Il sera inhumé mardi au Port

Le flot d'hommages à Paul Vergès se poursuit

  • Publié le 14 novembre 2016 à 08:49

Les hommages continuent d'affluent en mémoire de Paul Vergès, fondateur du PCR et militant infatigable de la cause réunionnaise, décédé dans la nuit du 11 novembre au 12 novembre 2016 à l'âge de 91 ans.

• La Délégation sénatoriale à l’outre-mer présidée par Michel Magras (Les Républicains – Saint‑Barthélemy)

salue la mémoire de Paul VERGÈS (Communiste Républicain et Citoyen – La Réunion), son doyen, disparu samedi, qui avait mis son charisme au service d’une meilleure prise en compte des contraintes et des atouts de son territoire, La Réunion, mais, au-delà, au service de l’ensemble des outre‑mer. La délégation souligne notamment sa contribution éminente à la réflexion sur les grands enjeux actuels de l’évolution démographique et du dérèglement climatique, les outre-mer, territoires particulièrement exposés, constituant des sentinelles pour l’observation de ces phénomènes et, bien souvent, des précurseurs dans la recherche des solutions.

• Paul Béranger, leader du MMM, Chef de l'opposition, ancien Premier ministre de Maurice

" C'est avec une très vive peine et tristesse que le Mouvement militant mauricien et moi-même avons appris le décès de notre cher ami et camarade de lutte, Paul Vergès, durant la nuit de vendredi à samedi.

J'ai eu l'occasion de rendre un vibrant hommage à cet icône de la liberté et champion des plus démunis, dès samedi, lors d'une conférence de presse.

Sa disparition est une perte irremplaçable pas seulement pour La Réunion, mais pour toute la région et au delà. Ses prises de position en faveur de la liberté lui a valu des séjours en prison mais il est resté fidèle à ses principes que nous saluons bien vivement.

J'ai eu l'honneur et le privilège de le côtoyer régulièrement durant des décennies en vue de dégager des actions concertées pour notre région.Son décès représente une perte personnelle. Il m'a été d'un soutien indéfectible durant toutes mes années de militantisme pour mon pays.

Je m'incline humblement devant sa disparition et partage la douleur et la tristesse de ses proches et du PCR.

• Catherine Gaud, ancienne conseillère régionale

Paul,

Tu as traversé la vie, ta longue vie, ta riche vie, avec conviction, détermination, idéalisme, mais aussi avec calme, humour, malice, attention aux autres, humilité face aux plus humbles, respect. Et avec courage aussi, beaucoup de courage.

La vieillesse, l’approche de la mort ne t’avaient pas changé d’un iota : actif, lisant les journaux tous les jours, réfléchissant à l’avenir du monde et de notre île, retrouvant tes camarades pour de longs échanges, allant à des soirées et conservant, bien sûr, ce goût prononcé pour  la vie et les réunions de famille.

D’ailleurs, tu avais oublié d’être vieux. Ton corps, lui, avait vieilli, c’est vrai, mais ta tête, alors là, ta tête, pas du tout. Sur ton lit d’hôpital, tu évoquais encore des souvenirs lointains avec une précision de dates et de détails dont peu sont capables. Tu lisais les journaux et tu t’inquiétais, aux vues des nouvelles du monde de l’avenir des petits enfants d’aujourd’hui. Une inquiétude si forte et si sincère.

Tu as toujours su garder ta révolte, dire non quand il le fallait, non à l’injustice, non à l’oppression, non à la manipulation, non à la colonisation, non aux inégalités. Tu as su le dire et tu as su le vivre, mettant tes actions au service de tes convictions, t’engageant avec Jacques auprès des forces françaises libres, choisissant, au nom de la liberté de la presse, la clandestinité pendant vingt-huit mois loin de ta famille, allant en prison, en sortant, démissionnant de ton poste de député, te représentant ensuite à d’autres mandats, avec des défaites, avec des victoires, recevant des coups et des  pierres, dont l’une d’ailleurs marqua ton front à jamais, gravant ton engagement dans dans ta chair.

Tu as su rêver aussi. C’est très important de rêver, disais-tu. Cela permet de penser la politique, d’avoir de l’ambition pour l’avenir de son île et du monde. Rêver et puis faire vivre son rêve, le transformer en actes.
Et réfléchir. Être curieux de tout, du four portois, à l’énergie des mers, des recettes de cuisine (que tu faisais excellentes) à l’avenir de la démographie. Lire et lire encore pour apprendre, pour transposer, pour imaginer, pour décider, pour éclairer, pour maîtriser son sujet, pour montrer le chemin. " Bon là, je vais réfléchir " disais-tu et tu restais longtemps immobile, parfois accompagné d’un cigare.

Et ça, tu as su le faire, montrer le chemin ! Amener la Réunion vers son destin, avec bienveillance et détermination. Donner une autre lecture que celle du pouvoir en place, montrer le cap du destin de l’île, arracher cette fameuse égalité sociale.

Longtemps avant les autres tu avais compris l’importance de l’autonomie dans le destin de l’île, celui des changements climatiques, créant l’ONERC, celui de l’impact de la démographie. Mais tu étais un peu trop en avance et tu voyais un peu trop loin pour ceux dont la vision s’arrête aux échéances électorales et à leur propre destin. Tu as été moqué, critiqué, combattu. " Tu te rends compte " disais-tu " maintenant, ils sont tous d’accord ! " Et oui, des dizaines d’années plus tard,  tout le monde te dit visionnaire, y compris le Président de la République lui-même !

Tu as su défendre d’autres combats aussi. Celui pour l’égalité et le respect des femmes par exemple. Tu évoquais souvent l’abomination du viol, celui du maître sur l’esclave, comme celui de l’homme " moderne " sur sa femme. Tu t’es battu aux côtés des peuples opprimés, pour l’Afrique du sud et Mandela, pour le Mozambique au côté du Frelimo, pour l’indépendance de Madagascar et pour tant d’autres causes. Tu t’es battu pour la culture, l’identité, les transports, l’éducation, la langue créole et que sais-je encore.

Tu as tant combattu, sur tant de sujets,  que chaque Réunionnais et chaque Réunionnaise te doit, souvent sans le savoir,  une partie de l’amélioration de ses conditions d’existence.

Tu as su aimer aussi. Tendrement, attentivement, avec une infinie douceur. Ta femme d’abord, ta Laurence, elle-même si douce, si aimante, si courageuse, si militante. Elle était toujours à tes côtés et sans elle, tu n’aurais pas été toi. Vous vous donniez la main pour marcher, veillant l’un sur l’autre, jusqu’au bout de sa vie.
Et puis ta tribu, ta famille, les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants. Avec Laurence, vous avez fondé une véritable dynastie qui a essaimé partout dans le monde. Tu en étais fier, une des rares choses dont tu te ventais.
Et puis tes amis, tes camarades, auxquels tu étais toujours fidèle et attentif.
Et puis les autres, tous les autres.  Tu aimais, je crois, chaque Réunionnais et chaque Réunionnaise. Tu as marqué tous ceux qui ont eu la chance de t’approcher par la profondeur de ton raisonnement et l’amplitude de ta pensée. Les réseaux sociaux regorgent aujourd’hui de photos où on te voit à côté de l’un d’eux, de l’une d’elles.

Avec le temps, tu étais devenu une légende qui ne laissait personne indifférent. Tu regardais cela avec recul et ironie. Tu étais si simple dans ta vie. Tu vivais très modestement, n’ayant que très peu de goût pour les choses matérielles, sauf  bien sûr la nourriture, le bon vin et les cigares.

Tu es parti sur la pointe des pieds, un sourire malin aux lèvres, calme et lucide, rejoindre Laurence, Laurent, Jacques et les autres. Avec discrétion, comme tout ce qui t’étais personnel.

Tu aimais la vie et tu as su être vivant pleinement, intensément, intrépidement.  Tu as vécu noblement, librement, courageusement.
Comme tu le disais souvent, en évoquant ton père, on ne quitte pas le champ de bataille, tant qu’on est vivant. Le soir de ta mort, tu jetais encore un coup d’œil aux journaux de l’île.

Tu l’as quitté, ce champ de bataille. Mais tous ceux qui te rendent hommage aujourd’hui y sont encore. C’est à nous maintenant de prendre la suite, de te relayer, de dire non à l’inacceptable, de rester vigilants, engagés et courageux.
Lutter pour ses convictions, et ne pas renoncer, ce sera la meilleure façon de continuer à te montrer combien on t’aime.                      

• Olivier Bancoult, Président du Groupe Réfugiés Chagos

C’est avec une infime tristesse que j’ai appris la mort de mon ami Paul Vergès, et je souhaite aujourd’hui transmettre, au nom du Groupe Réfugiés Chagos et de toute la communauté chagossienne, mes plus sincères condoléances à ses proches et à tous ceux qui portent Paul Vergès dans leur cœur. Plus particulièrement, mes sentiments les plus marqués vont à Françoise, Pierre, nos camarades du PCR et nos camarades du Comité Solidarité Chagos Réunion.

Il est évident que Paul Vergès fut bien plus qu’un simple politicien pour La Réunion, il a fait de sa vie un engagement et aura marqué l’histoire de l’île. Ce que je retiens surtout, c’est qu’à travers ses combats acharnés pour l’autonomie de l’île, pour l’égalité sociale ou encore contre le changement climatique, il s’est toujours révélé comme un humaniste, courageux et visionnaire. Il a toujours su se placer du bon côté face aux grands défis qui ont émergés tout au long de sa carrière.

Maintenant qu’il nous quitte, je dois dire que nous sommes honorés que la cause chagossienne ait pu faire partie de ces grands combats. Avoir Paul Vergès à nos côtés dans notre lutte pour le respect de nos droits fondamentaux aura été un privilège et une grande source d’inspiration encore aujourd’hui. Il fut un vrai guide, presque un Papa qui nous a aidés dans nos premières batailles.

Je me souviens que durant son mandat de Président du Conseil Régional entre 1998 et 2010, il nous a invités ici, au Conseil Régional et nous a encouragés à donner une dimension internationale à la lutte chagossienne, à faire porter notre voix au plus grand nombre. Notre première conférence internationale s’est faite ici, à la ville du Port, à la Réunion, en 1989, et c’est aussi Paul Vergès qui fut le premier à encourager la création du Comité Solidarité Chagos La Réunion.

Son rôle auprès de la mairie du Port fut là aussi décisif pour nous, sous le majorat de Jean Yves Langenier et grâce à l’aide de Paul Vergès, nous avons pu signer une convention entre la ville du Port, de Port Louis et le Groupe Réfugiés Chagos.

La ville du Port est même physiquement marquée par la présence chagossienne grâce à la décision de nommer l’avenue principale de la ville du Port, Avenue Chagos. Je peux vous assurer que toutes ces petites et grandes avancées, tous ces gestes de soutien de la part de Paul Vergès et de vous tous ont apporté beaucoup de réconfort et surtout beaucoup de courage à mes frères et sœurs chagossiens.

Je peux également vous assurer que la nouvelle de sa disparition les a plongés dans un grand chagrin et qu’ils ont été très nombreux à me faire part de leur reconnaissance pour tout ce chemin parcouru ensemble.   

Au nom du peuple chagossien et du Groupe Réfugiés Chagos, merci pour tout Paul Vergès et repose en paix.
 

• Croire et oser

Dans le paysage politique réunionnais, Paul Vergès est inscrit et vécu comme une référence historique. Un artisan du militantisme qui aura marqué plusieurs générations par son charisme et son dévouement. Cité à maintes reprises par nos anciens, parents, ou grands-parents, il a incarné bien plus qu'un parti politique, il a été leader d'un phénomène de rassemblement du peuple réunionnais.

"Visionnaire" est le qualificatif qui lui a généralement été associé.

Visionnaire, pour avoir eu une lecture évolutive, d'une Histoire mondiale en marche, au rythme des populations, de leurs choix, de leurs errances, de leurs victoires. Notamment le partisan des opprimés, des colonisés, des victimes d'un impérialisme pernicieux et ravageur.

De la lutte post-départementalisation (après 1946), à la ligne idéologique anticolonialiste des années 1959, jusque la gestion des affaires publiques Réunionnaises, que retiendrons-nous, nous cette Jeunesse qui devons participer à l'édification d'une Réunion à venir?

Des idéaux "avortés" de l'autonomie, à la bataille pour l'intégration égalitariste avec le cadre Républicain hexagonal, nous nous souvenons principalement que l'Histoire ne s'est pas arrêtée. Que les injustices qui sévissent ici et maintenant sont encore à combattre avec ardeur, pour l'émancipation d'un Réunionnais(e) nouveau(-elle) debout, criant à la face de la planète, son originalité à être-au-monde.

Le mouvement du peuple Réunionnais conscient de lui-même et des conditions socio-historiques qui accouchent de son époque doit continuer son ascension afin d'honorer au mieux l'héritage du "Visionnaire Tito" (comme le nommaient ses compagnons d'armes).

Pour les membres de Croire et Oser, M.Vergès laisse en héritage sa force de caractère, son abnégation, et sa détermination dans les projets de développement pour La Réunion.

Tâchons d'être à la hauteur. Osons!

• Sabrina Ramin, conseillère départementale

Avec la disparition du Sénateur Paul Vergès, la Réunion a perdu un Grand Homme qui a marqué son histoire. Son parcours, ses combats et ses engagements ont fait de lui un personnage de premier plan, respectable et respecté aussi bien sur le plan local et national qu'à l'échelle mondiale. Aux membres de sa famille, à ses amis et proches, je présente mes sincères condoléances.
 

• Ivan Hoareau, CGTR

La CGTR adresse à toute la famille Vergès et  à tous ses proches, ses condoléances. Paul Vergès restera un acteur majeur de l’ histoire de La Réunion.

Combattant infatigable de la dignité réunionnaise, il a sans relâche œuvré à l'émancipation du peuple réunionnais sur les plans idéologique, économique, politique et culturel.

Homme politique d'envergure, visionnaire incontestable, il a su anticiper l'histoire et ses bouleversements géopolitiques. Militant anticolonialiste, il n'a pas hésité à payer de sa liberté sa solidarité avec le peuple algérien en lutte pour son indépendance.

Prônant la prise en compte de nos spécificité plutôt que l'assimilation de la Réunion dans la République Française, Paul Vergès s'est battu pour que L'Union Européenne appréhende mieux notre réalité domienne et rupéiste.

L'insertion de La Réunion dans son environnement régional a  été un de ses chevaux de bataille, conscient des réalités historiques et géographiques de notre île.

La CGTR a eu, tout au long de son histoire, l'occasion de rencontrer voire de travailler avec ce grand dirigeant qui a témoigné, au travers notamment du PCR, de sa solidarité avec les plus pauvres et les salariés.

Le souci de protéger les plus pauvres lui était constant. La Réunion, les Réunionnais lui doivent beaucoup. Les salariés aussi. Le PCR dont il était le plus illustre des fondateurs a participé aux  luttes sociales majeures des années trente à celles d'aujourd'hui.

La CGTR salue cette grande figure des causes émancipatrices.

 

• Daniel Moreau, président de l'Adir (Association pour le développement industriel de La Réunion)

Daniel Moreau et l’ensemble des administrateurs de l’ADIR tiennent à rendre hommage au sénateur Paul Vergès dont nous avons appris le décès. Infatigable défenseur de la production locale et de l’industrie réunionnaise, il a, au cours de chacun de ses mandats, agi en faveur d’un développement économique local, seul garant de créations d’emplois pérennes pour les réunionnais.

Défenseur à nos côtés de l’idée d’une industrie profondément ancrée à La Réunion, il a su mettre en œuvre les moyens de cette ambition en prenant à son compte des dossiers essentiels tant au niveau national qu’européen.

L’ADIR présente ses condoléances à sa famille, à ses proches, et s’associe à leur recueillement.

• Frédéric Miranville, Président de l’Université de La Réunion

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition de Paul Vergès. En avril dernier, à l’occasion du colloque pour le 70e anniversaire de la départementalisation organisé par l’Université de La Réunion, Paul Vergès y évoquait notre haut niveau de formation et de technologie et son rayonnement dans l’océan Indien.

Homme profondément engagé, pour La Réunion et son développement, il a aussi été un important soutien pour la Recherche et l’Innovation que porte notre Université. L’ensemble de la communauté universitaire s’associe à moi pour lui rendre hommage et présenter nos plus sincères condoléances à ses proches.

• Vanessa Miranville, Maire de la Possession

Paul Vergès est et demeurera une figure historique de toute la Réunion, qu’il a marquée de son empreinte.
Il s’est engagé, il s’est battu, sur de nombreux fronts :  de l’aménagement de la ville du Port à la Route des Tamarins , du droit à l’autodétermination de la Réunion à la lutte contre le réchauffement climatique avec l'ONERC.
Cet engagement, cette énergie, cette vaillance semblaient sans fin, mais Paul Vergès nous a quittés il y a quelques jours.

Le plus bel hommage que nous puissions lui rendre, c’est de donner suite à son engagement en faveur de la Réunion et des réunionnais, de construire  une Réunion encore plus autonome, encore plus solidaire, encore plus dynamique, encore plus durable, encore mieux insérée dans l'Océan Indien,  des directions dont il a tracé les grandes lignes.

Avec tout notre respect, avec  nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches

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