Suite au discours de politique générale présenté mardi par Manuel Valls, Ibrahim Patel a pris position ce vendredi 11 avril 2014 par rapport aux mesures annoncées par le premier ministre. Même s'il est "satisfait de sa prestation" et salue "de bonnes intentions", le président de la chambre de commerce et d'industrie de La Réunion regrette une politique "plus orientée vers les entreprises métropolitaines." Pour celui qui est à la tête de la CCIR, le nouveau locataire de Matignon doit "prendre le temps de décliner ses propositions concrètes pour La Réunion, les DOM et les petites entreprises."
"Manuel Valls a repris la France avec beaucoup d’énergie. Il en faut pour la métropole, mais aussi pour La Réunion et les DOM." Ibrahim Patel est à moitié convaincu par le discours de politique générale du premier ministre, présenté mardi dernier aux députés.
Pour le président de la chambre de commerce et d’industrie, très peu d’annonces auront un impact concret à La Réunion : "par exemple, l’exonération des charges patronales sur le SMIC ne nous concerne pas. Nous sommes déjà exonérés dans le cadre de la LODEOM depuis 2000."
Même chose concernant la C3S (Contribution sociale de solidarité des sociétés) : "Cette taxe concerne les sociétés dont le chiffre d’affaires est supérieur à 760 000 euros. C’est une mesure intéressante pour les grandes entreprises, mais nous n’en avons pas beaucoup à La Réunion." D’après la CCIR, cette suppression de fiscalité concerne uniquement 1 % des entreprises réunionnaises.
Concernant l’abaissement de 5 % du taux d’imposition des bénéfices à l’horizon 2017-2020, Ibrahim Patel salue une "mesure positive", mais beaucoup trop lointaine. " 020 c'est loin. La crise c'est aujourd'hui. Je n'y crois pas, et chaque élection apporte ses surprises. On ne peut pas dire que les choses iront dans ce sens. Il faut des mesures applicables dès 2015."
D’autre part, Ibrahim Patel se dit "ravi" par la baisse des cotisations salariales pour les salariés dont les rémunération est inférieur à 1,3 fois le SMIC. "C’est quelque chose de très intéressant pour tout le monde. Les salariés pourront bénéficier de 500 euros de plus. C’est une somme qui pourra être dépensée à La Réunion, relancer l’économie et donner du pouvoir d’achat."
Mais derrière cette bonne note, le président de la CCIR craint les conséquences des 50 milliards d’euros d’économies annoncées par le gouvernement, notamment concernant l’assurance maladie : "j’ai peur que le citoyen ait à payer une mutuelle de plus ou des médicaments non remboursés."
Enfin, Ibrahim Patel est inquiet pour l’apprentissage, malgré l’engouement du premier ministre. "Il assure qu’il faut relancer l’apprentissage, mais depuis 2014, la prime de 2 000 euros dont bénéficie une entreprise sur l’embauche d’un apprenti a été supprimée." L’homme à la tête de la chambre de commerce demande également une correction de la réforme de la taxe d’apprentissage : "si ce n’est pas fait, cette mesure laissera 10 000 apprentis sur la carreau, dont 300 à La Réunion."
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