Une soixantaine de chercheurs ont manifesté devant la préfecture ce jeudi 29 janvier 2004. Ils exprimaient leurs inquiétudes face à la réduction des crédits alloués par le ministère à l'ensemble de la profession
Des représentants de la SNES-up-FSU (syndicat national de l'enseignement supérieur), du CIRAD ( centre de coopération internationale en recherche agronomique), de l' Université de La Réunion, de l'INRA (institut national de recherche agronomique), de l'INSERM (institut national de la recherche et de la santé) et de l'IRD (institut de recherche pour le développement) se sont rassemblés dans les jardins de la préfecture.Les manifestants comptaient beaucoup sur la solidarité nationale car ils semblaient défaitistes quant à l'impact de leur action localement. "Le ministère agit en fonction du potentiel de nuisance que peut avoir un groupe. Comme nous ne sommes pas très nuisibles, nous n'attendons pas grand chose", regrette l'un des manifestants.
Les chercheurs réclament en premier lieu la réactivation crédits annulés depuis 2002. Frédéric Chiroleu, chercheur au CIRAD affirme que de nombreux projets sont bloqués à cause de ces restrictions et que "certains scientifiques en sont à remplir des formulaires, faute de moyens pour continuer leurs recherches".
Micro-bactériologiste au chômage
Selon Philippe Laurent, micro-bactériologiste au chômage, la situation des chercheurs est par ailleurs trop précaire. Titulaire d'une thèse et d'un post doctorat, il enchaîne les petits contrats. Il met en garde contre les conséquences, directes et indirectes d'un tel manque. "Former un chercheur coûte cher, s'il ne trouve pas de travail au bout de dix ans de formation, il ira travailler en Chine ou aux Etats Unis" note Philippe Laurent.
Outre la fuite des cerveaux, ces chercheurs craignent des répercussions plus immédiates. "À plus court terme, le manque de subventions ne peut que nuire à la qualité de l'enseignement dispensé aux futurs chercheurs" renchérit Philippe Laurent.
Au cours de l'entrevue qu'une délégation de chercheurs a eu avec le directeur de cabinet du préfet, il a été question de la précarité de la profession, du financement de la recherche et de la création d'emplois d'enseignants en sciences dont le manque se fait cruellement sentir. Les manifestants ont aussi abordé la question du rayonnement scientifique de l'Ile dans la zone. Un rayonnement qu'ils estiment sérieusement compromis à l'heure actuelle.
"Le directeur de Cabinet a reconnu que la recherche était un secteur très important et a assuré que le message serait transmis au ministère sans pour autant apporter de mesures concrètes" a commenté Hervé Saint Macary, du CIRAD, a l'issue de la rencontre.
Stéphanie Hoareau
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