Le tribunal correctionnel de Saint-Denis a condamné ce vendredi 21 novembre 2025 Jean-Claude N. à trois ans de prison, dont un avec sursis probatoire, pour avoir détourné près de 1,8 million d’euros des comptes de son entreprise afin de financer une addiction massive aux paris hippiques. Une lourde amende de 250.000 euros, une interdiction de gérer pendant dix ans et l’obligation d’indemniser les organismes sociaux complètent la peine (Photo : rb/www.imazpress.com)
Âgé de 60 ans, Jean-Claude N., gérant de fait de la SARL A2N, entreprise de peinture et de travaux divers basée à Sainte-Suzanne, était poursuivi pour blanchiment, faux, abus de biens sociaux et travail dissimulé. Les faits s’étendent de janvier 2020 à novembre 2023.
L’affaire éclate en juillet 2023, lorsque Tracfin alerte le parquet de Saint-Denis sur des flux bancaires jugés incohérents. L’enquête révèle alors un système d’une ampleur exceptionnelle : 2.238 chèques émis entre 2020 et 2022, la plupart compris entre 2.000 et 5.000 euros. Plus de 30 % sont destinés à des bars-PMU, des buralistes ou des particuliers.
Au total, 1,627 million d’euros ont été engloutis dans les paris hippiques. À la barre, le prévenu reconnaît jouer "près de 30.000 euros par mois, parfois plus". "J’étais incontrôlable. Tous les jours, j’essayais de rattraper ce que j’avais perdu la veille", confesse-t-il, évoquant une véritable spirale addictive.
- De fausses factures et du travail dissimulé -
Pour masquer les sorties d’argent, Jean-Claude N. met en place un système de fausses factures, établies en usurpant l’identité d’autres entreprises. Son assistante, placée sous ses ordres, rédigeait les documents. Les enquêteurs découvrent également près de 565.000 euros de salaires non déclarés, versés à des travailleurs percevant déjà d’autres revenus.
Déjà condamné en 2013, puis en 2015 après appel et pourvoi en cassation, pour conflit d’intérêts assorti d’une interdiction de gérer, l’homme avait officiellement confié la gérance de l’entreprise à son épouse. "En réalité, il dirigeait tout en missouk", relève le tribunal. Lorsque le prévenu tente d’évoquer son enfance difficile, le président Bernard Molié le coupe sèchement : "Arrêtez les violons", rappelant la récidive.
- Une entreprise familiale impliquée -
L’épouse de Jean-Claude N., Marie A., officiellement gérante mais qualifiée de "gérante de paille", percevait un salaire mensuel de 2.300 euros. Très émue à la barre, elle affirme que son mari "gérait tout". Le tribunal lui rappelle toutefois que ses déclarations contredisent celles faites lors de sa garde à vue.
Leur fils, Ruben N., cadre dirigeant dans sa propre société, est poursuivi pour complicité de faux. Il assure ne pas s’être enrichi personnellement. "On n’a qu’une maison familiale", affirme-t-il. Le président souligne néanmoins qu’il a agi "de son propre chef", sans contrainte.
Deux autres prévenus comparaissaient comme rouages essentiels du dispositif. Marc Y.C.T., 75 ans, exploitant d’un PMU au Chaudron, reconnaît avoir encaissé pour 276.000 euros de chèques frauduleux. "Ça me faisait du chiffre", admet-il. À Saint-André, Daniel V., buraliste, est poursuivi pour recel et blanchiment : 1,53 million d’euros ont transité par son commerce.
Les deux hommes ont perdu leur agrément professionnel et vu leurs économies saisies, notamment des assurances-vie.
- Des condamnations lourdes -
La CGSS réclamait 705.000 euros de cotisations impayées et évaluait son préjudice à 930.000 euros. Le tribunal a finalement condamné Jean-Claude N. à trois ans de prison dont un avec sursis probatoire, avec obligation de soins et d’indemnisation des victimes, ainsi qu’à une interdiction de gérer pendant dix ans. Une amende de 250.000 euros lui a été infligée et il devra verser 936.000 euros à la CGSS.
Ruben N., son fils, écope de douze mois de prison avec sursis et de 60.000 euros d’amende. Marie A. l'épouse, est condamnée à six mois de prison avec sursis, à une interdiction de gérer pendant dix ans, et les deux véhicules saisis au cours de la procédure sont confisqués.
Marc Y.C.T. et Daniel V. sont condamnés respectivement à quatre et huit mois de prison avec sursis, avec confiscation de leurs assurances-vie.
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