Le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) a récemment présenté un rapport relatif à la situation des populations dans les départements et régions d'Outre-mer, portant sur les réalités sociales et politiques qui y sont menées, tout en émettant des propositions d'amélioration pour ces territoires. Il est notamment question de l'état des lieux formalisé par ce rapport concernant la situation générale de la démographie en Outre-mer, et tout particulièrement à La Réunion. (Photo rb/www.ipreunion.com)
- Des situations démographiques très contrastées -
Le HCFEA note en tout premier lieu " des situations démographiques très contrastées ", soulignant " l’extrême différence des contextes démographiques " entre les cinq territoires étudiés, à savoir La Réunion, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et Mayotte.
On y apprend ainsi que les Antilles connaissent une décroissance et un vieillissement rapide de leur population. A l’inverse, Mayotte et la Guyane ont une démographie dynamique boostée par une forte fécondité et une immigration importante (près d’un habitant de Mayotte sur deux et plus d’un habitant de la Guyane sur trois est étranger).
La Réunion, quant à elle, se trouve dans un positionnement intermédiaire avec une fécondité encore dynamique mais aussi une population qui vieillit en raison d’un solde migratoire négatif.
Dans les détails, on y apprend ainsi que la fécondité à La Réunion s’est rapprochée de celle de Métropole depuis les années 80. Concernant le vieillissement de la population, il est réel au regard des chiffres comparant les années 90 et 2017. En effet, en 1990, la part des 65 ans et plus représentait 5,8% de la population réunionnaise. 27 ans après, elle a quasiment doublé pour représenter 11,1% de la population.
Le rapport se penche également sur la question des grosses précoces, plus fréquentes en Métropole malgré " une relative décroissance de leur nombre depuis 10 ans ". Sur ce champ, la Guyane détient le record avec une grossesse sur 10 étant précoce, devant Mayotte 8,5% des grossesses sont précoces. A La Réunion, 4,9% des grossesses relèvent d’une grossesse précoce en 2019 contre 8,3% en 2010.
- Des flux migratoires différents selon les territoires -
Le rapport évoque également la question des flux migratoire, à la fois vers la Métropole, mais aussi vers les territoires ultramarins. Là encore, on peut obsérver une diversité des situations en fonction des territoires.
Ainsi, la Martinique et la Guadeloupe subissent un " départ massif " des jeunes de 15 à 30 ans, principalement vers la Métropole " à la recherche d’un emploi ou pour suivre une formation ", expliquant de fait la dynamique de vieillissement et de décroissance de la population.
A contrario, la Guyane et Mayotte enregistrent une forte immigration, notamment d’adultes entre 20 et 40 ans, accompagnés de jeunes enfants en provenance pour l’essentiel de pays tiers : Comores, Madagascar et Afrique des grands lacs pour Mayotte ; Surinam, Brésil et Haïti pour la Guyane.
Là encore, La Réunion se situe dans une situation intermédiaire avec d’un côté le départ de nombreux jeunes de 15 et 30 ans même si cela est sans commune mesure avec la tendance antillaise, et d’autre part une arrivée de jeunes adultes (entre 20 et 40 ans), en majorité immigrés et accompagnés de jeunes enfants.
- Un modèle particulier de monoparentalité dans les outre-mer -
Le rapport s’attarde également sur les caractéristiques des familles ultramarines. On y apprend que, comme en Métropole, plus d’un tiers des ménages sont composées de personnes seules en Martinique (37,1%) et en Guadeloupe (35,7%). Cette proportion est plus faible à La Réunion (27,8%) et en Guyane (24,1%). Mayotte se distingue pour sa part par un très faible nombre de ménages d’une personne (13,9%).
En ce qui concerne les familles nombreuses, Mayotte et la Guyane montent logiquement en haut du podium, puisque ce sont les territoires où la fécondité est la plus dynamique. Les Outre-mer se distinguent surtout par une proportion nettement plus élevée de familles monoparentales qu’en Métropole. " Dans chacun des territoires, près d’un ménage sur quatre est composé d’une famille principale monoparentale, alors que c’est le cas de moins d’un sur dix en Métropole " relate le rapport.
L’analyse est même poussée plus loin en relevant une présence moins forte des pères, notamment aux Antilles et en Guyane même si à La Réunion ce ratio reste élevé (1 enfant sur 4 n’est pas reconnu par son père à la naissance).
Les rédacteurs de ce rapport voient dans cette situation " un modèle particulier de monoparentalité " en Outre-mer, " tirant sa source d’une maternité de femmes seules sans conjoint durable, plutôt que de ruptures d’unions comme on le rencontre principalement ". " Dans ces territoires ultramarins, la monoparentalité est souvent une manière de faire famille comme une autre, et non une situation transitoire ", peut-on lire encore.
Il est question de " monoparentalité matrilinéaire voire matrifocal " qui serait plus fréquente, selon l’étude, " dans les milieux défavorisés où les femmes, souvent elles-mêmes issues d’une famille monoparentale, deviennent mères très jeunes, sont peu diplômées, et vivent dans la précarité. Les rôles parentaux sont alors fortement genrés, la mère étant dévolue à l’entretien et l’éducation des enfants, celui du père se limitant, lorsqu’il en a les moyens, à subvenir financièrement à leurs besoins matériels, sans participer à l’éducation des enfants, qu’il n’a généralement pas reconnus ", détaille l’étude.
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fécondité dynamique, une façon de dire catastrophique'