĂ©mentaires. Il est accusĂ© dâoutrage envers une personne dĂ©positaire de lâautoritĂ©. Et oui, on se le dit, faire un doigt dâhonneur aux forces de lâordre, ce nâest pas trĂšs malin mais remis dans le contexte - une grenade aurait explosĂ© Ă ses pieds - ce doigt dâhonneur rĂ©alisĂ© aprĂšs une belle frayeur justifie-tâil 48 heures de garde Ă vue ?
Ou est-ce le passif du journaliste qui dĂ©range ? Gaspard Glanz ne fait pas lâunanimitĂ©, certes, il nâa pas la carte de presse mais cela ne lâempĂȘche pas dâenquĂȘter. Lâun de ses sujets de prĂ©dilection, câest la police. Gaspard Glanz est celui qui a rĂ©vĂ©lĂ© les images des policiers grimĂ©s en journalistes lors dâune manifestation, il a aussi activement participĂ© Ă la rĂ©vĂ©lation de lâaffaire Benalla. Bref, Gaspad Glanz dĂ©range. Et Gaspard Glanz a Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă vue pour un doigt dâhonneur. Pas de raccourci mais des questionsâŠ
Si des zones dâombre demeurent dans le cas de Gaspard Glanz, pour dâautres journalistes, la situation est trĂšs claire. EmpĂȘchĂ©s de couvrir les manifestations aprĂšs que leur matĂ©riel ait Ă©tĂ© confisquĂ©, gravement blessĂ©s aprĂšs des tirs de lanceur de balle de dĂ©fense alors quâils Ă©taient parfaitement identifiables en tant que journaliste, matraquĂ©s, insultĂ©s, intimidĂ©s⊠La liste est longue, certains ont fini au poste, placĂ©s en garde Ă vue aprĂšs une interpellation musclĂ©e, dâautres non. Certains ont dĂ©posĂ© plainte, dâautres non. Cinq mois Ă©prouvants qui remettent en question la libertĂ© dâinformer et lâĂtat de droit.
La presse, loin d'ĂȘtre irrĂ©prochable
Mais ne soyons pas manichĂ©ens, des dĂ©rapages, des bavures, les mĂ©dias ont en aussi commis. Le plus rĂ©cent, celui de Cnews qui a illustrĂ© le week-end prĂ©sidentiel dâEmmanuel Macron au Touquet avec des images de lâan dernier. Une manipulation pour montrer la popularitĂ© du prĂ©sident ? Mais, est-ce vraiment pertinent ? Au Touquet, Jupiter est dans son fief, prise de risque zĂ©ro. Donc quelle est la finalitĂ© de cette manipulation grossiĂšre ? Un manque dâĂ©thique, de dĂ©ontologie, qui font mal Ă la profession quand la dĂ©fiance envers les mĂ©dias ne cesse de monter ces derniers mois.
Autre fait marquant, une pancarte " Macron dĂ©gage " tronquĂ©e sur un sujet de France 3. Quel est le message ? Les manifestants nâont pas le droit de dire ce quâils pensent ? Ou alors le prĂ©sident est intouchable, impossible de le critiquer. Une auto-censure qui lĂ encore fait du tort Ă la profession et donne lâimpression au tĂ©lĂ©spectateur, au lecteur, Ă lâauditeur, Ă lâinternaute dâĂȘtre pris pour un bourricot.
Puis il y a aussi le traitement de lâinformation, combien dâĂ©borgnĂ©s a-tâil fallu pour quâenfin, le sujet soit abordĂ© par les mĂ©dias traditionnels ? Pourquoi certaines chaĂźnes se sont entĂȘtĂ©es durant plusieurs mois Ă ne montrer le mouvement des Gilets jaunes quâĂ travers des images dâĂ©chauffourĂ©es, de violences urbaines, dâaffrontements entre forces de lâordre et manifestants mais rien quand tout se passait bien ? Oui, prenons notre part, certains mĂ©dias ont commis des erreurs.
En reprĂ©sailles, des journalistes pris pour cible par des manifestantsÂ
Ces erreurs ont entachĂ© la profession. La population a de moins en moins confiance en la presse. Qui pourtant, essaie, tant bien que mal, dâeffectuer ses missions, en premier lieu dâinformer.
En plus dâĂȘtre la cible des forces de lâordre, les mĂ©dias sont aussi devenus la cible de certains Gilets jaunes. TaxĂ©s dâĂȘtre Ă la botte du pouvoir, de modifier les messages des contestataires, de mentir, de cacher des informations voire mĂȘme de collusion avec le pouvoir⊠Les mĂ©dias sont devenus la cause de tous les maux. Mais est-ce bien rĂ©aliste ? Certains mĂ©dias ont failli mais jeter lâopprobre sur toute une profession, qui plus est sur cette libertĂ© dâinformer quâexercent les journalistes Ă chaque fois quâils couvrent un sujet, câest, comme nous lâĂ©crivions plus haut, renier lâĂtat de droit et le droit Ă lâinformation.
Tout comme bafouer le droit des citoyens français Ă manifester. Tout comme cette justice Ă deux vitesses, des manifestants qui passent en comparution immĂ©diate quand des membres des forces de lâordre auteurs ne sont pas inquiĂ©tĂ©s. Oui, il y a eu des enquĂȘtes ouvertes mais vu le nombre dâĂ©borgnĂ©s, combien de gendarmes, policiers croupissent en prison ?
La faute Ă qui ?Â
La mobilisation des Gilets jaunes est inĂ©dite et casse les codes. Elle remet en cause tout un systĂšme. Mais ce ne sont pas les mĂ©dias qui ont pouvoir dâarrĂȘter cette crise. Ce ne sont pas les mĂ©dias qui ont le pouvoir de dĂ©cision. La libertĂ© de la presse doit perdurer. NâempĂȘchons pas les journalistes de faire leur travail. '
On nous vend une image dâĂpinal de cette France oĂč les droits de lâHomme, les droits fondamentaux sont respectĂ©s. Mais Ă partir du moment oĂč des journalistes nâont plus le droit de faire leur travail, que des manifestants sont Ă©borgnĂ©s, des policiers sont appelĂ©s Ă se suicider, câest lâescalade, et aujourdâhui, on peut dire une chose : on ne se reconnaĂźt pas dans cette France.
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fh/www.ipreunion.com

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