Ce mardi 16 mai 2016, le Crefom (Conseil représentatif des Français d'Outre-Mer) s'est insurgée contre "une proposition de recrutement extérieure révélatrice d'une inégalité réelle". Son délégué régional, Richel Sacri, dénonce l'imminence du recrutement d'une candidate nantaise pour remplacer le poste vacant de Sudel Fuma. Nous publions ci-dessous leur communiqué. (photo d'illustration)
"Les échos qui nous sont parvenus au CREFOM Réunion (Conseil Représentatif des Français d’Outre-Mer) concernant le recrutement sur le poste laissé vacant depuis juillet 2014 par l’éminent spécialiste de l’esclavage et de l’engagisme dans l’océan Indien, le professeur Sudel FUMA, font état de l’imminence du recrutement d’une candidate originaire de Nantes qui, semble t-il, aurait comme référence en rapport avec le profil du poste, une thèse soutenue en 2010 sur le thème de l’engagisme à La Réunion et dont les travaux pour l’essentiel feraient l’impasse sur l’esclavage.
Dans un courrier du 11 mai 2016, adressé au Président de l’université Mohamed ROCHDI, le délégué Régional du CREFOM, Richel SACRI a déploré l’incapacité de l’institution à pourvoir le poste depuis près de deux ans alors que des candidats locaux compétents, docteurs en Histoire, existent et se sont manifestés lors de différents appels à candidatures.
Il a rappelé qu’en 2015, la procédure de recrutement avait échoué en raison de l’absence de membres du comité de sélection ; cette fois-ci ce seraient les historiens de l’université de La Réunion qui auraient refusé de participer compte tenu de la méthode retenue pour réaliser le recrutement. En effet, la mise en place de ce comité de sélection donnait à voir dit-on "un recrutement sur commande".
D’après ce qui nous est rapporté "L’étape préalable du processus de recrutement étant la mise en place d’un comité de sélection dont la composition, d’une douzaine de membres (enseignants chercheurs de la discipline prioritairement) répartis à parité entre collègues de l’université de La Réunion et collègues extérieurs (de l’hexagone le plus souvent) relève in fine de la décision du Président de l’université. La démarche classique consiste à demander au département d’histoire de l’Université de La Réunion de proposer les noms de quatre enseignants (deux locaux et deux extérieurs), idem pour le centre de recherche de la discipline et les quatre derniers étant directement proposés par le président selon la même répartition entre locaux et extérieurs."
Pour ce recrutement les faits auraient été les suivants :
1. Un Comité de sélection différent des propositions faites par les historiens de l’Université de La Réunion et ratifié par le Conseil de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines a été mis en place. En effet, le président de l’Université a défait le Comité de sélection (12 membres) qui avait été construit à partir des votes des historiens du département d’histoire et du centre de recherches en histoire et approuvé par le Conseil de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines.
2. Dans leur grande majorité les historiens de l’Université de La Réunion ont aussi estimé que ce Comité de sélection qui était en charge du recrutement n’a pas fonctionné régulièrement. Ils ont considéré que des faits et des pratiques soulignaient de sérieux dysfonctionnements et exprimaient des signes de partialité. Aussi tirant les conséquences de cette situation, ils n’ont pas souhaité être associés aux réunions et aux travaux de ce comité de sélection et l’auraient notifié par courriel au président de ce comité de sélection.
3. Il est également indiqué que sur le strict plan du droit, des interrogations demeurent aussi à propos du quorum. Il est en effet à noter que les textes concernant les Comités de sélection insistent sur l’obligation d’un quorum avec au moins quatre membres physiquement présents dans l’université qui recrute. Or ce quorum n’a pas été respecté. Il n’est donc pas exclu qu’un recours administratif vienne encore une fois entacher l’image d’une université qui se passerait bien d’une nouvelle vague de mauvaise publicité.
Si cette proposition de recrutement venait à être entérinée par le conseil d’administration de l’université, elle serait perçue comme une véritable insulte à la mémoire de l’historien disparu et comme une provocation à l’adresse de la population locale bien au fait des travaux de feu Sudel FUMA. Il est également à craindre que prenant connaissance de ce qui s’apparente à une manipulation, les associations qui ont bénéficié de l’accompagnement de l’historien sur le terrain en viennent à demander des comptes au président de l’université qui avec cette affaire, alors qu’il termine son ultime mandat, verra ses décisions passées refaire surface dans la mémoire collective. Sur le fond, et au delà de la manière qui a prévalu dans la procédure du comité de sélection mis en place par la direction de l’établissement, les candidats locaux, dont l’un titulaire du CAPES et Agrégé d’histoire de surcroit, par ailleurs auteur de nombreux travaux sur les deux thématiques centrales du poste à pourvoir "esclavage et engagisme dans le sud ouest de l’Océan Indien" peuvent prétendre à occuper ce poste.
Il est par ailleurs permis de se demander comment expliquer que la candidate qui serait retenue n’ait validé aucun concours de l’enseignement après son master et que sa candidature dans plusieurs universités de l’hexagone n’ait jamais été retenue ?
Ce poste très symbolique pour l’histoire de La Réunion ne saurait souffrir de polémique et doit au contraire faire l’objet d’un consensus. Une telle décision à quelques jours des élections qui vont renouveler les membres du Conseil d’administration de l’Université ne semble pas opportune, et il serait sage de laisser la nouvelle gouvernance décider du recrutement sur ce poste.
Dans son courrier, le CREFOM REUNION a donc demandé solennellement au président de l’université de revoir ce projet de nomination et de procéder à l’annulation du concours qui serait alors reconduit dans une démarche transparente et plus respectueuse des choix exprimés par les historiens de l’université de La Réunion. Le président du CREFOM, Patrick KARAM informé de cette affaire s’est engagé à la suivre de près et à la porter si nécessaire à la connaissance des plus hautes autorités nationales.
Au moment où le pays commémore l’abolition de l’Esclavage, le CREFOM attend un sursaut de lucidité et une prise de conscience des enjeux de ce recrutement hautement symbolique non seulement pour l’université de La Réunion mais aussi pour les réunionnais et la mémoire du professeur FUMA."
Richel SACRI
Délégué Régional
CREFOM REUNION
N'ont ils pas un candidat à placé qui n'a pas encore fini sa thèse ou mieux qui n'a pas eu la qualification ministériel pour pouvoir postuler, d'ou le fait d'invalider le concours 2 années de suite?