Rapport de l'Insee

En 2021 à La Réunion, un quart des salariés est embauché en contrat à durée limitée

  • Publié le 27 octobre 2022 à 15:27
Entreprises

L'Insee Réunion a publié ce jeudi 27 octobre 2022 un rapport sur "les contrats à durée limitée dans le secteur privé à La Réunion". D'après ce rapport, en 2021, un quart des personnes salariés à la Réunion dispose d'un contrat à durée limitée, dans le secteur public ou privé. Les contrats courts, les embauches en missions d'intérim ou en CDD ont ainsi fortement augmenté à La Réunion. Nous publions ci-dessous le communiqué de l'Insee. (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)

En 2019, juste avant la crise Covid, près d’un quart du salariat privé travaille sous un contrat à durée limitée à La Réunion, une part un peu plus élevée qu’ailleurs en France. Les entreprises et les associations réunionnaises embauchent davantage en contrats à durée déterminée (CDD) qu’ailleurs, alors qu’elles ont moins recours à l’intérim. Elles bénéficient aussi plus souvent d’emplois aidés, notamment dans les services aux particuliers et dans le commerce.

Dès 2021, alors qu’une sortie de crise se profile, les contrats courts sont largement mobilisés dans une conjoncture économique incertaine, et génèrent une forte croissance de l’emploi. Les embauches en missions d’intérim ou en CDD augmentent fortement. Sous l’impulsion du Plan de relance, les contrats d’apprentissage accompagnent aussi la dynamique de l’emploi, avec des recrutements plutôt cohérents avec les besoins en main-d’œuvre à venir dans chaque secteur.

Analyses dans le détail :

En 2021, près d’un quart des personnes salariées à La Réunion disposent d’un contrat à durée limitée, que ce soit dans le secteur public ou privé. Elles sont sous contrat à durée déterminée (CDD), en mission d’intérim, sur un emploi aidé ou apprenties. La fonction publique a un peu plus recours aux contrats à durée limitée que le secteur privé : elle fait alors appel à des contrats aidés et d’autres contractuels.

- Plus d'un quart des salariés du privé en contrat à durée limitée en 2019 -

En 2019, avant la crise Covid, 37 500 personnes travaillent sous un contrat à durée limitée dans le secteur privé (hors particuliers-employeurs), soit 23 % du salariat réunionnais privé. Cette part est un peu plus élevée qu’en France métropolitaine, hors Île-de-France (19 %). Tout comme les Antilles et la Guyane, La Réunion fait partie des départements les plus concernés. Pourtant, son tissu économique est a priori peu favorable à ces contrats dits « courts ». Les activités saisonnières sont en effet moins présentes à La Réunion : elles concernent 7 % des emplois contre 12 % dans les régions de province en 2017 Le secteur de l’industrie, qui emploie fréquemment des intérimaires, est aussi moins présent sur l’île : il est à l’origine de seulement 13 % des heures travaillées du secteur privé, contre 22 % en province en 2019.

- Plus d'emplois aidés et de CDD, mais moins d’intérim -

Le recours plus important qu’ailleurs aux contrats à durée limitée résulte d’une utilisation nettement plus importante des emplois aidés à La Réunion. En 2019, 7 900 personnes travaillent dans le privé sous un contrat aidé ou via un dispositif de l’insertion par l’activité économique, soit 5% des emplois. Cette part est plus élevée qu’en province (2 %) et que dans l’Orne et la Haute-Loire (3 %), les autres départements les plus concernés, ou qu’aux Antilles et en Guyane. Quel que soit le secteur, les entreprises et les associations réunionnaises ont nettement plus souvent recours à un emploi aidé, notamment dans les services aux particuliers, l’hébergement-restauration et le commerce. Par exemple, dans l’hébergement restauration, les emplois aidés représentent 28 % des heures travaillées, soit sept fois plus qu’en province (4 %).

Mais comme partout ailleurs, les contrats à durée limitée sont d’abord des CDD : le secteur privé en propose 20 000 à La Réunion en 2019. Les CDD y sont même davantage utilisés qu’en province : ils représentent 12 % des emplois contre 9 % ailleurs. Cet usage plus répandu s’explique notamment par un recours plus modéré aux contrats intérimaires sur l’île : 4 % des emplois contre 6 % en province. Dans la construction et l’industrie en particulier, les CDD restent plus fréquents que l’intérim, contrairement à l’Hexagone. Les agences d’intérim sont en effet moins implantées sur l’île, notamment dans la microrégion Est, où l’intérim est encore moins présent que dans le reste du département. Quant à l’apprentissage, avant la crise sanitaire, il est autant développé à La Réunion qu’ailleurs avec 2 % des emplois salariés concernés, soit 2 800 apprenti·es. Au-delà de l’apprentissage qui leur est bien souvent destiné, les jeunes sont plus souvent en contrat à durée limitée. Les contrats courts permettent en effet une première expérience professionnelle. Les femmes et les hommes sont aussi souvent embauchés sous un contrat à duré limitée, mais les femmes travaillent davantage en CDD et sont moins intérimaires ou apprenties.

- Les secteurs du commerce et des services aux particuliers concernés -

Dans le commerce, les employeurs réunionnais embauchent davantage sous contrat à durée limitée que leurs homologues de province : 20 % des heures travaillées du secteur privé y sont effectuées par des salariés en contrat « court » contre 14 % ailleurs. C’est aussi le cas dans les « autres services aux particuliers », majoritairement composés des activités des organisations associatives, avec un écart encore plus marqué : 42 % contre 24 %. Cependant, ce secteur ne rassemble que 3 % des heures travaillées du secteur privé, soit sept fois moins que le commerce (21 %). Dans les autres secteurs, les employeurs réunionnais choisissent de proposer un contrat à durée limitée plutôt qu’un contrat à durée indéterminée (CDI) dans des proportions semblables au niveau national. Par exemple, à La Réunion comme ailleurs, seules 10 % des heures effectuées dans les « autres services aux entreprises » sont réalisées par des salariés sous contrats à durée limitée, contre environ 25 % dans l’hébergement- restauration.

- Intérim, CDD et apprentissage pour une dynamique de l'emploi après Covid -

La part de contrats à durée limitée reste relativement stable entre 2014 et le début de la crise sanitaire mais depuis, les employeurs y ont de plus en plus recours. L’emploi augmente fortement depuis la fin du confinement au 2ème trimestre 2020 : cette dynamique est portée par les contrats à durée limitée. Ces contrats permettent en effet aux entreprises et associations de s’adapter à la conjoncture économique à brève échéance, notamment dans la période d’incertitude qu’elles ont traversées durant la crise sanitaire.

Pendant le premier confinement de 2020, les travailleurs et travailleuses sous contrat à durée limitée ont pâti de la chute brutale de l’activité économique : leur contrat n’a pas toujours pu être renouvelé. Par la suite, mis à part les secteurs les plus touchés par la baisse d’activité, les entreprises ont eu fortement recours aux contrats « courts ». En particulier, les missions d’intérim augmentent de 27 % en 2021 par rapport à 2019.

Hors intérim, les embauches augmentent de 17 %. En particulier, elles augmentent fortement sur des CDD très courts, de moins d’un mois, dans les activités de mise à disposition de ressources humaines aux entreprises (+ 18 100), ainsi que de conseil pour les affaires (+ 11 600). En revanche, les embauches en CDD très courts baissent dans l’hébergement- restauration (– 8 100), mais aussi dans les transports (– 2 300), secteurs touristiques qui ont pâti des fortes restrictions sanitaires. Pour autant, quel que soit le secteur, les embauches en CDI restent stables voire augmentent entre 2019 et 2021 (+ 7 % au total), tout comme les embauches en CDD de plus d’un mois (+ 22 %). Plusieurs dispositifs de soutien à l’embauche et à la formation accompagnent cette dynamique de sortie de crise. Dans le cadre du dispositif « France Relance » et du plan « 1 jeune, 1 solution », une aide exceptionnelle de l’État est accordée aux employeurs pour les embauches en contrat d’apprentissage. Déployée de juillet 2020 à décembre 2022, cette aide a pour objectif de faciliter l’insertion sur le marché du travail des jeunes, particulièrement touchés par la crise sanitaire. En 2021, 12 000 jeunes entrent en apprentissage, soit trois fois plus qu’en 2019.

- 13.300 contrats PEC en 2021 -

Les entrées en contrats aidés augmentent aussi pour soutenir l’emploi, avec un ciblage renforcé sur les jeunes bénéficiaires. En 2021, 13 300 Réunionnaises et Réunionnais contractent un « parcours emploi compétences » (PEC), soit 2 200 de plus qu’en 2019. Ces contrats aidés sont destinés aux secteurs non marchands : près d’un tiers des employeurs sont des associations et les deux tiers restants la fonction publique. Les contrats aidés dédiés aux entreprises des secteurs marchands augmentent aussi pour atteindre 2 500 entrées en contrat initiative emploi (CIE) en 2021, soit 400 de plus qu’en 2019. Enfin, les dispositifs d’insertion par l’activité économique (IAE), déployés dans des associations et entreprises qui s’engagent à employer des personnes très éloignées de l’emploi, ont eux aussi progressé : 5 800 entrées en 2021, soit 1 700 de plus qu’en 2019. La majorité de ces entrées supplémentaires se font pour des missions d’intérim dans des activités de « soutien aux entreprises », notamment pour du nettoyage et de l’entretien de locaux, très mobilisés durant cette période de pandémie.

- Des recrutements en apprentissage pour les besoins en main-d’œuvre à venir -

Depuis le début de la crise sanitaire, tous les secteurs utilisent davantage les dispositifs de soutien à l’emploi. Une fois leur contrat terminé, au bout d’un an en moyenne, l’insertion dans l’emploi des bénéficiaires de ces dispositifs reste néanmoins difficile. Parmi les élèves terminant leur cycle
d’apprentissage avec un diplôme de niveau CAP ou BTS en 2020, 4 sur 10 sont en emploi salarié six mois après leur sortie, contre 6 sur 10 au niveau national. Le diplôme préparé joue sur l’insertion : le marché du travail est davantage accessible avec un BTS qu’avec un CAP par exemple. Le secteur d’activité dans lequel l’apprentissage a été effectué est lui aussi déterminant. Trouver un emploi est plus facile pour celles et ceux qui ont travaillé dans les secteurs où les besoins en main-d’œuvre sont importants ou dans des secteurs en tension en raison des difficultés de recrutement, tels que l’hébergement et la restauration, la construction ou l’industrie.

Pour 2022, les employeurs prévoient une hausse des embauches dans tous les secteurs, à l’exception des « autres services aux particuliers », essentiellement constitués d’associations de quartiers et d’associations culturelles et sportives, qui pâtissent toujours de la crise sanitaire. La santé et le social ont par exemple recruté 700 apprenti·es de plus en 2021 par rapport à 2019, en cohérence avec les 1 700 embauches supplémentaires prévues en 2022, notamment dans les caisses des écoles et les centres communaux d’action sociale, dans l’aide à domicile et l’accueil de jeunes enfants. Ces embauches se font notamment via les contrats aidés PEC, qui ont augmenté de 900, mais aussi via l’IAE, en hausse de 200. C’est dans le commerce que la hausse des entrées via des dispositifs de soutien à l’emploi est la plus importante : 2 600 apprenti·es, + 300 contrats aidés CIE. Pourtant, les recrutements sous contrat à durée limitée y étaient déjà plus fréquents en 2019 que dans l’Hexagone et les intentions d’embauche pour 2022 n’y augmentent que de 500. En lien avec la rareté de l’emploi à La Réunion, l’insertion est particulièrement difficile pour les bénéficiaires d’un contrat aidé PEC, davantage encore qu’au niveau national. Parmi celles et ceux qui terminent leur PEC en 2021, seuls deux sur dix sont en emploi six mois après. L’insertion à la sortie d’un dispositif de l’IAE est deux fois plus fréquente : quatre sur dix sont en emploi. Mais ces emplois sont le plus souvent à temps partiel et de courte durée. Un éventuel passage en CDI nécessitera encore du temps puisqu’à La Réunion comme ailleurs, en 2019, seuls 11 % des intérimaires sont en CDI six mois après leur mission d’intérim et 6 % des personnes en CDD.

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