Mise à l'écart de décisions importantes, propos paternalistes, culpabilisation: le "sexisme ordinaire" dans le milieu professionnel entame insidieusement la confiance de femmes. Des comportements "nichés dans notre inconscient collectif" qu'entend combattre le gouvernement en annonçant mercredi une campagne contre le sexisme, baptisée "Sexisme pas notre genre", qui a rapidement été relayée dans les réseaux sociaux, avec le hashtag #SexismePasNotreGenre.
Plusieurs personnalités politiques ont relayé la campagne sur Twitter, à l'image de la nouvelle ministre des Outre-mers, Ericka Bareigts.
Très belle initiative : le Ministère de @loutremer s'engage contre le sexisme #sexismepasnotregenre #toussolidaires pic.twitter.com/u0aOONP9vH
— Ericka Bareigts (@ebareigts) 8 septembre 2016
En plus des messages de soutien, certains Twittos en ont profité pour partager des anecdotes qui illustrent ce sexisme ordinaire
#SexismePasNotreGenre partie 3 pic.twitter.com/VqUm3Ls7Em
— anathema (@Ziamstrouble) 8 septembre 2016
Ou encore des campagnes de pub aux goûts douteux
#SexismePasNotreGenre Quand le pharmacien dit à mon mec "elle pourra pas vous faire la cuisine" en voyant mes mains gonflées.
— BledardeHaram (@Gasparsavoureux) 8 septembre 2016
40% des femmes victimes du sexisme ordinaire
Selon un sondage commandé par le ministère des Droits des femmes au CSA, 40% des femmes interrogées rapportent avoir un jour été victimes soit d'une humiliation, soit d'une injustice liée à leur sexe, a déclaré mercredi la ministre Laurence Rossignol.
Une femme sur deux déclare également avoir changé sa façon de s'habiller pour éviter une remarque sexiste, selon la ministre, qui lancera jeudi une campagne "culturelle" contre les stéréotypes avec le soutien d'associations et de personnalités.
Ce sexisme ordinaire, Stéphanie en fait l'amère expérience dans une grande entreprise de conseil.
"J'étais en apnée, je craignais toujours d'être jugée, je ne me suis jamais sentie à ma place", raconte-t-elle.
Pendant cinq ans, la jeune femme, alors âgée d'une trentaine d'années, encaisse les réflexions machistes, les regards déplacés sur sa tenue qui deviendra de plus en plus austère dans l'espoir d'être davantage prise au sérieux, les reproches sur son travail à coups d'arguments sans rapport avec le registre professionnel.
"Les évaluations étaient menées par des hommes" reposaient sur des "données objectives". "Ils étaient très vigilants dans les écrits, mais lors des entretiens, on me reprochait par exemple d'être, en tant que femme, trop friable", se souvient la conseillère en management qui faisait partie des 10% de femmes cadres de l'entreprise.
"Les femmes avaient toutes la réputation d'être là pour d'autres raisons que leurs compétences", poursuit Stéphanie qui garde de cette période un sentiment de "vide".
"Je doutais de mes compétences, je n'osais plus m'exprimer spontanément, j'essayais d'adopter des normes qui n'étaient pas les miennes, d'être plus froide afin de me fondre dans le décor. Je n'osais pas répondre et je le regrette", souffle Stéphanie qui attendra de changer de travail pour avoir des enfants.
La "tolérance au sexisme est sans commune mesure avec d'autres discriminations", résume Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP).
- T'es énervée t'as tes règles ? -
Le sexisme, "dénié y compris dans les mots", provoque "beaucoup de dégâts" chez les femmes en entamant la confiance qu'elles ont en elles, dit-elle.
"Jusque dans les années récentes on parlait de machisme, d'incivilité, d'attitudes inappropriées, de propos graveleux, de dragueurs un peu lourds or c'est du sexisme, mais on ne le disait pas", observe Mme Grésy.
Sous couvert de "bienveillance", les femmes victimes de stéréotypes (douces, compréhensives, souriantes...) apparemment positifs sont "ravalées à des rôles strictement déterminés qui se traduisent par des postes dans les ressources humaines, la communication... tandis que les hommes sont dans les domaines qu'on dit +durs+: la stratégie, la finance...", analyse-t-elle.
Si la France est l'un des pays où les femmes qui ont des enfants travaillent le plus, "elles sont toujours vues comme plus légitimes dans la sphère familiale que professionnelle", acquiesce Isabella Lenarduzzi, entrepreneure sociale et fondatrice de JUMP, organisation pour l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.
Elle aussi a connu son lot d'humiliations. Furieuse contre un directeur de Chambre de commerce avec lequel elle est en désaccord sur un dossier, celui-ci lui répond +T'es énervée t'as tes règles+. "J'étais déstabilisée, il m'avait atteint dans mon intimité", enrage l'entrepreneure.
"Coupables" dès qu'il y a un problème avec les enfants, les femmes sont très souvent celles qui s'arrêtent en cas de maladie ou difficultés scolaires. Une culpabilisation qui les conduit à être "leurs propres geôlières" et à ne pas choisir le poste dont elles ont vraiment envie, estime Mme Lenarduzzi.
Par Khurram SHAHZAD - © 2016 AFP
Sur notre ile il y a beaucoup à faire pour remette les pendules à l'heure concernant ce sujet.Quand une réunionnaise vient sur son ile en congé bonifié, et qui emmene son mari dans son paquetage, entendre cela dans un restaurant, cela vous hérisse toutes les femmes comme moi, croyez moi.
Le serveur vient discuter avec nous des fourmis, autres insectes partout dans l'ile et nous fait tout un spich sur le vinaigre blanc pour nettoyer tout dans la maison, du lavabo à la cuisine sol d'après lui.Il en rajoute un produit pour tout.Je lui dit je ne connais pas, j'achete au moins 5 produits divers je crois.La chute elle est bonne il se retourne vers mon mari zoreil et lui dit "c'est normal c'est vous qui paye"Là je suis sortie de mes gonds.Je lui est remis à sa place bien comme il faut, remontée de bretelles bien comme il faut.Il croyait vraiment qu'il était dans le vrai en s'adressant à mon mari de cette facon, vous voyez le mec qui ne respecte pas les femmes de couleur et les réunionnaises je ne sais pas comment elles font.
Je viens d'arriver et je prend cela dans la "gueule" ainsi.Et étant de couleur lui meme.La serveuse m'a dit c'est ainsi ici, c'est ancré dans les normes.