Logement, transports, éducation

Inclusion des personnes porteuses de handicaps : La Réunion a 10 ans de retard

  • Publié le 26 mai 2025 à 06:03
  • Actualisé le 26 mai 2025 à 13:33
handicap à l'école

À La Réunion, malgré la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, le département a toujours une décennie de retard en matière de handicap. Des difficultés rappelées lors du Run Handi Tour qui s'est achevé le 19 mai 2025. En fauteuil, atteints de maladies, déficients visuels... Une cinquantaine de personnes ont sillonné l'île pour alerte sur un combat encore trop quotidien. Le mardi 6 mai 2025, le gouvernement a promis d'accélérer l'inclusion des personnes porteuses de handicap en lançant un comité de suivi "pour une société pleinement accessible" (Photo : sly/www.imazpress.com)

Inclusion scolaire, emploi, transport... "à La Réunion il y a eu du retard au démarrage de la loi du 11 février 2005", constate Deva Radakichenin, directeur de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

"Il a fallu attendre dix ans pour que cela démarre et encore aujourd'hui il y a des choses écrites dans la loi. Mais il reste beaucoup à faire", dit-il.

Pourtant, "il n'y a pas de frontières entre nous. On doit apprendre à se connaître en apprenant à se parler", indique Véronique Tissandier, malvoyante de naissance.

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- L'absence de mobilité, un frein pour l'inclusion des personnes handicapées -

"C'est très compliqué d'avoir un rendez-vous pour avoir accès aux transports", confie une personne malvoyante. "Une personne normale n'a pas besoin de programmer quel jour elle va sortir alors que la personne en situation de handicap est obligée d'anticiper pour avoir une place dans un bus", déplore Jean-Philippe Sevagamy, déficient visuel.

Lors des rencontres entre associations et collectivités pour le 20ème anniversaire de la loi de 2005, la Région, présente à la médiathèque de Sainte-Marie, avait reconnu – pour les Car Jaune – "tous les transports sont équipés pour les personnes avec tout type de handicap après tout n'est pas parfait".

Dans le sud de l'île, "les abris voyageurs sont conçus de manière à faciliter la montée et la descente à bord des bus. Néanmoins, il n’est pas toujours possible de garantir toute la chaîne de déplacement dans le cadre de l’accessibilité", relate la mairie de Saint-Pierre.

La Civis qui, via son délégataire, la Semittel, assure gratuitement le transport des personnes à mobilité réduite selon le taux d’incapacité (50 à 79%) avec la carte "Pass’nGo". Contactés, les autres réseaux de transport en commun n'ont pas répondu.

Dans son comité, le gouvernement souhaite "ouvrir des chantiers avec les collectivités territoriales, notamment pour l’accessibilité de la voirie ou encore la simplification des démarches des personnes en situation de handicap pour la justification du droit au stationnement gratuit".

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- Des démarches trop lourdes pour les administrés -

Le "cadre normatif pour solliciter une évaluation de la situation et une décision est quelque chose qui prend du temps", reconnaît Deva Radakichenin. Trop de temps alors qu'il y a de nombreux formulaires à remplir et plus de 27.000 demandes par an.

Pour les personnes en situation de handicap, "cette complexité entraîne une perte de chance", déplore Jean-Philippe Sevagamy.

Si la MDPH a mis en place "un guichet unique pour faciliter la lisibilité sur le parcours, il reste des parcours médicaux ou scolaires chaotiques avec des mesures décidées mais pas suivies d'effets", concède le directeur de la MDPH.

À noter que La Réunion dispose depuis quelques années d'une Maison France Services mobile portée par l'association AORA Médiation basée à Saint-Louis, qui permet d'offrir une offre adaptée aux personnes sourdes et malentendantes.

En matière d’accès aux droits, le gouvernement promet "un choc de simplification" et une harmonisation des pratiques des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Localement, un "rendez-vous systématique en cas de première demande auprès des MDPH" sera expérimenté par une dizaine de départements volontaires. De plus, pour les "premières démarches administratives", un accompagnement spécifique sera mis au point dans les maisons France Services.

Plus généralement, le cadre normatif sur l'accessibilité des sites et des applications numériques, issu de "l'Acte législatif européen sur l’accessibilité", entrera en vigueur le 28 juin 2025.

- L'inclusion scolaire totale, encore un vaste chantier -

"Si l'on accueille davantage d'enfants en handicapés dans les écoles de l'île - 8.768 élèves scolarisés en 2024-2025 - la réalité derrière, c'est qu'il manque des moyens humains. On est à 3.000 emplois d'Accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), alors que nous sommes à plus de 6.000 personnes bénéficiaires", explique le directeur de la MDPH.

Le nombre de pôles d’appui à la scolarité (PAS) va augmenter à la rentrée 2025, avec quatre nouveaux territoires préfigurateurs dont La Réunion. "L'académie disposera de 38 postes supplémentaires pour l'école inclusive, auxquels s'ajouteront 28 postes d'éducateurs spécialisés mis à disposition également pour l'école inclusive", précise le rectorat.

Le dispositif a vocation à être généralisé en 2027.

- Des logements insuffisamment adaptés à La Réunion -

À La Réunion, la présence d’au moins une personne déclarée en situation de handicap ou de perte d’autonomie, nécessitant une adaptation du logement ou de son accès, concerne 5 % des demandes dans le logement social.

L'Association régionale des maîtres d'ouvrage sociaux et aménageurs de l'Océan Indien (Armos) explique que dès lors de des demandes sont faites, les logements accessibles sont prioritairementl attribués aux personnes handicapées.

"Dans le cas où une personne, satisfaisant aux conditions réglementaires d’accès au parc locatif social, ne reçoit pas une proposition de logement adaptée à sa situation, le demandeur peut saisir la commission de médiation", précise l'Agence départementale d'information sur le logement (Adil). "Cette dernière peut être saisie sans condition de délai lorsque le demandeur est logé dans des locaux suroccupés, indécents, s’il a au moins un enfant mineur, s’il présente un handicap ou s’il a à charge au moins une personne présentant un tel handicap", ajoute-t-elle.

En France, l’ensemble des problèmes de logement touche 24 % des ménages comprenant une personne en situation de handicap, indique dans son rapport de 2025, la Fondation pour le logement des Défavorisés. Or, vivre dans un logement adapté constitue pourtant un élément fondamental pour permettre l’inclusion, l’autonomie et la participation à la vie sociale des personnes handicapées ou dépendantes.

Le gouvernement fait valoir le maintien des moyens dédiés au dispositif Ma Prim’Adapt ainsi qu'un "chantier interministériel" à venir sur l’habitat inclusif.

- Le gouvernement promet d'accélérer l'inclusion des personnes handicapées -

En matière d’emploi, le gouvernement fait valoir des "avancées significatives" et déclare attendre beaucoup du "basculement" de l’emploi accompagné du médicosocial vers le droit commun. L’emploi accompagné va passer sous l’égide de France travail.

À La Réunion, environ 8.300 personnes en situation de handicap sont inscrites au chômage. Dans le secteur privé, le taux d'emploi des travailleurs handicapés progresse légèrement et s'établit désormais à 2,9% en équivalent temps plein majoré. L'augmentation est plus nette dans le secteur public avec des taux d'emploi qui progresse à 4,35% dans la fonction publique d'État en 2024, à 6,24% dans la fonction publique hospitalière et à 6,58% dans la fonction publique territoriale.

Parmi les autres chantiers, le gouvernement confirme la fin des dérogations pour les établissements recevant du public (ERP). Instruction est donnée aux préfets "d’engager au sein des territoires, en lien avec les différentes parties prenantes, une dynamique de mise en accessibilité des ERP".

Pour les bâtiments, "les collectivités territoriales peuvent s’appuyer sur les dotations du fonds de soutien à l’investissement local et celles destinées à l’équipement des territoires ruraux" (Dsil et DTER).

Dans l'île, depuis deux ans, "est déployé le Fonds territorial d'accessibilité (FTA) qui permet d'aider les gestionnaires/exploitants d’établissements recevant du public (ERP) privés pour la réalisation de travaux de mise en accessibilité pouvant aller jusqu’à 20.500 euros", indique la préfecture.

"Il s’agit non seulement de décliner une feuille de route partagée, mais aussi de construire des réponses adaptées aux réalités locales", souligne Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du handicap.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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4 Commentaires
GHERARDI
GHERARDI
6 mois

REFLEXION La démocratie est bien remise en cause de l’intérieur enrendant moins de libertés aux minorités et confondant l’Etat de droit enprovenant de l’impérialisme de l’ouest et l’état du droit.

Le métier de chef ne consiste pas seulement à former des hommes mais aussi à rendre sa fécondité morale au pays. Cette doctrine se retrouve dans la pratique et la conception du rôle de chef que se fait Charles de Gaulle. Le projet de Participation y puise ses sources ; elle va au-delà de l’aspect économique pour toucher au caractère moral. Il partage le mépris de Georges Bernanos à l’égard des forces dominatrices de l’argent qui entraînent la décadence d’une société matérialiste ; il admire André Malraux qui, dans L’Espoir (1937), fait surgir des masses mêlées d’ouvriers, de paysans et d’intellectuels dépassant leur origine pour lutter pour un projet commun.  Le projet de Participation proposé par le général de Gaulle ne se résumait pas à une simple technique de gouvernement mais constituait une véritable philosophie politique établissant un nouveau modèle français de démocratie fondé sur la citoyenneté, l’engagement, la responsabilité et la solidarité.

Le contrat social de Jean-Jacques ROUSSEAU. L’homme estné libre et partout il est dans les fers. Le contrat social et la liberté naturelle pour Rousseau subordonne laliberté à l’égalité politique, voire économique, et à la souveraineté de lanation ! c’est-à-dire à une oligarchie mondiale. 

La souveraineté étantl’exercice de la volonté générale s’est aliéner, et le peuple souverain n’estplus représenté encore moins sa volonté.

Tant qu’un peuple est contraint d’obéir et qu’il obéit, ilfait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le secoue, il faitencore mieux.

C’est le droit à l’insurrection, et même le devoir, quandle contrat social est violé. Il sera reconnu une seule fois, dans l’éphémèreConstitution de 1793.

Tolstoï au début du XX siècle accuse les classes dirigeantesd’instrumentaliser l la morale pour s’assurer de l’obéissance du peuple, lascience pour justifier des inégalités, alors qu’elles-mêmes ne s’appliquent pasles préceptes imposés au peuples inégalités et la pauvreté font rage et voisinentavec la plus grande richesses.
À la même époque, Jules Ferry, député àl’Assemblée nationale (1885), justifiait la politique coloniale en s’appuyantsur des arguments économiques, scientifiques, juridiques et moraux.     

 Il y  différentes façons de détourner les lois :Ce n'est sans doute pas un hasard si le rapport de près de 300 pages de la Cour des comptes est publié .  Le gouvernement réunit un comité interministériel à la modernisation de l'action publique avec, à la clé, des mesures sur l'organisation territoriale de l'Etat. Il est temps, car cette organisation est jugée d'une "excessive complexité", un "millefeuille" incohérent. En plus, la France est "le seul pays européen" à n'avoir pas tiré "pleinement les conséquences des lois de décentralisation". Publié le jeudi 11 juillet 2013 à 17h21 RADIO France      

Le philosophe et historien Marcel Gauchet livre son opinion sur l’état de la décentralisation et du service public en France. Avec son franc-parler habituel, l’auteur de « La démocratie contre elle-même » dénonce le « chaos de la gouvernance publique » et le culte du management au sein des collectivités. L’inventeur du concept de fracture sociale en profite pour déplorer l’absence de contre-pouvoirs dans la vie locale. A l’origine, c’est une idée de droite. Elle constitue le moyen de préserver le pouvoir des grands propriétaires locaux et des dignitaires régionaux qui entendent mener leurs petites affaires en dehors de l’Etat central. L’esprit de clocher n’a, hélas, pas attendu la décentralisation pour s’exprimer. Il est inscrit dans la nature humaine même !

En permettant aux forts d’être encore plus forts et en maintenant les faibles dans un état d’infériorité, la décentralisation creuse les inégalités, par définition.

97290 - MARIN

MAILLOT Jean-Marc
MAILLOT Jean-Marc
6 mois

Sans accessibilité, pas d’accès aux droits
ACTIVER toutes les commissions d’accessibilité sous la responsabilité des préfets chargés de cette mission
SANCTIONNER
Les communes ; les intercommunalités et les préfectures n’ayant pas mises en place les Commissions.
AMENAGER
Les espaces et les établissements publics à TOUS
ASSURER
La mobilité de TOUS en rendant accessible le transport public sur tous les territoires.
DEVELOPPER l’accès
À la Culture ; Aux loisirs
Aux Sports ; Aux vacances
En donnant aux associations les moyens de le faire
RENDRE l’Ecole INCLUSIVE
En mettant en place tous les aménagements et adaptations pédagogiques nécessaires
Rendant accessibles tous les lieux d’enseignement
En formant et soutenant les professionnels de l’éducation et de l’enseignement dont les ATSEM et les AESH
En facilitant le départ en formation spécialisée
En valorisant financièrement les enseignants spécialisés
En reconnaissant par un véritable statut et métier des ATSEM et des AESH
PRODUIRE des logements adaptés et l’habitat accessible
RENFORCER la mise en accessibilité des commerces et les cabinets médicaux et paramédicaux de proximité
ADAPTER les modes de communication pour éviter les fractures sociales (numérique, le Facile à Lire et à Comprendre : FALC)
PERMETTRE aux proches aidants d’avoir la possibilité de répit repos, de relayage, d’accompagnement administratif, de formation et en matière de santé.
Reconnaitre les capacités et rejeter les aprioris à l’Emploi
FAIRE AVEC NOUS MAIS PAS SANS NOUS personnes handicapées et leurs instances représentatives….

Saint Paul Handisports
Saint Paul Handisports
6 mois

Et on fait quoi maintenant ?
On continue cette complaisance envers les acteurs du logement, du transport public etc ?
La MDPH n'est pas un interlocuteur fiable, deux ans pour répondre à une demande d'aide au déménagement, plus de 7 mois avec relance pour répondre à une aide au voyage, personnes black listées parce qu'elles ont eu l'outrecuidance de défendre leurs droits devant le juge… Il y a aussi la discrimination mise en place à ciel ouvert dans les transports publics. Les AOM (autorités organisatrices des mobilités : Région, CINOR, TO, CIREST, CIVIS, CASUD) pieds et poings liés par leur sous traitants qui pour certains s'assoient sur leur délégation de service public et l'obligation de prendre tous les passagers. La liste est longue et le silence de la préfecture tout aussi insupportable.

ZembroKaf
ZembroKaf
6 mois

La Civis ... on va dire en étant "gentil" avec eux car tout n'est pas négatif ... mais ce vanté de cette manière est une "injure" pour les personnes handicapées !!! ... à peine 10% d'arrêt bus "accessible" (même lors de rénovation de voiries)!!!
Jean Philippe a raison quand on doit anticiper la disponibilité du transport adapté...mais qui n'a pas le droit de nous emmener à un rdv "médical" ... tous les handicapés n'ont pas l'ALD pour une prise en charge "vsl" !!!
La MDPH au minimum 6 mois pour étudier un dossier ... et la jungle "administratif" entre la MDPH "édudière" et le Département "financeur" d'un matériel adapté qui demande un montagne de "papier" pour vous verser les fonds .... bientôt "Cyril " va nous demander les papiers de nos aïeux !!!
En résumé en 20 ans on est "sorti" du presque du "zéro" pour arriver à un 3-4 sur 20 !!!