Sans (grande) surprise

Retraites : le Conseil constitutionnel valide (de fait) le passage en force, Macron promulgue la loi dans la nuit

  • Publié le 15 avril 2023 à 12:35
  • Actualisé le 15 avril 2023 à 13:31

Sans grande surprise, le Conseil constitutionnel a validé ce vendredi 14 avril 2023 l'essentiel de la réforme des retraites, dont le départ à 64 ans. Il a par ailleurs rejeté ou partiellement rejeté six articles du projet gouvernemental comme la création d'un "index senior". Plus surprenant cependant, il a aussi refusé la demande d'un référendum d'initiative partagée (RIP). L'annonce a provoqué la colère de l'opposition, mais aussi d'une partie majoritaire de la population. Des dizaines d'actions sont à attendre ce samedi un peu partout en France. À La Réunion, les syndicats ont d'ores et déjà annoncé que la lutte n'était pas terminée. Quelques heures après cette validation, Emmanuel Macron a encore une fois jugé utile de mépriser la grande majorité des Français. Dans une grande précipitation, il a promulgué la loi dans la nuit de vendredi à samedi. L'intersyndicale lui avait demandé "solennellement" de ne pas le faire

Si certains politiciens continuaient à y croire, la validation de la réforme semblait inévitable de la part du Conseil constitutionnel. Si les Sages ont reconnu que "l'utilisation combinée des procédures mises en œuvre a revêtu un caractère inhabituel", cela "n'a pas eu pour effet de rendre la procédure législative contraire à la Constitution".

Une décision peu étonnante, alors qu'une majorité des membres du Conseil constitutionnel ont été nommé par Emmanuel Macron ou Richard Ferrand, président LR du Sénat. Dans ce contexte, il restait peu de doutes sur l'issue finale.

Mais peu importe le résultat : les syndicats restent mobilisés et ne désespèrent pas de faire plier le gouvernement. Alors qu'une seconde demande de RIP a été déposée par la NUPES, les Sages doivent désormais statuer le 3 mai prochain. En attendant, de nouvelles actions sont à prévoir partout en France, dont à La Réunion.

L'intersyndicale a déjà donné rendez-vous à la population pour le traditionnel défilé du 1er mai. Défilé où la CFDT devrait être présente, contrairement aux autres années, afin de faire front face au gouvernement.

Mais les modes d'action risquent aussi de changer dans les semaines à venir. Alors que le gouvernement reste sourd aux revendications de la rue, c'est du côté des grèves que les syndicats pourraient se tourner pour tenter de mettre fin à la réforme.

De son côté, Emmanuel Macron n'attend qu'une chose : pouvoir tourner la page. Dans un contexte où lui et ses ministres ne peuvent plus se déplacer sans se faire chahuter, la priorité est plus que jamais de détourner l'attention d'une population en colère. Une population qui n'a toujours pas dit son dernier mot.

Cela d'autant plus que le texte a été promulguée samedi matin au Journal officiel alors que les syndicats avaient demandé "solennellement" à Emmanuel Macron, de "ne pas promulguer la loi".

La fin de non recevoir opposée à cette demande par le président de la République est une fois encore sèche, méprisante.

La lutte n'est pas finie, disaient dès vendredi soir l'intersyndicale, les oppositions et une immense majorité du peuple. En agissant furtivement dans la nuit de vendredi à samedi, Emmanuel Macron vient sans doute de les renforcer dans leur détermination.

La confiance est clairement rompue entre la population et l'Etat. Et ce n'est assurèment pas les 2% d'augmentation du Smic, jeté comme une aumône, qui réussiront à faire décolérer un peuple à ce point méprisé.

Dans les jours et les mois à venir, la rue se chargera de le rappeler à ce prédisent de la République qui se rêve visiblement monarque absolu.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires