Les critères de fichage ont été modifiés (actualisé)

Radicalisation : le nombre de fichés S a diminué à La Réunion

  • Publié le 2 mars 2019 à 08:42

À l'heure actuelle, selon nos informations, une soixantaine de personnes fichées S sont sous surveillance dans l'île. Parmi elles, des individus radicalisés, pour eux la surveillance des services de renseignements est accrue. Les derniers chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur il y a deux ans faisaient état de 142 personnes signalées comme radicalisées à La Réunion. Notre département était alors considéré comme le terreau le plus fertile des Outre-mer en la matière. Un chiffre en nette diminution notamment dû au changement de critères pour déterminer le fichage d'un individu.

La radicalisation, un sujet devenu opaque

Il y a encore deux ans, la préfecture communiquait de manière transparente sur la radicalisation. Des chiffres, les méthodes pour reconnaître les signes d'un début de radicalisation, les plateformes mises en place pour signaler une personne susceptible d'être radicalisée et le numéro vert pour parler du sujet avec des experts. Les médias étaient l'outil d'un vaste plan national de prévention et de sensibilisation.

Aujourd'hui, même institution mais une politique opposée. Tout est verrouilé. La préfecture n’a pas souhaité communiquer sur le nombre de fichés S à La Réunion ni sur ceux qui parmi eux, pourraient être potentiellement radicalisés. La raison invoquée ? Aucune "on ne communique pas sur le sujet".

Au lendemain de la mort du réunionnais Fabien Clain, "la voix de Daech" tué lors d'une frappe de la coalition internationale en Syrie le 20 février dernier, il semblait important de faire un état des lieux de nombre de radicalisés La Réunion, qui il y a deux ans était le territoire ultramarin qui comptait le plus de radicalisés.

Lire aussi : la coalition internationale confirme la mort du djihadiste réunionnais Fabien Clain

Combien sont-ils à La Réunion ? 

Selon nos sources, ils seraient une soixantaine de fichés S dans le département. Moitié moins qu’il y a deux ans car, toujours selon nos sources, les critères pour ficher un individu en " Sûreté d’État " sont plus pointus qu’auparavant. Des critères plus précis, plus cohérents et plus pertinents qui permettent de réduire le nombre de personnes à surveiller à celles dont les profils nécessitent une attention plus importante. 

Cette diminution est aussi due à une baisse du nombre de signalements. Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de Paris en 2015, la psychose s’installe. Sur tout le territoire national, les signalements, pas toujours fondés, de radicalisation se multiplient. La Réunion n’est pas épargnée par ce phénomène.

Qui peut être fiché S ?

La fiche S pour "sûreté d’État" existe depuis 1969 pourtant, le grand public n’en a entendu parler que ces dernières années notamment lors des attentats de Charlie Hebdo et de Paris.

Fiché S ne signifie pas forcément islamiste radical ou terroriste. Cette catégorie du fichier des personnes recherchées (FPR) regroupe aussi des militants politiques radicaux, des hooligans ou certains criminels. Ce fichier contiendrait plus de 400 000 noms. Tous ont un point commun : selon l'exécutif "ces personnes représentent un danger pour la sûreté de l’État sans qu’elles aient pour autant commis de délit ou de crime". Certains zadistes de Notre de Dame des Landes e sont retrouvés fichés S. Selon nos sources, certains zadistes auraient migré à La Réunion et se seraient installés dans le Sud-Ouest de l'île, reste à savoir s'ils sont fichés S... 

Plus généralement, un rapport du ministère de l'Intérieur indique qu'il y aurait 25.000 fichés S, dont 9.700 pour radicalisation essentiellement liée à la mouvance terroriste islamiste en France. 

La Réunion, département ultramarin où il y a le plus de radicalisés

2015, c’est l’année où La Réunion découvre qu’elle n’est pas à l’abri. Naïl Varatchia dit "l’Egyptien" est arrêté lors d’un coup de filet antiterroriste. Le jeune homme de 21 ans, prédicateur salafiste endoctrine et recrute des jeunes avant de les envoyer faire le jihad. L’un d’eux, un saint-andréen de 23 ans perdra la vie en Irak. Naïl Varatchia était fiché S et suivi de près pour radicalisation.

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Ces fichés S suspectés ou condamnés

Autre fiché S, Riad Ben Cheikh. Condamné pour apologie du terrorisme, il était fiché S depuis plusieurs années. Il aurait été en contact avec des détenus de Fresnes qui avaient l'intention de préparer des attentats terroristes en France, notamment des actions envers des policiers et des surveillants de prison. Il avait aussi été condamné pour avoir aidé une adolescente à partir faire le djihad en Syrie. Ses faits et gestes étaient particulièrement scrutés par les services de renseignement.

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Jérôme Lebeau, le fiché S de Saint-Benoît était, lui aussi, suivi pour des faits de radicalisation. Soupçonné de vouloir passer à l’acte incessamment, il s’était auto-radicalisé et avait fait l’objet d’un signalement sur la plateforme Pharos. Il était surveillé de près par les renseignements notamment sur les réseaux sociaux.

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À quoi sert la fiche S ? 

Elle n'est pas une preuve de culpabilité, "seules les informations recueillies par son biais, si elles font présumer l’existence d’une infraction, peuvent conduire le procureur à ouvrir une enquête préliminaire, puis éventuellement une information judiciaire." peut-on lire sur la page gouvernementale dédiée au sujet. En réponse à la polémique sur le déni de liberté individuelle que pouvait induire cette mesure, l'État précise "si la fiche S sert à retracer les déplacements des personnes concernées, elle ne signifie pas que celles-ci sont suivies en permanence. La fiche ne " s’active " que lorsqu'elle est consultée ou que la personne est contrôlée."

Les individus fichés S sont plus ou moins surveillés en fonction de leur dangerosité. Si les critères pour les ficher sont plus pertinents qu'auparavant, cela signifie donc que l'État considère que la soixantaine de fichés S de La Réunion représente une menace sérieuse pour la sûreté publique. 

fh/www.ipreunion.com

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