La haute couture dit adieu à la taille 32

Mannequinat - Quand la maigreur se démode

  • Publié le 9 septembre 2017 à 03:00

Sur les podiums du monde entier, les vêtements des marques des groupes LVMH (Louis Vuitton, Loewe, Fendi, Berluti, Givenchy, Marc Jacobs, ou Kenzo) et Kering (Gucci Bottega Veneta, Saint Laurent, Alexander McQueen) ne seront plus portés par des mannequins trop maigres ou trop jeunes. Un changement impulsé par une charte rendue publique avant la Fashion-Week de New-York, qui prévoit notamment de bannir la taille 32 des pièces de haute-couture. A La Réunion, il semblerait que les diktats de cette mode de la maigreur sont moins présents. Cependant, être grande et mince reste préférable pour devenir mannequin. Mais ici, hors de question de faire maigrir des jeunes femmes pour les faire défiler. (Photo : AFP)

C'est terminé. Du moins, en théorie. Les jeunes femmes (tout comme les vêtements) présentant une taille 32 ne seront plus visibles sur les podiums. Une charte, "sur les relations de travail et le bien-être des mannequins" a été signée par les géants de la mode LVMH et Kerings, propriétaires de marques prestigieuses de haute-couture telles que Louis Vuitton, Givenchy, Gucci, Kenzo ou Saint Laurent.

 

Lire aussi : "Les géants LVMH et Kering bannissent les mannequins trop maigres et trop jeunes"

 

Une bonne nouvelle pour les mannequins, contraintes par certains créateurs d'atteindre la taille 32 pour pouvoir défiler. Une mode, responsable en partie du culte de la maigreur pour bon nombre de jeunes filles, tend à se dissoudre. A La Réunion notamment, il semblerait que les canons de beauté soient moins axés sur l'ultra-minceur, même si, pour être mannequin "être grande, mince et élancée" reste la norme. Cependant, "quand on dit mince, cela ne veut pas dire maigre" prévient Aziz Patel, organisateur du concours de mannequins Elite Model Look à La Réunion. "Nous avons toujours banni tout ce qui est synonyme de maigreur ou d'anorexie" souligne-t-il. Car, par le passé, "à de nombreuses reprises", certaines candidates "trop maigres" se sont présentées au concours, mais n'ont pas été acceptées et ont été par la suite conseillées de "suivre un programme alimentaire pour prendre du poids" avant de se représenter. L'organisateur se veut rassurant et insiste sur le fait qu'"il n’y a aucune raison de dire aux jeunes filles qu’il faut maigrir pour devenir mannequin. On peut être mannequin et avoir des formes".

A la différence du monde du mannequinat, les concours de beauté comme l'élection de Miss Réunion ne demandent pas les mêmes critères aux candidates. Sur ce plan, les rondeurs sont volontiers admises, à condition de présenter "une harmonie corporelle cohérente par rapport à l’image à transmettre" ajoute Aziz Patel, également président du Comité Miss Réunion.

- "La taille 32 pas naturelle" -

Il n'y a cependant peu de marge de manoeuvre autour d'une carrière de mannequin, concernant son aspect corporel. "Si on veut réussir sur le marché national et international, il faut être dans les normes demandées par l’industrie de la mode, soit une taille 34 et 1m74 minimum" relate Aziz Patel, qui souligne que "ce critère d’être vraiment mince est moins obligatoire à La Réunion. Pour les boutiques, les défilés et les show modes locaux, les mannequins ont quelques formes" reconnaît-il. Une image plus accessible que celle d'un mannequin aux mensurations impossibles à atteindre, si ce n'est pas le biais d'un régime drastique, visant à s'affamer, au risque d'en perdre la santé.

"Certaines jeunes filles, parfois avant même la puberté, se mettent à vouloir réguler leur poids" constate la nutritionniste Agnès Le Meillat. "C’est un phénomène inquiétant, mais La Réunion est peu touchée par cela. Les rondeurs sont beaucoup mieux perçues ici qu’en métropole. Les jeunes filles ont moins cette pression d'être minces à tout prix. C’est en tout cas beaucoup plus rare que ce que me disent mes collègues de l'Hexagone", explique-t-elle.

Car, l'extrême minceur et les troubles alimentaires tels que l'anorexie, mènent à la dégradation de la santé. De son côté, le nutritionniste et directeur de l’institut régional d’éducation nutritionnelle Fridor Funteu, affirme que "la taille 32 pour un adulte est de l'ordre de l'impensable. Je ne suis pas sûr que cela soit compatible avec un bon état de santé".

Le professionnel insiste que seul l'indice de masse corporelle doit guider les habitudes alimentaires, qu'elles soient instaurées pour maincir, ou pour prendre du poids. "Parfois, les gens pensent que l'insuffisance pondérale est moins grave pour la santé. Mais elle réduit, au même titre que le surpoids et l'obésité, l'espérance de vie". Le risque d'une sous-nutrition entraîne fatigue, carences, et exposition supérieure aux maladies, en raison de défenses immunitaires défectueuses.

 

Lire aussi : "Victoire, ex-mannequin tombée dans l'anorexie, témoigne contre le "diktat de la maigreur""

 

Les professionnels de santé se félicitent donc de ce changement de point de vue dans l'industrie de la mode. La législation se mettait déjà, en marge de la charte des marques, au diapason pour lutter contre l'extrême maigreur constatée sur les podiums. Le 5 mai dernier deux décrets de la loi dite "mannequins" étaient inscrits au Journal Officiel. Les photographes seront désormais dans l'obligation d'aposer "la mention photographie retouchée lorsque l'apparence corporelle des mannequins a été modifiée par un logiciel de traitement d'image, pour affiner ou épaissir leur silhouette".

jm/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Jean Le Monstre
Jean Le Monstre
7 ans

Vaut mieux parler de la maigreur des mannequins, que de la maigreur du programme politique du Macron!
Vous n'avez aucune conscience de ce que c'est que l'information.
La désinformation, ah! oui! vous êtes forts pour ça!