Le 3 février 2022, lors du cyclone Batsiraï, le navire Tresta Star s’échouait sur les côtes réunionnaises. Pour pallier la carence de l’armateur, l’État avait mobilisé tous les moyens nécessaires pour dépolluer le navire. Il a ensuite engagé des échanges avec l’armateur et l’assureur du navire afin de décider des suites à donner à l’épave. L’expert de l’assureur est présent cette semaine à La Réunion concernant ce dossier. À cette occasion, Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, a organisé une conférence de presse sur l’avenir du Tresta Star. Il a été annoncé que le démantèlement naturel est préconisé, en raison des difficultés d'accès à l'épave. Un démantèlement partiel de l'avant du navire n'est cependant pas exclu. Nous sommes en direct. (Photo Tresta star photo RB imazpress )
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"Ne montez pas sur l'épave"
Le préfet demande solennellement à la population de ne plus monter sur l’épave. « Il y a un risque mortel » rappelle-t-il, alors que le navire se dégrade au fil de la houle. « Des sanctions sont prévues oui : la mort » dit-il très sérieusement.
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Une opération "très frustrante"
D'après d’Éric Mevelec, directeur de la mer sud Océan Indien, le démantèlement naturel prendra plusieurs années. Thanis Kommer, expert de la société d’assurance MS Amlin Marine, estime de son côté que le château se sera effondrée d'ici le mois de mars en raison des mauvaises conditions climatiques de la zone.
"C'est la première fois en 40 ans de carrière que je vois un navire s'échouer dans un lieu aussi inaccessible. C'est très frustrant, parce que je me préoccupe de l'environnement, mais les conditions sur place rendent impossible toute opération" indique Kommer Thanis.
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L'Etat n'exclut pas un démantèlement partiel
"Il y a parfois des situations où il n’y a pas de bonne solution, seulement une solution la moins mauvaise" souligne le préfet. "Les expertises de l’assureur viennent largement rejoindre les expertises de l’Etat. On aurait souhaité l’enlèvement, mais dans ce cas de figure il faut faire un bilan entre l’utilité d’enlever cette épave et celle de construire une route sur un site protégé" ajoute-t-il.
"C’est très insatisfaisant, nous aurions préféré pouvoir l’enlever. L’enlèvement d’une partie de l’épave est d'ailleurs toujours envisagée pour l'avant de l'épave. Cela réduira la tentation de faire monter les gens, et accéléra le démantèlement" annonce-t-il.
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Les expertises préconisent le démantèlement naturel
Voici les conclusions de l'expertise :
- L'épave est complètement dépolluée et il ne reste que la coque d'acier nue. - L'enlèvement par voie maritime n'est pas du tout possible. - L'étude de faisabilité et le deuxième avis confirment qu'un enlèvement complet, par voie terrestre ou aérienne, prend trop de temps et n'est tout simplement pas réaliste. - Il n'y a que deux alternatives: l'enlèvement partiel et laisser l'épave "telle quelle, là où elle est". Un enlèvement partiel n'enlèvera qu'une petite partie de l'épave car la majorité ne peut être atteinte en raison de l'état de la mer et de la houle qui s'abat sur le pont principal de l'épave. - L'analyse des avantages environnementaux nets effectuée par Polaris confirme que toute opération ou tout travail est plus dommageable pour l'environnement que l'épave en elle-même . - La mer et la houle vont dégrader l'épave de façon naturelle. - Depuis avril, l'épave s'est considérablement dégradée. Compte tenu du fait que l'épave se dégrade rapidement et qu'elle ne peut être enlevée complétement sans dommage important pour l'environnement, MS Amlin a décidé de la laisser se dégrader naturellement et de ne pas l'enlever. -
Les explosifs jugés inefficaces
"Avec des explosifs (dynamite), la structure d'une épave sera démolie à tel point qu'elle se disloquera en morceaux dans l'épave elle-même où elle restera et se dégradera naturellement. L'épave est continuellement exposée à la mer et à la houle; il sera donc impossible aux plongeurs de relier les explosifs à l'épave sous le niveau du pont principal" estime l'expert.La question est de savoir si l'utilisation d'explosifs sera autorisée, si les permis seront accordés, si le stockage à La Réunion sera possible, si le transport des explosifs par hélicoptère jusqu'à l'épave sera autorisé, fera l'objet d'investigations supplémentaires.Les explosifs ne résoudront pas le problème et l'épave restera présente. -
L'enlèvement partiel peu efficace
L'enlèvement partiel est uniquement possible manuellement. Le personnel, les équipements, le matériel et la ferraille récupérée doivent être transportés par hélicoptère."Certaines parties de l'épave ne peuvent être enlevées en toute sécurité que si elles ne sont pas affectées par la mer et la houle. En d'autres termes, dans quelle mesure l'épave peut elle être atteinte en toute sécurité afin de garantir un environnement de travail sûr pour le personnel et éviter les accidents et/ou les décès"L’enlèvement du chateau peut être effectué jusqu'à ce que le niveau du pont principal soit atteint. Le chateau avant est moins exposé à la mer et à la houle et peut être partiellement enlevé."En raison de la mer et de la houle, il est impossible pour les plongeurs de travailler en toute sécurité a l'intérieur de l'épave, par conséquent tout ce qui se trouve sous le pont principal sera conservé" -
L'enlèvement par voie aérienne écarté aussi
Une zone de travail et une zone de traitement doivent êtrere construites pour les équipements et le traitement de la ferraille afin de pouvoir la transporter vers la route la plus proche.Tous les équipements nécessaires (grues et équipements d'enlèvement d'un poids d'enion 0ionnes voir plus) ainsi que les matériaux de construction et le personnel doivent être transportés par voie aérienne jusqu'au site de l'épave."La capacité de levage d'un hélicoptère étant limitée, le poids de la ferraille doit être contralévia un ponte bascule pour ne pas dépasser la capacité de levage"Une attention particulière doit être accordée à la poussière en raison du courant d'air descendant d'un hélicoptère. Ce courant d'air emportera également tous les matériaux non fixés,ce qui endommagera les équipements et sera dangereux pour le personnel.Il a été conclu que cette approche prend trop de temps et n'est tout simplement pas réaliste. En outre, il convient de se demander si toute cette opération n'est pas plus dommageable pour l'environnement que l'épave en elle-même. -
L'enlèvement par voie terrestre n'est pas réaliste
"La situation à la Réunion est unique, l'endroit est un site protégé du patrimoine mondial de l'UNESCO. Le sol sur lequel une route doit être construite est de la roche volcanique avec ses propres particularités et défis. Si une route doit être construite, elle doit avoir une résistance suffisante pour permettre aux engins lourds de circuler dessus. Un scénario réaliste pour réaliser cette route est de 77 semaines" détaille l'expert.En d'autres termes, il faudrait passer près de deux ans à construire une route jusqu'au site de l'épave avant de pouvoir sortir un seul morceau de ferraille de l'eau. Il a donc été conclu que cette approche prend trop de temps et n'est tout simplement pas réaliste.En outre, il convient de se demander si toute cette opération n'est pas plus dommageable pour l'environnement que l'épave en elle-même. -
L'enlèvement par voie maritime impossible
"L'enlèvement par la mer n'est possible que si la profondeur d'eau à proximité du bateau est suffisante; une mer calme est nécessaire pour permettre de travailler sans rouler et/ou tanguer; un mouillage suffisant et peu profond est nécessaire pour amarrer les barges ou positionner les jack-up" explique l'expert."D'après le relevé bathymétrique effectué par ID Ocean, il est évident qu'il n'est pas possible de s'approcher suffisamment près de l'épave pour positionner des barges ou d'autres embarcations". Il n'y a pas de zone d'ancrage appropriée et les fonds sont trop profonds au-delà de l'épave.D'après toutes les informations météorologiques et climatiques, il est évident que la mer n'est pas assez calme pour travailler en toute sécurité avec des grues près de l'épave, la mer et la houle provoquant toujours le roulis et le tangage des embarcations.Conclusion: l'enlèvement de l'épave par la mer n'est pas possible. -
Trois options étudiées pour retirer l'épave
Kommer Tanis a été mandaté par les propriétaires du navire via leurs assureurs pour évaluer la possibilité de renflouer le navire ou de l'enlever en tant qu'épave. Des inspections sur site et par hélicoptère ont eu lieu entre le 11 et le 15 avril.
Trois options d'enlèvement ont été étudiées :
1. Enlèvement par voie maritime à l'aide de barges (grues) et d'autres installations flottantes permettant de soulever l'épave dans son intégralité ou par sections/parties.2. Enlèvement par voie terrestre. Comme il n'y a pas d'accès au site, il faut le créer en construisant une route sur la roche volcanique et construire une zone de travail près du Tresta Star pour positionner les équipements lourds près de l'épave.3. Enlèvement par voie aérienne. Lorsque la construction d'une route n'est pas envisageable, l'alternative est l'hélicoptère. Une zone de travail doit être construite près de l'épave où l'équipement lourd peut être positionné pour enlever l'épave. Tout l'équipement et le matériel doivent être transportés par voie aérienne. -
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Nous suivons le point de situation sur le navire Tresta Star à la préfecture, restez avec nous
À propos
Pour rappel, après avoir été repéré en difficulté à cause des conditions météo très défavorables provoquées par le cyclone Batsirai, le navire Tresta Star s'est échoué au large de Saint-Philippe le 3 février. Les 11 membres de l'équipage à son bord ont été récupérs sains et saufs et en cours d'évacuation.
Des opérations de dépollution ont été organisées par l'Etat, l'armateur ayant déclaré le navire en perte totale. L’ensemble des équipements, matériels et produits ont fini d’être enlevés le 23 mars 2022.
Les opérations de démantèlement, délicates, n'ont toujours pas pu débuter. Le navire est parti pour rester encore quelques (longs) mois sur les côtes de Saint-Philippe. « Beaucoup a été fait pour enlever tout risque d’atteinte à l’environnement » a précisé le préfet à l'occasion d'une conférence de presse en octobre dernier.
Le problème qui se pose désormais, c’est l’épave. « Il n’y a rien de facile pour l’enlever mais plusieurs options ont été portées la connaissance de l’armateur et de son assurance », a précisé Jérôme Filippini.