Vaccination contre la grippe A

Les médecins mettent en garde

  • Publié le 14 septembre 2009 à 16:40

Dans un courrier adressé au préfet, le docteur François André, président de l'union régionale des médecins libéraux, met en garde contre l'utilisation du vaccin contre la grippe A et s'interroge sur les éventuels effets secondaires indésirables qu'il pourrait engendrer. Nous publions ci-dessous l'intégralité de son courrier.

"Nous avons reçu lundi 7 septembre l'invitation pour la réunion qui a lieu ce jour mercredi 9 à 14 h 30 et qui doit décider des modalités de la vaccination dans notre département. Vu les délais et l'horaire de cette réunion, les médecins libéraux ne pourront y être représentés.

Ceci est très regrettable, dans la mesure où nous avons des choses à dire au sujet de cette vaccination telle qu'elle apparaît dans ses grandes lignes, à la lecture de la circulaire ministérielle du 21 août.

Nous comprenons le contexte, et mesurons en particulier le court délai entre l'apparition de ce nouveau virus et la campagne de vaccination. L'absence de gravité particulière de cette grippe et l'immunisation naturelle d'une bonne partie de la population réunionnaise suite à l'épidémie qui chez nous a commencé au mois d'août, enlèvent toutefois à cette campagne, le caractère d'extrême urgence que certains auraient pu lui attribuer, et conduisent à analyser son rapport bénéfice risque avec la rigueur qui s'impose pour toute campagne de santé publique.

Les médecins libéraux de la Réunion s'inquiètent en particulier de certaines dispositions qui transparaissent à la lecture du communiqué ministériel :
- Les risques d'une telle vaccination ne doivent pas être cachés à la population, et il faut en particulier garder à l'esprit les syndromes de Guillain Barré qui ont accompagnés d'autres vaccinations antigrippales, et les risques allergiques "non négligeables".

La traçabilité du vaccin préparé sur cellules souches de rein de singe vert semble insuffisante. Nous avons noté la volonté d'obtenir une autorisation de mise sur le marché mais les laboratoires pharmaceutiques ont obtenus des autorités américaines une immunité juridique (cela peut se comprendre vu l'urgence dans laquelle on leur a demandé de sortir ce vaccin mais cela laisse d'autant plus perplexe).

- L'étude de la toxicité éventuelle dans certains cas particuliers (chez les femmes enceintes et les personnes déjà immunisées naturellement par exemple), nous parait difficile à mener dans l'urgence.
- Il faudra veiller à ce que ceux qui recevront le vaccin, aient bien eu une information honnête de manière à avoir un consentement éclairé. Cela est particulièrement important en cas de vaccination de masse chez des enfants mineurs, par exemple dans des écoles. Dans ce cadre, il nous semble nécessaire que l'accord parentale soit donné par écrit au préalable

Nous comprenons la problématique des pouvoirs publics qui sont pris entre la nécessité de fournir une protection aux personnes qui le désirent contre ce nouveau virus, sans gaspiller l'argent public par la mise en place d'un dispositif surdimensionné.

Tout cela nous conduit à la plus extrême prudence quant à cette campagne de vaccination de masse, et nous pensons qu'il est urgent d'étudier la possibilité d'un transfert de cette vaccination vers le secteur libéral qui a l'habitude de s'occuper de celle de la grippe saisonnière.

Je vous prie de croire Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs, à l'expression de nos sentiments distingués".

Dr François ANDRE
Président de l'URML Réunion
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