Outre-mer : 16 prisons pour 6.600 détenus, l’État promet de nouvelles places et des réformes d’ici 2030

  • Publié le 12 novembre 2025 à 02:59
  • Actualisé le 12 novembre 2025 à 08:07
Prison domenjod

Les établissements pénitentiaires ultramarins demeurent parmi les plus surpeuplés de France. Au 1er avril 2025, on y recensait 6.636 personnes détenues pour 4.574 places opérationnelles, réparties dans 16 établissements. Le taux d’occupation atteint ainsi 145 % en moyenne, bien au-dessus de la moyenne nationale déjà critique. Face à cette situation, le gouvernement assure qu’un vaste programme immobilier et des mesures d’accompagnement sont en cours, afin d’améliorer les conditions de détention et de travail du personnel pénitentiaire (Photo d'illustration www.imazpress.com)

En Guadeloupe, l’extension du centre pénitentiaire de Baie-Mahault a démarré en 2023 : 300 places supplémentaires devraient être livrées en 2027. La maison d’arrêt de Basse-Terre fera, elle, l’objet d’une reconstruction complète, avec 200 nouvelles places prévues à la même échéance.

En Martinique, les travaux de la structure d’accompagnement vers la sortie (SAS) de Ducos ont débuté en octobre 2022. La prise de possession est annoncée pour cette année. Cette structure vise à faciliter la réinsertion progressive des détenus en fin de peine.

En Guyane, un centre pénitentiaire de 495 places sera construit d’ici 2029, afin de désengorger la prison de Rémire-Montjoly, dont le taux d’occupation dépasse 220 %. Les travaux préparatoires doivent commencer à l’été 2025.

À Mayotte, la création d’un second centre pénitentiaire de 400 places a été confirmée. Une mission foncière est toujours en cours pour définir l’emplacement du futur site.

En Nouvelle-Calédonie enfin, 38 millions d’euros ont été investis pour la réfection complète du centre pénitentiaire de Camp Est à Nouméa. L’ensemble des cellules sera rénové d’ici 2027, dans le cadre d’un chantier engagé depuis 2022.

Lire aussi : Outre-mer : les prisons à bout de souffle, le système carcéral au bord de la rupture

- À La Réunion, l’État promet des moyens supplémentaires -

En déplacement officiel sur l’île, l’administrateur national des prisons Sébastien Cauwel a annoncé la création de 36 postes dédiés à la sécurité pénitentiaire dans les trois établissements réunionnais d’ici deux ans. Vingt-cinq postes seront ouverts dès 2026 et onze autres suivront dans les deux ans. Ces agents seront spécialisés dans la sécurisation des établissements, les extractions médicales et la surveillance périmétrique.

La répartition est déjà connue : 17 postes à Saint-Denis (Domenjod), 16 au Port et 7 à Saint-Pierre. Ces renforts viendront compléter les équipes déjà en place, notamment à Domenjod où dix agents sont actuellement formés pour intervenir en cas de projections extérieures. Une base cynotechnique sera également créée, dotée de quatre agents maîtres-chiens et de deux chiens spécialisés dans la détection des stupéfiants et des armes. Une enveloppe de deux millions d’euros accompagnera ces mesures afin d’améliorer les conditions de travail des surveillants et de renforcer la sécurité des établissements.

Ces annonces vont dans le bon sens sur le plan sécuritaire, estime Vincent Pardoux, représentant de FO pénitentiaire, tout en rappelant qu’il existe encore de nombreux postes vacants : "Il manque 23 postes à Saint-Denis, 11 au Port et bientôt 14 avec les départs à la retraite."

En revanche, aucune annonce n’a été faite concernant la réhabilitation de la prison de Saint-Pierre, pourtant jugée vétuste par la contrôleure générale des prisons, ni sur la création d’une unité psychiatrique tant attendue. "Nous allons engager la discussion avec le ministère de la Santé", s’est limité à indiquer Sébastien Cauwel.

"Seule perspective confirmée, la construction d’une prison modulaire au Port d’ici 2027, sous réserve des budgets inscrits dans le projet de loi de finances. Ces structures, a précisé le directeur, sont plus rapides à construire et moins coûteuses pour le contribuable, tant pour les agents que pour les personnes détenues", a précisé Sébastien Cauwel.

- Une politique axée sur la réinsertion -

En complément des chantiers immobiliers, le gouvernement met en avant une politique de travail d’intérêt général (TIG) et de réinsertion. En Nouvelle-Calédonie, les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) ont exécuté 878 mesures de TIG par mois en moyenne en 2024. Des dispositifs similaires sont appelés à être renforcés à La Réunion et en Martinique, afin de développer les alternatives à l’incarcération.

Les autorités affirment vouloir "réconcilier sécurité, dignité et réinsertion", en développant des partenariats locaux avec les collectivités, associations et entreprises d’insertion.

Si les annonces se multiplient, les observateurs rappellent que la majorité des nouveaux projets ne verront le jour qu’entre 2027 et 2030. En attendant, les prisons ultramarines demeurent confrontées à des conditions de détention très dégradées : promiscuité, manque de personnel, tensions et insalubrité.

"Les établissements d’Outre-mer cumulent tous les facteurs de fragilité : éloignement, sous-effectifs, vétusté et sur-occupation chronique", résume un syndicaliste pénitentiaire réunionnais.

Pour l’heure, la visite de l’administrateur national aura au moins eu le mérite de replacer la question carcérale ultramarine au cœur des priorités gouvernementales. Reste à savoir si, cette fois, les promesses seront tenues.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
1 Commentaires
Spl estival
Spl estival
3 heures

On prepare piur l'affaire SPL ESTIVAL ?