Réglementation

Parapente : au gré du vent, mais pas n'importe comment

  • Publié le 20 août 2023 à 10:25
  • Actualisé le 20 août 2023 à 13:42
Un concours de parapente Master Accro se de?roule a? Saint-Leu ce dimanche. (Photo RB Imaz Press Re?union)

La pratique du vol libre est en pleine expansion à La Réunion et le nombre de licenciés ne cesse de croître. Les parapentistes, de niveaux différents, se retrouvent le plus souvent sur la zone d'atterrissage très fréquentée de Kélonia (Saint-Leu) qui a récemment été le théâtre de graves accidents. Une situation qui interroge sur la réglementation en vigueur autour de la pratique mais aussi sur la mise à disposition de zone d'atterrissage adaptée (Photo rb/www.imazpress.com)

Le 20 juin, une sexagénaire perdait la vie dans un accident de parapente à Saint-Leu. Âgée de 63 ans, elle aurait eu des difficultés à son atterrissage sur la plage.

Quelques mois plus tôt, le 1er mars, un enfant de 5 ans était gravement blessé sur cette même piste d'atterrissage après avoir été percuté par un parapentiste. Il avait été pris en charge en état d'urgence absolue par les secours et évacué vers le CHU Sud après le violent choc.

Ces deux incidents récents ont fait l'objet d'enquêtes internes au sein de la ligue de vol libre de La Réunion pour déterminer leurs circonstances mais aussi éviter que cela ne se reproduise.

À La Réunion, plus de 800 licenciés pratiquent le parapente. Une activité à la réglementation complexe.

- Une réglementation complexe -

"Si on se base sur la règlementation française, l'État n'oblige en rien en termes d'activité aérienne non motorisée sauf avoir une responsabilité civile aérienne" indique Joël Loire, président de la ligue de vol libre de La Réunion.

Dans les mesures communiquées par la préfecture, il est indiqué que "les vols peuvent être pratiqués librement sous conditions pour la pratique encadrée dans une structure fédérale".

Parmi les conditions, il faut être âgé d'au moins 12 ans, être porteur des équipements de protection individuelle et posséder obligatoirement une responsabilité civile aérienne en cours de validité.

En ce qui concerne les zones de décollage et d'atterrissage, les pratiquants peuvent se poser sur n'importe quelle plage, étant donné qu'elles sont des domaines publics appartenant à l'État.

"On demande tout de même des autorisations auprès de la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL) pour se poser sur les plages comme celle de Saint-Leu près de Kélonia" indique Joel Loire avant de préciser que les pratiquants peuvent tout de même se poser légalement en dehors de cet espace.

Le maire de Saint-Leu a cependant interdit par arrêté l'atterrissage du port jusqu'à la sortie sud de la commune, une zone très fréquentée. Un arrêté que la ligue de vol libre demande de respecter.

Pour le vol, les seules zones interdites par la réglementation sont celles où des prescriptions ont été établies par le code de l’Aviation Civile comme de la Grande Chaloupe à l'aéroport de Rolland Garros.

- Malgré la formation, pas de risque zéro -

Même si la loi n'impose pas d'obligation de formation, Joël Loire y met un point d'honneur au sein de la ligue.

"Avec les derniers évènements, on pourrait supposer qu'il y a un problème de formation mais ce n'est pas le cas. La majorité des gens passent par une école de formation fédérale et nous souhaitons qu'ils soient le plus préparés possible" affirme-t-il.

Dans le cas de l'accident du 1er mars, le président de ligue nous révèle que la personne, venue faire deux jours de pré-formation "n'avait pas du tout le niveau requis pour voler seule".

"Le problème c'est que n'importe qui peut décoller en parapente pour se poser à Kélonia s'il le souhaite" développe Joël Loire.

Malgré la formation, "le risque zéro n'existe pas" affirme-t-il "même si dans les chiffres d'accidentologie elle prouve son efficacité".

"99% des accidents en France sont liés à un facteur humain. Vous pouvez être le plus formés au monde, si vous vous rater, en particulier près du sol, il peut arriver le pire"

C'est pourquoi la ligue a décidé de travailler davantage sur la sécurisation des parcours avec une commission de gestion des risques et de la prévention auprès des clubs qu est assurée par des animateurs de sécurité formés.

- Une piste plus grande et plus sécurisée -

Les parcours de vol à La Réunion se terminent pour beaucoup sur le site de Kélonia, "souvent surfréquenté par les professionnels et les touristes" selon Joël Loire.

"Les difficultés des parapentistes sont le plus souvent rencontrées à l'atterrissage. Sur la plage, la zone est plus lisible, on dit aux licenciés de s'y poser, mais le problème majeur à Saint-Leu est la surfréquentation" développe-t-il.

Pour la ligue et les professionnels, il devient nécessaire d'avoir une piste plus grande et plus sécurisée.

"Cela fait 30 ans que le site est le même. L'atterrissage n'est pas compliqué à gérer mais demande quand même de l'expérience comme il est en bord de mer d'autant plus que les plages sont petites à La Réunion et qu'il y a beaucoup de parapentes en même temps sur une même zone" expose le président.

Pour tenter d'élargir la zone, la ligue se met régulièrement en contact avec les institutions concernées. "Ce qui est compliqué c'est la disponibilité des terrains mais nous faisons le maximum pour améliorer les conditions de pratique".

Des négociations seraient en cours avec la mairie de Trois-Bassins pour définir une seconde piste qui permettrait d'assouplir celle de Kélonia.

ks/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires