Au moins cinq bateaux ont tenté de rejoindre l'île

Migrants : un nouveau bateau sri-lankais a accosté au port-ouest

  • Publié le 27 décembre 2018 à 03:00
  • Actualisé le 27 décembre 2018 à 15:33

Mercredi 26 décembre 2018, un bateau de pêche sri-lankais transportant sept migrants est arrivé à La Réunion. C'est au moins le cinquième en dix mois qui tente la traversée, le quatrième a avoir accosté. Sur les réseaux sociaux, c'est un nouveau déferlement de haine et de racisme contre ces hommes qui ont tout abandonné, tout quitté pour fuir la misère ou les persécutions.

• Arrivés sur une coquille de noix

Avec sept hommes à bord le Roshan, un bateau de pêche immatriculé au Sri-Lanka,  a donc été intercepté en début d'après-midi à moins de deux kilomètres au large du Port. "Nous étions sur le point de finir notre partie de pêche lorsque nous avons vu cette embarcation aves des gens qui nous faisaient signe " raconte Patrick. Avec deux amis il se trouvait à bord de son bateau de pêche. Le pêcheur prévient le  centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS), qui lui "demande de rester à proximité jusqu'à l'arrivée de la gendarmerie maritime".

Le Roshan a ensuite été escorté par les gendarmes jusqu'à un quai du port-ouest. Les sept hommes ont fait "l’objet d’une évaluation sanitaire et administrative" indique la préfecture.  Tous les migrants semblent en bonne forme physique. Leur nationalité n'a pas encore été établie par la préfecture. Ils ont ensuite été conduits en zone d'attente à l'aéroport Roland Garros.

Leur bateau a été laissé sans surveillance particulière au port-ouest. Des réserves d'eau en grande quantité et du matériel de pêche quasiment neuf sont visibles sur le pont.

L'état général du  navire est plutôt mauvais. "Comment il a pu échapper au cyclone intense Cilida?" s'interroge Benjamin, un plaisancier amarré au port-ouest.

La tempête qui a généré des vents soufflant en rafales à plus de 280 km/h et des creux en mer de huit à 10 mètres, a épargné La Réunion la semaine dernière "mais a balayé toute la zone de l'océan Indien où cette coquille de noix était censée se trouver" commente Benjamin.

Dans une île pourtant souvent citée pour sa capacité à "vivre ensemble" Ces deux arrivées successives de migrants ont provoqué une vague de commentaires xénophobes sur les réseaux sociaux.

• Un déferlement de haine et de propos racistes sur nos réseaux

"Renvoyez les chez eux", "coulez-les, noyez-les", "dégagez", "on est pas là pour accueillir la misère du monde", "occupons nous d’abord de nos SDF" (nous vous passons les termes gentils employés)… Des commentaires sous notre Facebook Live nous ont laissé sans voix hier. Littéralement sans voix.

Il y a à peine un mois, les Gilets Jaunes appelaient à la solidarité, dénonçaient des injustices. Il y a à peine un mois, des plateformes d’entraide entre Réunionnais poussaient comme des petits pains sur les réseaux sociaux. La Réunion nous a montré le meilleur, ce fameux vivre-ensemble.

Ce déferlement de haine nous a poussé à faire de la modération : nous avons supprimés des commentaires à la pelle et pour certains, bannis leurs auteurs. Ils n’étaient pas seulement insultants ou racistes, ils étaient d’une violence inouïe. "Coulez-les", "Noyez-les"… Vraiment ?

Loin des méandres d’Internet, loin des visages cachés derrière des écrans et des pseudo, loin des doigts qui tapent et qui retapent, des doigts qui agressent et attaquent… il y a heureusement des gens. Des vrais gens. Des gestes, des paroles, des dons.  La semaine dernière, le collectif "Solidarité réunionnaise" saluait les initiatives et l’élan de générosité  qui ont suivi l’arrivée des 62 migrants sri-lankais. Des anonymes qui donnaient de la nourriture, des vêtements et du temps. Et un homme nous soulignait, sourire aux lèvres : "nos ancêtres viennent d’Afrique, de Madagascar, d’Inde, de Chine, d’Europe. Nous sommes tous descendus d’un bateau." Et nous, nous préférons rester là-dessus.

• C'est la cinquième fois qu'un bateau de migrants tente d'accoster à La Réunion :

Vendredi 14 décembre, le bateau de pêche des 62 sri-lankais "Wasana 1" est intercepté au large de Mare Longue à Saint-Philippe en début d'après-midi. A la dérive, il a été escorté par la gendarmerie jusqu'au Port-est. Les migrants ont ensuite été placés en zone d'attente.

Mercredi 19 décembre, les juges des libertés et de la détention du tribunal de Champ-Fleuri ont invalidé les procédures enclenchées par les services de l'État depuis l'arrivée des migrants, les jugeant illégales. Ils ont refusé de prolonger leur maintien en zone d’attente et les ont remis en liberté. Depuis, Une vingtaine d'entre-eux ont pu déposer une demande d'asile en Préfecture

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et => Migrants : plus d'une trentaine de personnes n'ont toujours pas d'hébergement

Samedi 6 octobre 2018 : en fin de matinée, un bateau étranger accoste au Port-Ouest, encadré par la gendarmerie maritime. A son bord, huit Sri-lankais, d'une moyenne d'âge plutôt jeune, entre 20 et 30 ans,  dont un mineur d'environ 16 ans. Le bateau aurait navigué plusieurs jours en pleine mer. Alors qu'une audience devant le juge des libertés et de la détention était prévue le mercredi 10 octobre, ils ont été rapatriés en grande pompe mardi en fin d'après-midi. Du côté de la Cimade, l'association qui lutte pour le respect des droits des migrants, on se demandait si les procédures avaient été respectées...

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Mardi 11 septembre 2018 : la marine sri-lankaise arrête au large de la côte ouest du Sri-Lanka, 90 personnes qui voyageaient illégalement dans un chalutier à destination de l'île de la Réunion.

Lire aussi => 90 migrants sri-lankais arrêtés sur un chalutier à destination de La Réunion.

Mercredi 21 mars 2018 : Six Sri Lankais sont retrouvés en mer au large de Saint-Gilles. Ils étaient à bord d'un radeau bricolé et ont été retrouvés en bonne santé par le CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage). Ils auraient quitté leur pays il y a une vingtaine de jours. Leur navire aurait sombré deux jours plus tôt.

Lire aussi => Des Sri Lankais retrouvés en mer au large de Saint-Gilles

www.ipreunion.com

guest
3 Commentaires
Pour et contre
Pour et contre
5 ans

Nous sommes solidaire ns mais la faut pas pousser le bouchon. 62 après 7 après combien vont venir c'est du bouche à oreille ils sont trouvés la bonne parole "demande d'asile". Attendez encore un peu c'est pas les derniers bateaux qui vont accostés. Quand ou croit la fini bin non néna encore i vient. Après les personnes qui insultes c'est pas le meilleur moyen d'exprimer leurs mécontentement. Taler la pu la place pour ns reunionnais comment accueillir d'autres personnes. J'espère que nos SDF reunionnais connaîtrons aussi un mouvement de générosité venant des associations qui aident actuellement ces migrants

Tilmuch
Tilmuch
5 ans

Un socialiste bon teint alors premier SINISTRE de Mitterrand Michel Rocard je cite ces paroles : la France ne peut pas répondre à toutes les misères du monde alors que se passe t-il???BientÃ't si vous écrivez des vérités sur cet événement on vous fera taire comme cela se passe en métropole et vous vous tairez. Il ne faut pas perdre de vue ces décideurs de l'ONU et la signature du morveux Macron. La France est tenu d'accepter 7 millions de migrants. Est-cela le remplacement??? Je m'associe au désappointement de ce compatriote.

JeanS
JeanS
5 ans

La gestion des migrants n'est pas du ressort d'un département en France , exigeons le même traitement pour ceux qui arrivent à la Réunion ; nul doute que le petit nombre de migrants actuels ne peut que se multiplier de façon exponentielle et pas seulement du Sri Lanka . Il suffit de recenser les "non-démocraties" de l'océan indien , y compris Madagascar !