Dans le cadre de la 9ème conférence internationale de recherche sur le Syndrome d'Alcoolisation Fœtale, qui réunissait du 20 au 23 mars à Seattle les spécialistes mondiaux de ce domaine, une table ronde s'est tenue sur le thème : "comment faire évoluer la législation pour faire de la lutte contre le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) une priorité nationale de santé publique ?". La table ronde était animée par le Docteur Lamblin, président de l'association SAF France, basée à La Réunion, note SAF France dans le communiqué que nous publions ci-dessous (Photo www.imazpress.com)
Animée par le Docteur Lamblin, président de l'association SAF France, basée à La Réunion, et en présence, par visioconférence, du député réunionnais Perceval Gaillard, les échanges ont porté sur les lois de prévention françaises et notamment sur la Proposition de Résolution (PPR) n°646, initiée par le Député Gaillard et déposée à l'Assemblée nationale, visant à faire de la prévention contre le syndrome d'alcoolisation fœtale une priorité nationale.
En présence de nombreux experts et chercheurs, cette initiative a suscité un fort intérêt et devrait inspirer plusieurs pays à renforcer leurs politiques de santé publique sur le sujet.
Pour rappel, l'alcoolisation fœtale est la première cause de handicap à prédominance mentale et évitable en France, affectant environ 15 000 nouveau-nés chaque année. Actuellement, près de 1,3 million de personnes vivent avec le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) ou d’autres troubles liés à l’exposition prénatale à l’alcool regroupés sous les termes Ensemble des Troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) ou Troubles du Spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF).
L’exposition prénatale à l’alcool, quels que soient la dose et le moment de consommation au cours de la grossesse, peut provoquer des malformations cérébrales et être associée à plus de 400 pathologies, dont de nombreux troubles neurodéveloppementaux (TND) et psychiatriques.
Ces atteintes augmentent les risques d’échec scolaire, d’inadaptation sociale et de marginalisation. Un pourcentage élevé d’individus atteints par ces troubles se retrouve en situation de précarité, sans domicile fixe ou en détention, où 15 à 20 % des détenus sont concernés.
Les répercussions sociales et économiques sont considérables : chaque individu atteint d’un TCAF représente toute au long de sa vie, un coût moyen de 1,3 million d’euros, pour la société en raison des soins médicaux, de l’accompagnement éducatif spécialisé et des services sociaux nécessaires. Ainsi, par an et pour tous les individus atteints de TCAF en France, cela représente un coût de 20 milliards pour la société.
Ces réalités portent atteinte aux droits fondamentaux des enfants, notamment leur droit à la santé et à un développement équilibré, comme garanti par la Convention internationale des droits de l’enfant.
Malgré les recommandations des sociétés savantes pour le zéro alcool pendant la grossesse, plus d'un quart des femmes continuent de consommer de l’alcool tout en se sachant enceintes, ce qui expose leurs enfants à des risques graves.
Le plan global de prévention à La Réunion préconisé par SAF France, a permis de faire diminuer la consommation d’alcool pendant la grossesse à 7 % chez les femmes se sachant enceintes contre 27 % dans l'Hexagone. Il est donc essentiel de s’inspirer de cet exemple réussi pour répondre à l’urgence préventive dès 2025 sur tout le territoire français.
Ayant déjà recueilli 91 signatures de député.e.s venant de 5 groupes politiques différents, cette proposition devrait bientôt arriver dans l'hémicycle et être votée par une majorité de député.e.s.
Cela serait une avancée majeure pour la santé publique dans notre pays et une fierté pour La Réunion, à la pointe du combat contre les TCAF depuis le vote de l'amendement de la sénatrice Anne-Marie Payet ayant abouti à l'imposition du logo de prévention contre la consommation d’alcool pendant la grossesse sur toutes les bouteilles d'alcool vendues en France.
Denis Lamblin, Président de SAF France
Perceval Gaillard, Député de La Réunion