A découvrir jusqu'au 28 octobre

Psychotraum'Artistes : quand l'art libère la parole des femmes victimes de violences sexuelles

  • Publié le 24 septembre 2022 à 09:50
  • Actualisé le 24 septembre 2022 à 10:05

Jusqu'au vendredi 28 octobre 2022, l'association Alon féminisme Réunion propose de découvrir les témoignages d'une vingtaine de femmes ayant subi des violences sexuelles et les traumatismes qui en résultent, au travers de l'exposition "Psychotraum'Artistes". Au travers de dessins, de peintures, de collages, de sculptures ou encore de poèmes, elles expriment leurs vécus.

Elise Amy, 35 ans, membre de l'association Alon féminisme Réunion, est à l'origine de ce projet artistique. "Cette exposition reflète mon propre parcours", explique-t-elle. Il y a trois ans, la jeune femme a eu "une levée" de son amnésie traumatique. Il s'agit d'un trouble de la mémoire, encore peu connu du grand public et parfois des professionnels en contact avec les victimes. Il survient suite à l'exposition d'un ou plusieurs événements traumatisants. La totalité de l'événement est partielle ou est inexistant de la mémoire narrative e.

Pour Elise Amy, cette amnésie cachait des violences sexuelles subies durant l'enfance. "Lorsque les souvenirs ont refait surface, il me fallait extérioriser ce que je ressentais, les images qui me revenaient", confie-t-elle. C'est dans l'art qu'elle trouve son exutoire. Si créer lui a permis d'extérioriser son expérience, cela est devenu pour elle une façon de sensibiliser le public "sur un phénomène aux conséquences graves". "C'est important d'exprimer les violences autrement que par des chiffres", dit-elle. "L'idée de l'exposition m'est venue lorsqu'on m' conseillé d'exposer mes productions", raconte Elise Amy. "J'y ai vu l'opportunité de dire à d'autres victimes qu'elles n'étaient pas seules", poursuit-elle. "Grâce à l'association Alon féminisme Réunion et la mobilisation des réseaux d'accompagnement des victimes, nous avons commencé à réunir les différentes œuvres", indique-t-elle.

Psychotraum'Artistes
Photo de Elise Amy, membre de l'association Alon féminisme Réunion

-"Cela fait partie de mon histoire"-

Pour l'une des participantes, ce projet lui a permis d'accepter son histoire. "Je dessinais et peignais déjà depuis l'adolescence mais je m'appuyais sur des photographies ou des toiles déjà réalisées", indique l'artiste. "Tardivement, j'ai essayé la peinture acrylique et enfin je l'ai mélangé à l'huile dans une sorte de technique mixte", détaille-t-elle. Bien qu'elle ne se considère pas comme une artiste, elle "aime créer", cela lui procurant "beaucoup de satisfaction"

"C'est le docteur Visnelda Douzain qui m’a parlé du projet, mais à l’époque je n’étais pas prête", confie-t-elle. "Je ne voulais pas que mes toutes premières créations soient connotées "psychotrauma ou violences sexuelles" et qu’à chaque fois que je les regarde, c’est cette étiquette qui me revienne", explique cette dernière.

Après être allée à la première exposition, elle en ressort bouleversée. "Ce qui m’a troublé, c’est de constater à quel point j’aurais pu écrire ou peindre les œuvres exposées", dit-elle. "On se retrouve toutes et tous dans nos créations et c’est ce partage, cette connexion qui a fait germer l’idée d’exposer moi aussi", poursuit-elle.

"Aujourd’hui avec le recul je peux lire mes créations de diverses façons, ce qui je trouve est une force", estime-t-elle. "Elles représentent aujourd’hui une libération de la parole, une façon d’accepter aussi ce qui m’est arrivé ainsi que mon ressenti durant toutes ces années à la recherche d'un mieux-être".

-Améliorer la prise en charge des victimes-

Au-delà de la dimension artistique, l'exposition aborde la sensibilisation du grand public mais aussi celle des professionnels en contact avec les victimes sur les mécanismes psycho-traumatiques méconnus. "On s'est rendu compte que ces mécanismes sont encore peu connus des professionnels accompagnant les victimes de violences sexuelles", note-t-elle.

"Il y a donc une partie artistique et une partie plutôt "éducative" avec de grands panneaux expliquant ces mécanismes comme l'amnésie traumatique par exemple pour améliorer sur le long terme la prise en charge des victimes", ajoute Elise May.

Pour cette partie scientifique, l'ensemble du contenu scientifique de l'exposition a été validé par le docteur Christine Visnelda-Douzain, psychiatre spécialiste des psychotraumas et le centre de ressource NOE (Nord-Ouest-Est).

Pour tous ceux qui souhaitent découvrir le témoignage de ces femmes résilientes et en savoir davantage sur les psychotraumas, rendez-vous à la médiathèque de Trois-Bassins jusqu'au vendredi 28 octobre 2022.

mp/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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