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Endométriose

Avec "Mon coach endo", Fanny accompagne les femmes et les entreprises vers un mieux-vivre

  • Publié le 20 juillet 2025 à 06:10
  • Actualisé le 20 juillet 2025 à 08:36
femme

Comme une femme sur dix en France, Fanny de Loze vit avec l'endométriose, une maladie chronique encore trop peu visible. En 2025, la cheffe d'entreprise lance "Mon coach endo", un projet qui propose un accompagnement pour les personnes atteintes de la maladie. Elle mène aussi des actions en entreprise pour sensibiliser à la qualité de vie de ces personnes au travail. Rencontre (Photo www.imazpress.com)

Parlez-nous de vous et comment est né votre projet "Mon coach Endo".

Fanny de Loze : "Je suis cheffe d’entreprise depuis 12 ans et je viens du secteur de l'hôtellerie. Je continue à travailler dans ce domaine en proposant de la formation. C’est un métier passion.

En 2011, j’ai été diagnostiquée. Atteinte d’endométriose sévère, j’ai vécu les douleurs chroniques, l’errance médicale et l’impact de la maladie sur le quotidien. J’ai traversé les épreuves de la FIV et de l’adoption, avec leurs attentes, leurs incertitudes et leurs défis. Et encore aujourd’hui mon endo me fait souffrir.

Récemment, j’ai perdu ma maman. Elle aussi souffrait d’endométriose et quand elle avait 20 ans, elle avait été charcutée par un médecin qui voulait essayer de soigner cette maladie. Elle a fini par adopter trois enfants indiens, dont moi-même.

C'est un peu tout ça qui m'a motivé à lancer "Mon coach Endo". J'y pense depuis longtemps mais le décès de ma mère a été le coup de boost dont j'avais besoin. Mon projet a vu le jour le 28 mars 2025, Journée mondiale de l'endométriose. Tout un symbole. C'est une initiative qui aborde des enjeux de société majeurs comme la santé des femmes, la reconnaissance des handicaps invisibles, la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT)… le tout, ancré dans le contexte réunionnais".

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- "Aider la personne à trouver son chemin vers le rétablissement" -

Que proposez-vous avec "Mon coach Endo" ?

Fanny de Loze : "L'idée est d'aborder des thématiques comme la perte de confiance en soi. Que ce soit de l'estime de soi au travail ou dans sa vie personnelle. On parle aussi d'évolution au travail, de culpabilité.. puisque certaines femmes se sentent trahies par leur propre corps. Enfin, il est question de relations : avec la famille, les ami.e.s, les conjoint.e.s.

Mon accompagnement peut s'adresser à deux publics différents : les particuliers et les entreprises. Pour les premières, il s'agit d'offrir un coaching sur mesure. Je travaille avec les femmes atteintes d'endométriose sur des objectifs concrets que l'on fixe dès le départ. Je ne suis pas psychologue ni gynécologue, alors je fais très attention à ne pas me substituer aux professionnels de santé mais travailler en collaboration avec eux. Je ne donnerai jamais de conseil mais je vais aider la personne à trouver son chemin vers le rétablissement.

Concernant les entreprises, je travaille à sensibiliser et faire connaître la maladie. Mais aussi l’impact qu'elle peut avoir sur la vie professionnelle. J'évoque également les réponses concrètes qui émergent localement. Tout ça, grâce à la formation que j'ai créée pour apprendre aux managers à parler de ce sujet ou encore agir en prenant compte du code du travail. Pour cela, je me suis entourée d'un avocat

Il faut aussi noter que je suis certifiée Qualiopi, c'est-à-dire que mes formations peuvent être partiellement financées par l'État".

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Avez-vous déjà accompagné des femmes ou des entreprises ?

Fanny de Loze : " J'ai voulu tester mon produit alors j'ai proposé du coaching bénévole dans des cabinets de kiné. Puisque les femmes atteintes d’endométriose ont souvent besoin de séances. En parlant de mon accompagnement aux femmes qui m'entourent j'ai aussi pu recueillir des avis. Beaucoup se confient en me parlant de leurs difficultés ce qui permet de faire avancer le projet.

Pour le moment, je n'ai pas encore accompagné d'entreprise mais j'ai beaucoup de demandes. Je vise surtout les grosses boîtes et j'attends de finaliser mes formations adressées aux professionnels".

- "Une maladie à la mode" et des "femmes qui font semblant" -

Quels sont les obstacles auxquels vous devez faire face jusqu'à maintenant ?

Fanny de Loze : "J'entends tout type de discours : "C'est une maladie à la mode", "les femmes font semblant"... C'est toute une liste d'idées reçues à déconstruire. L'endométriose est intime et invisible alors pour beaucoup de femmes c'est compliqué d'en parler. Encore plus dans le milieu professionnel. Ça me révolte un peu quand on parle de l’égalité homme/femme alors qu'une femme est susceptible d'avoir mal au ventre 20 jours par mois... ça n’est pas égal du tout.

Et puis, des études sont en cours mais n'existe pas encore de cause officielle de l’endométriose. Certes il y a de nombreux symptômes qui reviennent souvent mais certains sont plus rares et varient d'une femme à l'autre. Malheureusement, on observe toujours beaucoup d’errance médicale. Cette maladie n'est pas forcément connue de tous les professionnels de santé".

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Comment voyez-vous "Mon coach Endo" évoluer ?

Fanny de Loze : "Je me suis rapprochée de partenaires du domaine de la santé et institutionnels pour mettre des choses en place. De beaux projets sont en cours. Je suis d'ailleurs formée à être "patient partenaire". C'est une personne atteinte de la maladie, qui la connaît et qui va partager son vécu afin de co-construire le parcours de soin le plus adapté aux réalités du terrain. Avec mon expérience de formatrice, cela me donne une légitimité pour aider d'autres patients.

Parmi les nouveautés, j'ai pu me procurer un simulateur de règles. L’idée sera de l'utiliser lors de mes formations : équipés de la machine, je demanderai à des femmes et des hommes de réaliser une tâche simple. Les résultats feront certainement réagir.

Enfin, je fais partie des quatre finalistes pour le trophée Perle de Lait, organisé par Yoplait. C'est un concours qui soutient l’entrepreneuriat féminin, avec une bourse et un accompagnement à la clé. Ça promet d'être un beau moment pour parler et mettre en avant l'endométriose".

vg/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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