La parole décomplexée

Quand les insultes et sorties racistes deviennent la norme de la télévision

  • Publié le 16 novembre 2022 à 17:50
  • Actualisé le 16 novembre 2022 à 21:56

Y a-t-il encore quelqu’un pour réguler ce que l’on peut dire dans les médias ou pas ? Ces dernières années, les sorties les plus ahurissantes les unes des autres se multiplient, notamment sur les plateaux télés, sans que cela semble émouvoir grand monde, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique la première. Et si l’on peut toujours se défendre en brandissant l’argument de la liberté d’expression, certains semblent - commodément - oublier que cette dernière reste encadrée par loi. (Photo photo RB imazpress)

« Qu’ils restent en Afrique », une phrase que l’on semble entendre chaque semaine désormais en France, un peu partout dans les médias…ou au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

On pourrait presque être surpris que peu de monde y trouve grand chose à redire, mais malheureusement, les sorties chocs sont devenus la norme, dans un paysage médiatique où insulter et hurler est de plus en plus banal.

Pire, pour certains médias, c’est tout simplement devenu le fonds de commerce. Comment expliquer sinon, la sollicitation d’Eric Zemmour par exemple sur la question de l’Ocean Viking, qui transportait 240 réfugiés ? Candidat déchu de la présidentielle, où il n’a cumulé que 7% des votes, ce dernier ne représente aucun mandat. Quel intérêt donc, de lui demander son avis - que l’on connait déjà - si ce n’est attiser un peu plus la haine ?

Le cas Hanouna

Certains plateaux télés sont plus coupables que d’autres. Les insultes et autres bouffonneries sont tout de même plus simple à trouver sur un plateau de CNews ou C8, que sur le service public. Rien de bien étonnant alors de voir un élu de la nation se faire insulter en direct par un présentateur télé qui n’a vraisemblablement pas apprécié que l’on critique son patron.

Vincent Bolloré, grand magnat des médias, patron du groupe Canal+, et véritable tremplin pour Eric Zemmour, ne saurait être insulté sur sa propre chaîne.

« Abruti », « tocard », « merde », c’est toute une déferlante d’insulte qu’a reçu Louis Boyard, député LFI. Si l’on peut critiquer le fait qu’il a lui-même travaillé pour Touche pas à mon poste en 2021, se satisfaire de cet argument pour justifier la violence verbale envers un élu semble légèrement exagéré.

Si cela ne suffisait pas, Cyril Hanouna a rempilé avec une émission de deux heures revenant sur les faits, en remixant l’altercation à sa sauce. Et en s’entourant exclusivement de personnes qui ne le contrediraient pas.

Dans ce contexte, on ne peut que s’inquiéter de ce que devient la télévision, et plus largement, la liberté de la presse.

Bonne nouvelle cependant, l'Arcom s'est saisie de l'affaire TPMP. Peut-être fera-t-elle son travail - pour une fois.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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