Du 6 au 8 février

Le président de la Mutualité Française à la rencontre des Réunionnais

  • Publié le 6 février 2023 à 09:36
  • Actualisé le 6 février 2023 à 15:10

Depuis ce lundi et jusqu'au mercredi 8 février 2023, le président de la Mutualité Française, Eric Chenut, est en visite à La Réunion. Une première pour lui en tant que président. Il vient se rendre compte des difficultés, des attentes, des acteurs sur le plan médico-social. C’est aussi l’occasion pour lui de faire le point sur la couverture mutuelle. (Photo : Mutualité Française)

Eric Chenut compte bien se pencher sur les attentes des représentants de la mutualité à la Réunion, du conseil régional et de l’ARS. Par ses échanges, il souhaite déterminer avec les acteurs locaux « si on peut faire plus, et comment. S’il y a des besoins d’action non couverts et sur lesquels on (ndlr la mutualité française) est légitime, et en capacité d’apporter des réponses ».  

Avant d’arriver à La Réunion, Eric Chenut s’était également rendu à Mayotte du jeudi 2 au samedi 4 février. Il s’est entretenu avec les dirigeants de l'Agence régionale de santé, de la caisse de sécurité sociale de Mayotte et de la mairie de Mamoudzou. Il a également rencontré des mutualistes.

- Les actions de la mutualité à l'échelle locale -

« Mon rôle est aussi de porter au plan national les besoins, les enjeux de La Réunion que ça soit en termes de santé publique, d’accès effectif aux soins, sur les grandes questions économiques et sociale, et la question des inégalités qui sont au cœur de nos réflexions », affirme-t-il.

Au cours de cette visite, Eric Chenut dit aussi qu'il souhaite également "voir comment se passe la transition démographique". Elle est "importante sur le territoire de la Réunion. Comment on accompagne mieux le maintien au domicile des personnes âgées compte tenu des perspectives d’évolution de la dépendance. Comment on prévient de la dépendance, comment on repère de manière précoce la vulnérabilité, comment on aide les aidants, c'est tout cela qu'il faut déterminer", énumère le président de la Mutualité Française.

« L’objectif finalement est de faire un état des lieux des questions économiques et sociales et puis d’échanger avec les acteurs » résume-t-il.

A La Réunion, la mutualité à La Réunion œuvre beaucoup dans le domaine de la santé publique « que ça soit sur le diabète, les maladies cardio-vasculaires, sur la promotion de l’activité physique et sportive ou encore l’alcoolisation fœtale » note Eric Chenut.

Pour rappel, selon l’ARS, près d’un Réunionnais sur 2 est en surcharge pondérale, et l’obésité concerne 16% de la population des 15 ans et plus. 76% des Réunionnais déclarent moins de 30 minutes de marche ou de vélo par jour et 14% de la population déclare n’avoir aucune activité physique.

Toujours selon les chiffres de l’ARS, à La Réunion plus d’un bébé sur 100 naît avec un trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale, ce qui représente environ 130 nouveau-nés chaque année.

Eric Chenut affirme par ailleurs qu’il "est important pour la Mutualité Française d’être présent sur l’offre de soins et sur l'accès aux soins sans reste à charge, en complémentarité de l’action publique".

- Des attentes déjà nombreuses -

Pour Eric Chenut, l'action de l’Etat, de l’Assurance maladie, des collectivités territoriales ou encore les employeurs," est essentielle pour agir sur les déterminants de santé, pour éviter la survenance d’un certain nombre de risques".

Pour mettre en place des mesures préventives, "il faut travailler ensemble et comprendre quelles sont les contraintes des uns et des autres afin de réduire les inégalités en santé", estime-t-il.

Parmi les points essentiels qu'il veut examiner, il y a notamment la question d’accompagnement des personnes couvertes par la complémentaire santé solidaire. La préoccupation est de « voir les besoins et leurs spécificités ».

Pour rappel, la complémentaire santé solidaire (CSS) a été mise en place à partir du 1er novembre 2019. Elle est née de la fusion entre la CMU-C et l’aide à la complémentaire santé (ACS). "Sous condition de ressources, la CSS permet de bénéficier d’une couverture santé complémentaire gratuite ou à moindre coût (maximum 30 euros par mois)", rappelle la Mutualité Française.

Le travail sur la question des inégalités tient également à cœur au président, et « ce sont des choses sur lesquelles on réfléchit beaucoup et on fait des propositions ».

Autre attente, autre problématique : les déserts médicaux et les délais de prise en charge qui se rallongent. « Il y a des personnes qui n’ont pas de médecins traitants alors qu’ils sont porteurs de pathologies chroniques" dit-il.

"On voit bien que si on ne change pas les modalités d’organisation, on n’y arrivera pas. On fait donc un certain nombre de propositions avec les acteurs pour faire évoluer cela, pour passer à des équipes de soins traitants où on associe des médecins et des paramédicaux", suggère-t-il. Le but est de "faire évoluer l’organisation du système de santé".

Eric Chenut souligne que la mutuelle a toujours un rôle important dans le système de santé d'aujourd'hui.

- A propos de la réforme des retraites et de ses conséquences sur le système de santé –

Au-delà d’expliquer les raisons et les attentes à travers sa visite, Eric Chenut estime qu'il y aura des conséquences négatives sur la santé des personnes avec la réforme des retraites. « Il nous semble que c’est un peu une occasion ratée de ne pas avoir réfléchi et travailler de manière consensuelle sur la question du rapport au travail avant d’engager cette réforme », affirme-t-il.

Selon lui, avant cette réforme il aurait été intéressant d’aborder la question des bonnes conditions de travail, de la carrière professionnelle aujourd’hui dans des filières, « quand on sait qu’il y a des conséquences physiques plus lourdes que les gens ne pourront pas assumer ces métiers durant 43 ans…», déplore-t-il.

Par ailleurs, « si on ne réfléchit pas au parcours de formation continue tout au long de sa vie professionnelle, aux reconversions dans le secteur privé, public, il assez illusoire d’imaginer, d’allonger de manière effective, le temps de travail. C’est tous ces sujets-là sur lesquels il nous semble nécessaire de réfléchir, de travailler pour trouver les bons compromis, pour l’ensemble de la population ».

Eric Chenut estime aussi qu’il y a un problème sur la répartition des efforts. Il faut une réforme soutenable, durable qui permet l’équilibre et ainsi « avoir confiance dans un système par répartition solidaire comme le nôtre. C’est essentiel. »

Selon lui, si la réforme est adoptée en l’état, il pourrait y avoir des augmentations des coûts pour les assurés, les entreprises, puisque les couvertures santé, les couvertures prévoyances* font partie des champs couverts par la protection sociale. « Il faut donc avoir un raisonnement global, et pas branche par branche ; on n’a pas une vision complète, une vision suffisamment fine » termine

ef/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

* Prévoyance : régime instauré dans l'entreprise ou au niveau d'une branche professionnelle et destiné à offrir aux salariés une couverture sociale complémentaire (décès, invalidité, maladie, etc.) venant s'ajouter à celle des régimes obligatoires de sécurité sociale (définition du Larousse) 

guest
0 Commentaires