L’âge moyen des femmes ayant accouché en 2021 a augmenté passant à 29,7 ans contre 27,6 ans et 2003 et la part des trentenaires est devenue majoritaire (45%). C'est ce qui ressort de l’enquête nationale périnatale dans les départements, régions et collectivités d'outre-mer (ENP-DROM 2021), indiquent ce lundi 26 juin 2023 menée par l'Agence régionale de santé (ARS) et Santé publique France (SPF). Dans le même temps, "le niveau éducatif des mères a progressé par rapport à 2003 et l’écart avec l’Hexagone s’est réduit avec une forte augmentation des femmes d’un niveau d’études supérieur au baccalauréat qui passe de 15,3% à 40% en 2021" note encore l'étude
Menée dans l’Hexagone et dans tous les DROM (excepté la Guyane), l’enquête ENP-DROM 2021 s’est déroulée à La Réunion du 15 mars au 11 avril, dans les sept maternités de l’île et à la Maison de naissance de l’Ouest. "Le recueil des informations auprès des mères s’est déroulé à la naissance à la maternité, avec une sage-femme, et au téléphone ou par questionnaire en ligne 2 mois après la naissance de l’enfant" note l'ARS et et Santé publique France
L'enquête a ainsi concerné les 13.400 naissances vivantes en 2021, 1.105 femmes ayant accouché durant la période et 1.120 nouveau-nés (nés vivants)
L’objectif était de recueillir des informations sur l’état de santé des mères et de leurs nouveau-nés, sur les pratiques médicales avant et après accouchement et à deux mois après la naissance de l’enfant.
Les résultats de cette enquête permettent de mieux cibler les actions de prévention et d’organisation des parcours de soins de la femme enceinte, de la mère et de l’enfant. Des volets spécifiques au diabète gestationnel, à l’insuffisance pondérale des nouveau-nés et à la notion de précarité selon les microrégions feront l’objet d’autres publications.

• Des évolutions socio-démographiques notables
L’âge moyen des femmes ayant accouché en 2021 augmente (de 27,6 à 29,7 ans) et la part des trentenaires est devenue majoritaire (45%). Le niveau éducatif des mères a progressé par rapport à 2003 et l’écart avec l’Hexagone. Leur situation professionnelle a progressé (+6,6 points de femmes en activité en fin de grossesse).
Presque une femme sur deux (46,2%) est en surcharge pondérale avant la grossesse, dont 22,1% en situation d’obésité (IMC ≥ 30)
En 2003, les femmes en surcharge pondérale (IMC ≥ 25) représentaient 27,7%. Cette prévalence en forte progression est préoccupante car elle augmente le risque de complications obstétricales et néonatales et de maladies chroniques pour la femme.
Elle est à mettre en regard d’une incidence élevée de la prééclampsie1 et d’accouchement médicalisé, et d’un moins bon vécu de la grossesse et de l’accouchement chez les femmes.
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• Une femme sur cinq ne prenait aucune contraception avant la grossesse (1 femme sur 10 dans l’hexagone)
Parmi celles ayant eu un moyen de contraception (8 femmes sur 10), seulement la moitié a souhaité et planifié la grossesse, en arrêtant la contraception (71% dans l’hexagone).
A la découverte de la grossesse, la réaction est positive pour deux femmes sur trois. Mais pour 23,7% des femmes, la grossesse n’est pas attendue, soit parce que ce n’est pas le bon moment (17,7%), soit parce qu’elle n’est pas voulue (6%). Ce taux de grossesses non désirées est supérieur à celui de l’hexagone (4%).
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• Un tiers des femmes se sont senties tristes ou déprimées pendant la grossesse, 2 femmes sur 10 présentaient des symptômes de dépression 2 mois après l’accouchement
Durant leur grossesse, 15% des femmes se sont senties « assez mal » ou « mal » sur le plan psychologique, (taux identique à l’Hexagone). 33% des femmes déclarent qu’il leur est arrivé de vivre au cours de leur grossesse « une période d’au moins deux semaines consécutives pendant laquelle elles se sentaient tristes, déprimées, sans espoir ». Deux mois après leur accouchement, 18% présentent des symptômes dépressifs majeurs (échelle de Edinburgh Postnatal Depression Scale). Ce taux est proche de celui de l’Hexagone (17%).
• 9 femmes sur 10 satisfaites de leur prise en charge médicale et du suivi de leur grossesse
Deux mois après leur accouchement, plus de 90% des femmes se disent satisfaites, voire très satisfaites, de leur prise en charge médicale durant le suivi de leur grossesse et leur accouchement. Elles sont 87,2% à recommander à une proche d’accoucher au même endroit.
La thématique “comportements inappropriés de la part des professionnels de santé” est un nouveau thème de l’Enquête Nationale Périnatale 2021 : 4,9% des femmes rapportent avoir été exposées, parfois ou souvent, pendant leur grossesse, leur accouchement ou leur séjour à la maternité, à des gestes inappropriés, de la part des soignants ; 12,3% à des paroles inappropriées ; et 8,9% à des attitudes inappropriées.
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• Moins de prématurés mais toujours autant de petit poids de naissance
La prévalence de la prématurité, par rapport à 2003, a régressé (de 12% à 8,7%) mais celle du petit poids de naissance (<2 500 g) perdure, à un niveau équivalent à celui de 2003 (12,4% en 2021). Rapporté à l’âge gestationnel, le petit poids de naissance concerne 18,7% des nouveau-nés, score le plus élevé de tous les DROM.
• L’allaitement exclusif ou mixte plus fréquent que dans l’Hexagone
L’allaitement maternel (exclusif ou mixte) à la naissance est plus répandu à La Réunion (83%) que dans l’Hexagone (70%). Deux mois après l’accouchement, le taux d’allaitement diminue à La Réunion (66%), mais reste supérieur à celui observé dans l’Hexagone (54%).
Toutefois, les femmes à La Réunion pratiquent davantage l’allaitement mixte (lait maternel et lait du commerce) et arrêtent un peu plus tardivement l’allaitement maternel que les femmes de l’Hexagone.
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• Le plan d’actions de l’ARS : mieux accompagner les femmes enceintes dans leur parcours de soins
L’ensemble de ces résultats permet à l’ARS de proposer des actions pour le parcours périnatal à La Réunion et qui seront intégrées au nouveau Projet Régional de Santé 2023-2033. Les premiers leviers d’action envisagés, à ce stade, s’orientent selon 2 axes :
• Mieux repérer les femmes enceintes en situation de vulnérabilité médico-psycho-sociale pour les accompagner précocement
Les inégalités sociales de recours aux soins révélées par l’enquête conduisent à travailler sur une définition régionale des critères de vulnérabilité maternelle et parentale (bénéficiaires de RSA, bénéficiaires de CSS, ne vivant pas en couple, pas de logement individuel).
Cette définition permettra de repérer précocement les femmes concernées (environ 2 000 femmes) et de leur proposer, en lien avec les professionnels de santé libéraux, la Protection Maternelle Infantile (PMI) et les maternités, des parcours de soin et d’accompagnement adaptés.
L’objectif est de réduire l’impact des vulnérabilités dépistées et diagnostiquées sur l’état de santé des mères et de leurs enfants.
