Le mois des visibilités LGBTQIA+ s'est clôturé ce samedi 24 juin à La Réunion, après plusieurs semaines d'événements variés. L'occasion pour certain.es de découvrir le "drag", un art qui consiste à performer une version exagérée de la féminité – ou de la masculinité. Ces workshops ont été animés par Shei Tan et Cocktail Cigarette, deux drags-queens réunionnaises revenues dans l'île pour transmettre et partager les ficelles de cet art resté longtemps méconnu du grand public.
- Un art qui s'installe doucement dans l'île -
À La Réunion, le drag commence à peine à se frayer un chemin sur le devant de la scène. C'est dans l'Hexagone que Shei Tan et Cocktail Cigarette ont d'ailleurs fait leurs armes. "Le drag a commencé à émerger avec les premiers événements organisés par requeer, mais moi j'ai commencé vers 2014. Je suis partie de La Réunion en 2012, car il n'y avait rien ici qui me rattachait à l'île en termes d'expression de qui je suis, c'était évident de partir et de trouver cette communauté à Paris", se rappelle Shei Tan.
"J'ai commencé il y a deux ans, mais j'ai toujours regardé ça de loin. Même enfant j'aimais les sketchs que je pouvais voir à la télévision avec les humoristes qui se grimaient en femme pour se moquer des stéréotypes" confie de son côté Cocktail Cigarette. "C'est ensuite l'émission RuPAul's Drag Race (qui a désormais une version française ; ndlr) qui m'a introduite au drag, dans lequel je me suis lancé avec les encouragements et l'appui de Shei Tan" ajoute-t-elle.
Longtemps circonscrits à "des lieux bien particuliers", avec un "public bien particulier", les shows de drag commencent à arriver doucement dans les lieux festifs. Dernièrement, c'est à Saint-Denis que le public a pu (re)découvrir cet art, sous l'impulsion de Bayonettta.
Arrivée en janvier à La Réunion, elle a créé la "house of Esperanza", qui regroupe plusieurs drag queens mais aussi drag kings – la version masculine. "La première fois que je me suis maquillée, j'étais en 5ème et c'était Halloween. J'avais acheté une perruque, piqué des talons à ma mère, ma meilleure amie m'a appris à marcher avec. Et la liberté que j'ai ressentie, ça a lancé le truc, même si je n'y connaissais rien" se rappelle-t-elle. Désormais, l'objectif est de multiplier – et démocratiser – ces spectacles un peu partout dans l'île.
"Voir que les gens commencent à s'intéresser au drag, qui comprennent que cet art n'est pas réservé aux personnes blanches, ça m'encourage dans ma démarche de donner de mon temps et de mes connaissances pour ma communauté" dit Shei Tan. "On a la chance d'être sur un territoire qui n'a pas les mêmes paramètres que l'Hexagone, donc on peut aussi se permettre de mettre notre propre culture dans nos performances. Il y a tout à faire et c'est excitant" ajoute-t-elle.
"Quand je regarde dix ans en arrière, où on se cachait, ça fait forcément plaisir de voir l'évolution. La communauté est en train de prendre de la place, c'est quelque chose que nous n'avions pas à l'époque" se rappelle Cocktail Cigarette.
- Une histoire d'art et de revendications -
Entre art et revendications, le drag puise ses racines dans l'histoire même du théâtre. "C'est un art qui a toujours existé, il a simplement évolué au fil du temps" note Shei Tan. "Il est inscrit dans la misogynie, car il faut rappeler que pendant longtemps les femmes étaient interdites sur les scènes de théâtre, les hommes se grimaient pour performer des rôles féminins" détaille-t-elle. Une pratique que l'on peut retrouver dès l'antiquité.
L'origine du mot "drag" reste sujette à discussion. Si pour certains cela aurait un lien avec le théâtre shakespearien où les robes des hommes traînaient – "drag" en anglais - au sol, d'autres estiment que l'appellation a été inventée par William Drosey Swann. "C'était un ancien esclave noir américain, qui s'est qualifié pour la première fois de "queen of drag" dans les années 1860, pour se rebeller et s'exprimer" explique Shei Tan.
Militant pour les droits des personnes LGBTQIA+, William Drosey Swann organise à la fin du 19ème siècle des bals clandestins où les hommes peuvent s'essayer au drag, ce qui le conduira en prison pendant dix mois. Il tente alors de faire reconnaître ses droits auprès du président, qui rejette sa demande. Il s'agit alors du premier acte de militantisme LGBTQIA+ recensé aux Etats-Unis.
S'il s'agit du premier exemple archivé, la pratique a continué dans une moindre mesure dans les décennies qui ont suivi, avant de connaître un boom dans les années 60. "Il faut savoir que dans le milieu du drag de l'époque, il y avait beaucoup de racisme et de classisme. Les compétitions étaient organisées comme des concours de beauté, où les personnes racisées ne gagnaient que rarement. C'est Crystal Labeija, une drag queen noire, qui a lancé son propre système de concours" raconte Shei Tan.
C'est en lançant ces concours que la culture ballroom voit le jour. "Elle avait ses propres codes, ses propres catégories, et surtout elle était ouverte aux personnes racisées, qui étaient en minorité dans le milieu du drag".
- Un moyen de revendiquer mais aussi s'émanciper -
Le drag, bien qu'il soit divertissant, est aussi – et peut-être avant tout – politique. De William Drosey Swann à aujourd'hui, le milieu porte toujours des revendications d'émancipation et de lutte pour l'égalité.
"On a qualifié mon drag de politique malgré moi, même si aujourd'hui je le porte fièrement. Quand j'ai commencé je voulais simplement faire de l'art. Au fil du temps, on se rend compte qu'être une personne racisée dans ce milieu a son importance et son impact, surtout que beaucoup pensent que le drag est un art majoritairement blanc. C'est faux, si on regarde dans les archives, ce sont généralement les personnes racisées qui ont fait en sorte de faire avancer les choses et de s'exprimer librement. Je pense que quand les communautés sont oppressées elles sont plus aptes à essayer de trouver des moyens de trouver une échappatoire" estime Shei Tan.
"Pour moi, le drag c'est briser les chaînes qu'on a eu dans notre éducation, chez nous comme dans la société de tous les jours" estime Bayonnettta. "C'est l'accomplissement de soi-même, je ne suis jamais autant moi-même qu'en drag, parce qu'il n'y a plus rien que me retient, c'est une sorte de libération" confie-t-elle. "J'aime le drag sous toutes ses formes, je dis toujours qu'il y a autant de drags que de personnalités."
- Les attaques contre les drag queens se multiplient -
Depuis quelque temps, les drag queens sont la cible d'attaques de la part de politiciens et groupuscules d'extrême-droite, aux Etats-Unis notamment. Plusieurs états ont banni les spectacles de drag, spécialement lorsque des mineurs sont présents, accusant les performeuses d'exposer les enfants à des spectacles indécents. Un atelier a par exemple récemment été la cible d'un groupe néonazi dans le New Hampshire.
En France, un atelier de lecture animé par des drag queens a aussi été la cible de manifestants d'extrême-droite. Ils ont tenté de perturber l'activité, fumigènes à la main, avant d'être délogés par la gendarmerie.
"Il faut garder en tête que nous adaptons nos performances au public que l'on reçoit. On ne va absolument pas présenter le même show dans un bar interdit aux mineurs et dans une bibliothèque où l'on anime un atelier de lecture pour les enfants" rappelle Shei Tan. "Ces ateliers, c'est pour montrer aux enfants que tout le monde est pareil et mérite le respect. Je ne comprends pas l'intolérance des gens par rapport à ça, sachant qu'il n'est pas nécessaire de faire partie de la communauté LGBTQIA+ pour apprécier cet art" ajoute-t-elle.
"C'est adapté à tout public, la performance et l'art représentés devant un public enfant ne seront pas du tout les mêmes que devant un public adulte, le lieu est aussi adapté en fonction des prestations" abonde Cocktail Cigarette.
"À part propager notre art et promouvoir la paix entre tout le monde, on ne fait rien de mal" sourit Bayonnettta. "On est dans une espèce de panique morale, que l'on peut voir aussi sur la question de la transidentité, c'est inquiétant et j'ai peur que les discours que l'on entend aux Etats-Unis arrivent en France aussi" s'inquiète-t-elle.
Toutes insistent sur l'aspect artistique de la démarche. "Les enfants y voient de la magie, des paillettes, il n'y a rien de sexuel ou sexualisant dans ce qu'on propose aux plus jeunes. Tout ce qu'on cherche, c'est répandre la tolérance."
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Je suis étonnée que les médias converge sur ce sujet de dragqueens. Dans le mouvement Lgbt il y avait au départ des homosexuelles féminine appelées lesbiennes, les gays et les bi sexuels. Les trans genres étaient encore très peu visible. Il semble que depuis une dizaines d 'années les drags, et transgenre prennent la vedette dans les mouvementd Lgbtqa+ . Dans les discours içi et ailleurs on ignore les femmes homos quo sont à la base du Mouvement de libération des femmes. Nous sommes des dinosaure dans les archives mais très avtives sur les réseaux sociaux. Et dans nos communautés.
Il existe une riche littératutes et plusieurs essais impossible de trouver dans nos pseudos librairies ou médiathèques Réunionnaises.