Habitat

La CNL fait le point sur les inquiétudes à venir en matière de logement social

  • Publié le 8 janvier 2023 à 18:30
  • Actualisé le 8 janvier 2023 à 19:19
Erick Fontaine

Ce dimanche 8 janvier 2023, la confédération nationale du logement (CNL) a organisé une conférence de presse. Elle a ainsi mis en lumière les problématiques en matière de logement social qui pourraient bien perdurer à l’avenir si rien n’est fait et ainsi représenter un véritable danger pour les actuels et futurs locataires. (Photo photo RB imazpress)

Voici, plus précisément, des problèmes que pointent du doigt (à nouveau) la CNL ce jour : la baisse « très » importante dans la livraison des logements sociaux, la qualité des logements neufs, les résidences pour personnes âgées et le manque de performance énergétique. Ainsi, comme le soutient Erick Fontaine, la confédération nationale du logement fait part de son inquiétude pour les années à venir. Selon lui « malgré tous les plans que l’Etat a mis en place avec notamment le plan logement Outre-mer, il y avait un certain nombre d’engagements qui ont été sûrement tenu, mais sur des proportions très faibles par rapport à la réalité et aux besoins ».

- Des livraisons de logement en baisse –

Au sujet de la baisse des livraisons des logements sociaux à la Réunion, la CNL explique qu'entre 2014 et 2020, il y a eu 5 % de logements en moins livrés. D’après ses chiffres, en 2014 : 3.386 logements sociaux ont été livrés, en 2019 : 1.918 logements, en 2020 : 1600, et en 2021 : 2100-2200. «Nous sommes en dégringolade sur la livraison », ne peut que déplorer Erick Fontaine, administrateur de la CNL. Actuellement, il y a 39.000 demandes de logements sociaux à La Réunion et selon l’administrateur, nous pourrions atteindre les 43.000 à la fin de l’année, comme « la demande de logement progresse de 9% tous les ans ». Lorsque que l’on livre moins de logements, on en attribue donc moins ; c’est ce qui explique donc ce chiffre.

« Parmi les publics sévèrement impactés, on a des salariés qui sont en train de devenir des exclus de cette société. Ceux qui touchent 1.500 euros par mois par exemple, ils veulent aller chercher un logement dans le social mais ils n’y arrivent pas. Ils se dirigent alors vers le privé, mais ce n’est finalement pas possible. Si vous rentrez dans un logement à 800 euros de loyer, comment voulez-vous qu’un salarié au SMIC puisse avoir un logement privé ? Ils n'ont pas assez d'argent, donc il reste chez leur parent et on va se retrouver avec des logements en sur occupation », indique Erick Fontaine. « Cela conduit alors à des situations compliquées. Ça se ressent déjà... »

- Des « résidences autonomies » pour nos gramounes -

La CNL alerte par la même occasion sur la situation des logements pour les futurs et jeunes retraités, qui aujourd’hui ne figurent pas pour le moment comme demandeur de logement. « Ils sont logés dans le privé, ils ont un salaire sûrement très convenable ou alors ils sont propriétaires. Mais au moment de la retraite, ils vont toucher 1.000 euros et ne pourront pas forcément faire face au loyer qu’ils ont actuellement dans le privé ». Il avertit qu’au fil des années, le chiffre autour de ce public, demandeur de logement, va exploser, "mais on n'a aucune idée, sur le niveau de l’explosion. D’après l’Insee, en 2050, on aura 240.000 personnes âgées de plus de 60 ans à la Réunion, ce qui représente 26 % de la population réunionnaise. Les plus de 75 ans passeront eux de 40.000 à 124.000 ». S’il n’y a pour le moment aucune certitude sur les retombées concernant les demandes de logements sociaux, il s’interroge sur comment ces personnes là vont réagir dans les années à venir. « Ca n’a jamais été anticipé par personne cette situation ». D’après les chiffres communiqués par la CNL, en 2018, il y avait alors 2.900 demandes de logements pour personnes âgées. Selon les prévisions, en 2025, on serait à 6.300, et là « il n’y a pas la maîtrise des chiffres des futurs retraités qui vont quitter le privé en masse ni les propriétaires qui vont essayer de vendre leur logement pour aller ailleurs ».

Il a été demandé auprès du ministre du logement, la mise en place de « résidences autonomies ». Ce sont des ensembles de logements pour les personnes âgées associés à des services collectifs, souvent construites à proximité des commerces, des transports et des services, définit sur son site le gouvernement. Ces logements existent déjà dans l’Hexagone. « Tout ça bénéficie de subventions de l’Etat, ça c’est une bonne nouvelle, puisque l’Etat l’a annoncé récemment pour La Réunion ; la résidence autonomie sera applicable chez nous dès 2024 » ajoute Erick Fontaine. Jusqu’à présent, selon la CNL « les bailleurs sociaux proposaient comme des résidences de personnes âgées, des logements sociaux traditionnels ». Si les bailleurs veulent pouvoir bénéficier de ce label, cela entraîne donc un certains nombres d’obligations à respecter dans la gestion des immeubles au quotidien, nous précise l’administrateur. Les subventions peuvent se faire dès 2024. Mais cela entraîne malgré tout quelques questionnements du côté de la confédération nationale du logement, face au manque d’anticipation des bailleurs. Pour l’année prochaine, « il faut qu’en 2023 on anticipe. C’est pourquoi nous avons mené une étude auprès de 150-200 personnes âgées ou de futurs retraités pour savoir comment ils veulent leur logement de demain".

- Performance énergétique -

A propos de la performance énergétique, Erick Fontaine estime qu’il serait important de s’y intéresser. Ainsi, selon lui, il serait bon de pouvoir poser, par exemple, des panneaux solaires sur le toit des parkings que proposent certaines résidences sur l’île. « Ca permettrait au bailleur social de générer de l’électricité dans les parties communes, mais également dans les logements », explique-t-il. D'après lui, il n’y aurait pas des problèmes de budget pour pouvoir le faire. « Il y a des financements européens qui existent. Sinon, il y a d’autres systèmes, comme par exemple c'est le cas dans l’Hexagone, qui permettent aux locataires de venir sur un financement participatif, avec un investissement des panneaux avec des taux d’intérêts de 2 à 3%. Ca fait économiser de l’argent aux locataires et on profite du soleil de La Réunion. Et les bailleurs sociaux deviendraient les premiers fournisseurs d’énergie solaire à La Réunion. Et ils seraient gagnants », prône Erick Fontaine. La récupération d’eau pluviale serait également un bon atout toujours dans l’optique de performance énergétique.

- Dégradation de la qualité des logements –

La CNL recense par ailleurs 76 immeubles de moins de 10 ans qui présentent des signes d’indécences à la Réunion, actuellement. « Ce chiffre ne cesse de progresser de semaine en semaine », interpelle Erick Fontaine. Certaines habitations ont ainsi fait l’objet de déclaration pour logement indécent. Ce que demande la CNL c’est que « l’on éradique définitivement ces immeubles indécents à La Réunion. On ne peut pas continuer à vivre ainsi, car il y a des conséquences sur la santé, la sécurité des locataires voire même l’éducation des enfants. Ce n’est pas tenable, de présenter ça ». Selon Erick Fontaine, il faut une prise de conscience, il en appelle ainsi à l’Etat pour que les choses évoluent mais dans le bon sens. « On parle du BTP quand même parce que c’est eux qui construisent les immeubles. Il faut qu’à un moment donné, on rende des comptes. On ne peut pas continuer de produire des immeubles et se dire que maintenant c’est bon on fait avec. C’est à l’Etat de poser la question : comment se fait-il que ces logements aujourd’hui soient indécents », estime l’administrateur de la CNL. Ce dernier affirme qu’ « on demandera une commission d’enquête sur ce sujet ». Il prévoit également de solliciter un rendez-vous au plus vite auprès du ministre des Outre-mer et celui du logement. "On ira avec des preuves", comme par exemple "les 800 déclarations de logements indécents de cette année", "je pense que tant que ce problème n’éclate pas au niveau national ça ne bougera pas", conclut Erick Fontaine. Pour accompagner cette demande, l’administrateur compte également demander l’appui d’artistes, de personnalités et d’élus du parlement.

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