Distribution de protections périodiques et sensibilisation

Saint-Pierre : la commune s'engage dans la lutte contre la précarité menstruelle

  • Publié le 25 octobre 2022 à 11:59
  • Actualisé le 28 octobre 2022 à 10:47
protection hygiénique

Mardi 25 octobre 2022, la ville de Saint-Pierre organise une matinée dédiée à la lutte contre la précarité menstruelle. La municipalité est la première collectivité locale à mener cette action de solidarité durant laquelle des animations autour des règles ainsi qu’une distribution de kits menstruels auront lieu. Si les règles et plus particulièrement la précarité menstruelle ont fait leur entrée dans les débats, c’est bien parce qu’avoir ses règles a un coût et que toutes n’y ont pas forcément accès. D’après le ministère de l’enseignement de la recherche supérieure, environ 1.7 millions de femmes n’auraient pas les moyens de se procurer régulièrement des protections périodiques.

On le sait, avoir ses règles a un coût. Une enquête menée par la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) révèle même qu’un tiers des étudiantes ont déclaré avoir besoin d’une aide financière pour s’en procurer. D’ailleurs, on estime qu’au cours d’une vie, on dépenserait en moyenne 1.167,60 euros en achetant des serviettes d’entrée de gamme. Un prix évoluant en fonction du type de protection mais aussi du flux de chaque femme.

"On se rend compte que les femmes ne viennent pas au CCAS pour en parler, c'est un sujet qui reste tabou. C'est quand on parle aux femmes que la parole se libère, c'est pour cela que la sensibilisation est importante" explique Naïma Affejee, en charge du projet au Ccas de Saint-Pierre. Regardez :

https://www.youtube.com/watch?v=n9RtBQQd3v4

La distribution de kit est possible à tout moment au CCAS, ils sont disponibles dès qu’une femme en fait la demande. Un kit est composé de deux paquets de serviettes ainsi qu'une protection alternative (culottes lavables, cup, serviettes réutilisables..). "Nous nous sommes rendus compte que beaucoup de femmes n'avaient pas accès à ce droit. Financièrement, nous avons des familles en difficultés, et les femmes n'ont pas forcément les moyens d'acheter des serviettes hygiéniques" explique Rouvrais Simone, vice-présidente du CCAS de Saint-Pierre :

https://www.youtube.com/watch?v=-QRnl5cWT_s

L'association Endo Espoir, qui accompagne les femmes touchées par l'endométriose, est partenaire de l'événement. "L'endométriose engendre de l'absence au travail, des handicaps invisibles, qui font que les femmes se retrouvent en précarité sociale, et menstruelle notamment" détaille Goenaelle Desprairies, vice- présidente de l'association Endo Espoir Océan Indien. "Il faut savoir que quand on a de l'endométriose, on a des règles abondantes et qu'on utilise les protections hygiéniques en très grand nombre" ajoute-t-elle, regardez :

https://www.youtube.com/watch?v=9iyqx68vi00

`Parce que l’accès aux protections menstruelles est un enjeu de santé, de solidarité mais aussi d’égalité des chances, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur, Frédéric Vidal, a annoncé en février 2019, la mise en place de 1.500 distributeurs de protections dans les résidences du Crous et des services de santé étudiantes.

A La Réunion, la Région a déployé un dispositif de lutte contre la précarité menstruelle chez les lycéennes : des distributeurs de protections hygiéniques ont été installés dans des espaces réservés au public féminin ainsi que dans les internats.

-Des protections moins polluantes et plus confortables-

Qui dit précarité menstruelle, dit lancement d’un nouveau marché. Celui de la protection périodique moins polluante, économique et “intimement” confortable. On retrouve en tête de liste les culottes menstruelles, les cups – ou coupes menstruelles – ou encore les serviettes en coton réutilisables.

Keziah, 24 ans est passée à la cup menstruelle depuis quatre ans maintenant. “J’ai toujours été mal à l’aise avec les serviettes hygiéniques et les tampons ça ne m’inspirait pas confiance en termes de retrait”, explique-t-elle. “Au final, dans tout ça, en plus d’avoir des grattements, j’avais l’impression de porter une couche”, raconte-t-elle en riant. Après avoir entendu parler d’un reportage sur les composants cancérigènes que l’on retrouve dans les serviettes hygiéniques, la jeune femme décide d’adopter un nouveau mode de protection : la cup menstruelle.

Si la composition des protections a été sa première motivation, Keziah explique s’être vite rendue compte “de l’impact sur l’environnement” car “ma cup est réutilisable pendant minimum 5 ans”, explique-t-elle. “Côté planète, ça fait moins de déchets, ce qui n’est pas négligeable non plus”, souligne-t-elle. A cela, elle ajoute que changer de mode de protection lui a permis de faire des économies. “Je l’achète une fois, puis je la stérilise avant et en fin de cycle pour pouvoir la réutiliser au cycle suivant”, assure cette dernière.

Autre point positif de cet objet en silicone : la possibilité de faire tout ce qu’elle veut “sans gêne”. “La cup, je ne la sens pas, il n’y a pas d’odeur, pas de sensation “d’inondations” dès que l’on passe debout non plus”, détaille-t-elle en rigolant. Si la coupe menstruelle possède beaucoup d’avantages, Keziah note tout de même qu’ “il faut être à l’aise avec son corps pour la poser et la retirer”.

La jeune femme tient tout de même à rassurer celles qui seraient tenter de passer le cap : “la pratique permet de la poser et de la retirer rapidement sans en mettre partout”. Adepte de la cup, elle utilise aussi des culottes menstruelles. “Ça me permet d’être plus à l’aise en début et en fin de cycle par rapport à mon flux”, confie-t-elle. “En plus d’être jolies et féminines, ça permet d’éviter les petits désagréments intimes”, assure Keziah.

Christine, 23 ans utilise des serviettes hygiéniques mais envisage de se tourner vers des culottes menstruelles et des serviettes en coton réutilisables. Comme Keziah, “la toxicité de ces protections m’inquiète de plus en plus”, confie-t-elle. “Surtout que je suis sujette à des infections urinaires et autres problèmes gynécologiques”, ajoute-t-elle. S’il est vrai que ces culottes menstruelles ont “un coût un peu élevé à l’achat”, cette dernière estime que “c’est très vite amorti comparé au prix des serviettes chaque mois”.

Une chose est certaine, "la variété de protections périodiques est une chance", estime Marie Jeanne Gigan, 61 ans. "A mon époque, on avait des serviettes en tissu éponge qu'on lavait à chaque fois", raconte-t-elle. "Ça n'était pas discret du tout et pas confortable non plus", souligne l'agente du CCAS. "Aujourd'hui, les femmes ont la possibilité du choix et ce n'est plus un sujet aussi tabou qu'autrefois", indique-t-elle. "On sait ce que ce sont les règles et tout ce qu'il y a autour de ça, c'est une belle avancée", d'après elle.

-Comment choisir sa protection ? –

• La culotte menstruelle

Pour choisir sa culotte menstruelle, il vous suffit de choisir les mensurations vous convenant en fonction du flux et de l’absorption de la culotte. Il existe différents modèles pour différents flux pouvant aller jusqu’à 12 heures et jusqu’à 4 tampons en terme d’absorption.

• La cup menstruelle

Petit récipient en forme d’entonnoir, la coupe menstruelle est une alternative aux protections comme les tampons ou les serviettes hygièniques. Lorsque l’on décide d’en acheter une menstruelle, la question de la taille de cette dernière tombe.

Un flux menstruel abondant ne justifie pas à lui seul le choix de la grande taille. Les marques conseillent habituellement la plus petite taille de cup à une adolescente avec flux léger ou abondant ; une femme avec flux léger à abondant, n’ayant pas accouché par voie vaginale. La plus grande taille de cup est conseillée à une adolescente ou femme avec flux très abondant ; une femme ayant accouché par voie vaginale ou une femme corpulente.

-Comment stériliser une coupe menstruelle ? –

Première possibilité : utiliser une boite de stérilisation. Placer la coupe menstruelle tête en haut et la tige vers le bas dans la boîte en l’immergeant dans l’eau. Le couvercle doit rester ouvert, en le plaçant de façon perpendiculaire sur la boite par rapport à la position habituelle de fermeture. Placer au micro-ondes pendant 3 minutes à 700 watts. Sortir la boite de stérilisation du micro-ondes et laisser sécher la coupe à l’intérieur de la boîte, dans la position inverse. Prenez soin de ne pas vous brûler en la retirant.

Autre possibilité : la stérilisation dans l’eau bouillante. Pour cela, faites bouillir un litre d’eau, plongez votre coupe menstruelle, préalablement nettoyée, dans l’eau bouillante et assurez-vous qu’elle reste immergée, laissez bouillir pendant 5 à 7 minutes et retirez-la de l’eau et laissez refroidir avant de l’utiliser.

Pour rappel, la cup doit toujours être vidée toutes les 8 heures maximum, même si elle est peu remplie pour éviter le syndrome du choc toxique, syndrome existant aussi avec les tampons périodiques.

Cette affection rare mais très grave est provoqué par des toxines d’origine bactériennes (staphylocoque doré) se trouvant habituellement sur la peau et le nez. Les symptômes d’un choc toxique sont les suivants : fièvres soudaine (39° ou plus) nausées, vomissements, étourdissements et/ou évanouissements,douleurs musculaires, mal de gorge, éruption cutanée semblable à un coup de soleil.

Seuls quelques-uns de ces signes peuvent se présenter. S’il n’est pas soigné, il peut provoquer une affection grave ayant des conséquences mortelles. A l’apparition de l’un de ces signes, retirez immédiatement votre protection et consultez votre médecin, à qui il faudra mentionner que vous avez utilisé une coupe ou un tampon.

mp/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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