À l’approche des fêtes, les marchés de Noël s’installent partout sur l’île. Les stands s’alignent, les allées s’animent, et les visiteurs affluent. Mais derrière cette effervescence, les artisans affichent une prudence de circonstance. Si la période reste essentielle sur le plan économique, elle se déroule désormais dans un contexte tendu : baisse du pouvoir d’achat, inflation persistante et explosion du prix des matières premières. (Photo www.imazpress.com)
Cette année encore, les candidatures d'artisans ont été nombreuses. Le marché de Noël du Carré Cathédrale, qui a lieu ce dimanche 14 décembre 2025, a enregistré 150 demandes pour 100 places, tandis que celui du Barachois accueillera, du 21 au 23 décembre, 130 artisans pour plus de 250 dossiers déposés.
"Les marchés brassent du monde, les gens prennent le temps de choisir leurs cadeaux, et les artisans proposent aujourd’hui des produits de grande qualité", note Yassine Mangrolia, adjoint à la mairie de Saint-Denis, en charge de l’économie.
Pourtant, l’affluence ne reflète pas forcément les ventes. "J’ai toujours mes clients fidèles… mais le panier moyen a diminué de moitié", constate Jean-Charles Nagou, artisan confiturier depuis quinze ans. Selon lui, "tout augmente : les fruits, le sucre, les bocaux… mais je ne peux pas répercuter toutes les hausses sur mes prix".
- Des coûts de production qui flambent -
Dans presque tous les secteurs, les artisans témoignent d’une hausse significative des dépenses. "Le coco râpé et le chocolat augmentent sans arrêt. Même le packaging devient plus cher", rapporte Thomas Abrador, artisan biscuitier. Contraint d’ajuster ses tarifs, il dit néanmoins "tenter de limiter l’impact pour les clients". Cette année, ses biscuits de Noël prendront quelques centimes en plus mais le paquet sera mis sur l'emballage.
Pour les créateurs textiles, le constat est le même. "L’éponge de bambou est passée de 12 à 18 euros en deux ans. Je ne peux pas répercuter une telle hausse sur mes produits", explique Aurélie Crozals, artisane créatrice d’accessoires utiles en tissu. Elle souligne également les difficultés d’approvisionnement et de livraison en fin d’année : "Certains fournisseurs sont en rupture et La Poste rallonge le délai d'acheminement en période de fête".
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À ces dépenses s’ajoutent celles liées à l’installation sur les marchés. Le prix des stands a légèrement augmenté ces dernières années. Une hausse assumée par les organisateurs : "Nous avons amélioré l’offre, avec de nouvelles animations", justifie Cédric Carpy, organisateur historique du marché de Noël du Barachois. "C’était nécessaire et cela permet de rendre ce marché beaucoup plus attractif".
- Une concurrence multiple, mais une clientèle fidèle -
Si les produits importés et moins chers représentent une concurrence visible, les artisans ne les considèrent pas comme une menace directe. "Le Réunionnais est attaché à l’artisanat local, il sait reconnaître la qualité", observe Jean-Charles Nagou. Pour lui, ce sont plutôt les nombreux événements organisés sur l’île qui dispersent la clientèle : "Il y a trop de marchés. Ce n’est pas forcément positif puisqu'on ne peut pas être partout en même temps".
À cela s’ajoute désormais également la pression des nouveaux artisans apparus après la crise sanitaire. Le phénomène, largement observé sur l’île, bouleverse l’équilibre historique du secteur. "Avant le Covid, on comptait entre 50 et 60 artisans tous univers confondus. Depuis, beaucoup se sont lancés en activité secondaire pour arrondir les fins de mois", explique Cédric Carpy, organisateur de marchés depuis dix ans.
Un constat partagé par les créateurs eux-mêmes. "De plus en plus de personnes s’immatriculent par loisir, et arrivent ensuite sur les marchés, surtout en fin d’année", souligne Aurélie Crozals. Résultat : davantage de candidatures, moins de places disponibles, et une concurrence accrue entre exposants. Si cette dynamique témoigne d’un engouement croissant pour la création locale, elle fragilise aussi les artisans installés de longue date, qui doivent désormais redoubler d’efforts pour maintenir leur visibilité et préserver leurs parts de marché.
- Une période décisive -
En cette période de fin d'année, la plupart des créateurs réalisent entre 20 et 40 % de leur chiffre d’affaires annuel. Une réalité qui rend la période aussi stratégique que stressante. "C’est notre mois le plus intense. On doit produire beaucoup, se démarquer, être présent partout… tout en restant accessible", résume Aurélie Crozals.
Du côté des consommateurs, les avis sont nuancés. Jean-Paul, 56 ans, reconnaît "la qualité du fait-main" mais préfère "le choix et les prix de la grande distribution" : "J'aime prendre le temps de regarder le prospectus et savoir ce que je vais trouver dans les magasin. Les produits proposés sur les marchés ne correspondent pas à ce que je recherche".
Kim, 33 ans, apprécie les marchés de Noël pour "leurs cadeaux plus personnels et originaux" mais aussi pour "l'ambiance de fête". La jeune femme admet prêter attention au budget : "Je comprends que ce soit plus cher et c'est important pour moi d’offrir des produits de qualité à mes proches, mais le tarif doit rester raisonnable".
Malgré les incertitudes, les artisans continuent d’investir les marchés, conscients que l’événement reste un rendez-vous incontournable pour rencontrer leur clientèle, vendre leurs nouveautés et maintenir une visibilité locale. Dans un contexte économique fragile, ces marchés de Noël seront donc un test majeur : celui de la capacité des artisans réunionnais à s’adapter, se renouveler et continuer à faire vivre un savoir-faire local qui reste, pour beaucoup, l’un des piliers de l’identité réunionnaise.
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le créole toujours entrain de pleurer. donne toute gratuite bande d'assistés. le français aime raller ça suffit. il n'y pas de crise les avions sont pleins , les belles voitures sur les routes,.. les ps5 pour les enfants.--> PAS DE CRISE , c'est la magie de Noel.