Alors que s'est ouverte ce lundi 17 novembre 2025, la Semaine Européenne pour l'Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH), cette année marque les 20 ans de la loi Handicap. 20 ans d'avancées et autant de défis encore à relever. L'occasion de dresser un bilan et de rappeler l'urgence d'une société réellement inclusive. (Photo www.imazpress.com)
Il y a 20 ans, la loi du 11 février 2005 bouleversait la reconnaissance du handicap en France. Compensation, accessibilité universelle, insertion professionnelle, scolarisation en milieu ordinaire : ce texte fondateur a posé les bases d'une égalité de droits et de chances.
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Au national, les chiffres témoignent d'une réelle progression. Le nombre de personnes reconnues handicapées est passé de 1,3 à 3 millions. Parmi ces personnes en situation de handicap, 1,2 million sont aujourd'hui en emploi. Le taux de chômage est quant à lui passé de 17 % à 12 %. Mais malgré ces avancées, le chemin reste long.
À La Réunion, 9.176 bénéficiaires de l’obligation d’emploi demandeurs d’emploi handicapés étaient inscrits à France Travail fin 2024, soit +17,3 % en un an. Leur taux d’accès à l’emploi reste deux fois inférieur à celui du reste de la population. Les chiffres de l’Observatoire régional de la santé (ORS) font également état de disparités : les femmes et les seniors sont particulièrement touchés et les jeunes en situation de handicap restent très éloignés de la formation et de l’emploi qualifié.
- Insertion et maintien de l'emploi -
Depuis 2005, l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées) et le Fiphfp (Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) jouent un rôle central dans l’accompagnement des travailleurs handicapés.
À La Réunion, leurs actions sont déterminantes et ont permis, en 2024, le recrutement de 1.900 personnes en situation de handicap, soit 2,6% de l'ensemble des embauches régionales. L'année dernière, 265 personnes handicapées ont pu conserver leur poste grâce à l’action conjointe de l’Agefiph, du Fiphfp et de Cap Emploi. Parmi elles, 68 % sont des femmes. Le dispositif d’emploi accompagné financé par l’ARS, l’Agefiph et le Fiphfp, poursuit sa montée en puissance : 280 personnes étaient suivies fin 2024 et 319 à ce jour en 2025
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Selon Aïda Périchon, déléguée régionale de l’Agefiph, une tendance se confirme : "Le maintien dans l’emploi est mieux repéré, mieux sollicité. Il représente 92 % des demandes dans le secteur privé". Écoutez.
- Des entreprises de plus en plus engagées -
Le Groupe Caillé, engagé depuis trois ans dans une convention handicap, en est un exemple. "Le handicap fait désormais partie de nos process : recrutement, formation, management", explique Céline Bosredon, directrice du développement RH. "Beaucoup de collaborateurs ont déclaré leur handicap une fois qu’ils se sont sentis en confiance. C’est la preuve que les entreprises doivent d’abord écouter et accompagner". Regardez.
Au-delà des chiffres, les trajectoires individuelles illustrent la réalité des freins et des réussites. Comme celle de Kevin Courage, commercial Opel chez Jules Caillé Auto : "J’ai retrouvé un emploi grâce au DuoDay. L’entreprise m’a fait confiance, a adapté mon poste, et depuis trois ans tout se passe très bien. Une personne handicapée peut travailler comme n’importe qui : il faut juste lui laisser la chance de le prouver". Écoutez.
- Les défis de demain : mobilité, formation, visibilité -
Si la loi de 2005 a constitué un tournant, les obstacles restent nombreux, en particulier à La Réunion : mobilité difficile, lieux de travail encore insuffisamment accessibles, métiers peu adaptés, formation trop souvent inaccessible. "Il faut arrêter d’avoir une entrée "handicap" et passer à une entrée "compétences". Il faut changer de braquet, souligne Aïda Périchon. "Former, adapter, accompagner : l’enjeu est de positionner les personnes là où elles excellent, pas là où on pense qu’elles doivent aller". Écoutez.
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Pendant une semaine, ateliers, conférences, fresques, rencontres professionnelles et DuoDay vont rythmer la SEEPH. Le but : rendre visibles les solutions, outiller les entreprises et permettre aux personnes concernées de rencontrer de nouvelles opportunités. "L’objectif de la SEEPH, c’est de vulgariser, d’éclairer et de permettre à chacun de s’approprier le sujet", rappelle l’Agefiph. Malgré les avancées, l’inclusion n’est donc pas un acquis mais une construction permanente.
vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

Il serait utile de rappeler que les 6 % à atteindre est un minimum.
Mobilité difficile est un euphémisme.
En fait, cet emploi va dépendre du regard sur le handicap en général de la personne en charge du recrutement. Elle voit le handicap, pas la compétence. On peut être porteur d'un handicap sévère, avoir un doctorat, et se voir refuser un poste à responsabilité du seul fait "que la vue de la personne dérange".
Il y a handicap et handicap. A cause du manque de formations (souvent pas accessibles) ce sont des emploi sous qualifiés qui font une bonne part des 6 %. Ça arrange tout le monde en premier lieu les collectivités qui maintiennent une barre avec ces emplois précaires (CDD).
Les personnes porteuse d'un handicap invisible comme on dit, on plus de chance, beaucoup, que les personnes porteuses d'un handicap dit visible, sans parler des aménagements à envisager.
Vu le large spectre que recouvre la RQTH très largement distribuée par la MDPH, ce serait intéressant d'avoir les chiffres par secteur de handicap. Car tous les bénéficiaires de la RQTH ne sont pas inscrits à France Travail.
Et pour parfaire ce dossier intéressant, il faudrait faire parler ceux qui galèrent à trouver un emploi parce qu'ils sont en fauteuil roulant par exemple, ou mal voyants, ou dys, … bref, le sans solution.
Cap emploi....vaut mieux de ne pas commenter sur cet organisme d'incompétence !!!
on en parle des délais dans la fonction public pour un aménagement de poste ???
Certes il y a eu des "avancées" mais les obstacles sont encore très nombreuse comme le souligne Mme Aïda Périchon !!!
Bravo pour votre article ... Des efforts restent cependant à faire, en particulier dans le privé, pour atteindre les 6 % d'emplois pour les handicapés ..