Epidémie

Chikungunya : les indicateurs épidémiques en baisse, 35 décès en cours d'investigation

  • Publié le 14 mai 2025 à 17:49

Santé Publique France annonce une "baisse objectivée" des indicateurs du chikungunya, notamment concernant la médecine de ville et les différents services d’urgences, depuis la S17 (du 21 au 27) avril. Aucun nouveau décès n'a été confirmé, mais 35 morts sont toujours en cours d’investigation, dont celui du nourrisson. En semaine 18, 1.556 cas confirmés signalés contre 3.338 en S17. Nous publions le communiqué ci-dessous (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)

- Surveillance épidémiologique du chikungunya - Semaine 19 (5 au 11 mai 2025) -

Points clés :

• Baisse objectivée des indicateurs de surveillance en médecine de ville comme dans les différents services d’urgences depuis la S17.
• Poursuite de l’activité en médecine de ville (10%) et aux urgences (5%).
• La pression d’importation est très forte dans l’hexagone depuis plusieurs semaines et ne devrait pas se calmer avant plusieurs semaines.

- Décès -

Certificats de décès (électronique ou papier portant la mention chikungunya), signalement par des professionnels de santé ou par les agents de la lutte antivectorielle

• Tous les décès investigués et classés comme liés au chikungunya concernaient des personnes âgées de plus de 70 ans porteuses de comorbidités

Depuis le début de l’année, 12 décès survenus entre les semaines 11 et 17 ont été classés comme liés au chikungunya (10 directement et 2 indirectement liés) par le comité en charge de l’évaluation de l’imputabilité. Ces décès sont survenus chez des personnes de plus 70 ans (min-max : 71-95 ans) porteuses de comorbidités (pathologies chroniques essentiellement).

Trente-cinq autres décès sont actuellement en cours d’investigation (principalement des sujets âgés et comorbides) quant à l’imputabilité du chikungunya dont un décès néonatal. Ces décès sont susceptibles de ne pas apparaître dans le bilan final, si l’investigation conclut à une absence de lien avec le chikungunya et d’autres pourront être déclarés ultérieurement

- Surveillance en médecine de ville -

• Consultations pour clinique évocatrice de chikungunya en médecine de ville

Diminution de l’activité pour clinique évocatrice de chikungunya en médecine de ville depuis 2 semaines, dans un contexte de jour férié et de vacances scolaires.

Ces données doivent être interprétées avec prudence en raison d’un jour férié en S18 et en S19 (1er et 8 mai) ayant pu modifier les habitudes de consultations en médecine de ville des patients comme des soignants. En semaine 19, l’activité du réseau de médecins sentinelle pour motif chikungunya diminue depuis deux semaines. Elle est passée de 20% de l’activité totale en S17 à 14% en S18 puis à 10% en S19.

Rapportée à l’échelle de l’île, on estime :

• A 8 000* le nombre de consultations en médecine de ville pour des cas cliniquement compatible avec le chikungunya pour la semaine 19, soit une baisse de 44% par rapport aux 14 250 consultations estimées en S18.
• A près de 183 000 consultations depuis le début de l’année.

Ces estimations reposent sur l’activité des médecins de ville contribuant au réseau des médecins sentinelles de l’île et sur les données de l’assurance maladie.

- Surveillance des passages aux urgences pour motif de chikungunya dans les 4 hôpitaux de l’île -

• Diminution du nombre de passages aux urgences et d’hospitalisation après passage (adulte et mois de 18 ans) depuis la S16.

Depuis le début de l’année, 2 554 passages pour ce motif ont été recensés dans les 4 hôpitaux de l’île.

Après un maximum en S16 avec 389 passages aux urgences pour motif chikungunya quel que soit l’âge une diminution était constatée sur les trois dernières semaines. Ce nombre passait de 332 en S17 à 254 en S18 (-23%) et à 161 en S19 (-37%).

Le nombre d’hospitalisation après passage pour ce motif diminuait également depuis 3 semaines après un maximum de 80 hospitalisation en S16 (70 hospitalisations en S17 à 63 en S18 et 32 en S19).

Concernant la part d’activité aux urgences pour motif chikungunya, elle poursuivait sa baisse (de 6,6 % en S18 à 4,1% en S19).

En S19, le nombre de passages d’adultes diminuait depuis 4 semaines et passait de 156 en S18 à 84 en
S19 (-46%) (Figure 2). Le nombre d’hospitalisations suivant ces passages aux urgences diminuait depuis 2 semaines et passait de 43 en S18 à 19 en S19.

La part des passages pédiatriques (0-18 ans) représentait 40% de l’ensemble des passages pour motif chikunguna, soit 1 029 passages. Le nombre de passages, comme le nombre d’hospitalisations chez les moins de 18 ans diminuait également depuis 3 semaines. Il passait de 98 en S18 à 77 en S19 (-21%) pour les passages et de 20 à 13 pour les hospitalisations.

• Baisse du nombre de passages hebdomadaires pour motif chikungunya dans tous les services d’urgences.

En S19, les services d’urgences des 4 secteurs de l’île étaient tous en baisse. Cette baisse était plus ou moins récente selon les centres hospitaliers :

• CHU-Sud Réunion : après un plateau à plus de 140 passages hebdomadaires entre S14 et S16, une tendance à la baisse se dessinait depuis 3 semaines. En S18, 83 passages ont été recensé pour ce motif versus 45 en S19 (-46%).
• CHOR Ouest Réunion : pour la troisième semaine consécutive le nombre de passage pour motif chikungunya diminuait et passait de 52 en S18 à 35 en S19 (-33%).
• CHU-Nord Réunion : après 3 semaines de plateau à près de 100 passages hebdomadaires, les passages pour motif chikungunya diminuaient depuis 2 semaines (-15% avec 72 passages en S18 versus 61 en S19).
• Enfin au GHER Est Réunion, la baisse était la plus récente avec 21 passages en S19 versus 47 en S18 (55%)

- Surveillance des cas hospitalisés signalés à SpF -

• Le risque d’hospitalisation majoritairement lié à la présence de comorbidités

Le nombre de cas hospitalisés >24h pour chikungunya signalés à Santé publique France à ce jour est de 386.

Pour 325 d’entre eux le chikungunya était le motif d’admission, soit 84%. Pour les autres cas, le diagnostic a été confirmé au cours de l’hospitalisation de manière fortuite.

• Les défaillances d’organes touchent principalement les patients aux âges extrêmes (+ de 65 ans et les nourrissons de moins de 3 mois)

A noter que les données hospitalières ne sont pas consolidées, liées à la charge de travail intra-hospitalière et au délai de transmission qui en découle.

A ce jour, 68 cas graves (c’est-à-dire ayant présenté au moins une défaillance d’organe) ont été signalés.

Il s’agissait de 37 adultes de plus de 65 ans et comorbides, 8 personnes de moins de 65 ans (dont 6 présentant des comorbidités) et 23 nourrissons de moins de 3 mois.

- Surveillance de cas confirmés biologiquement -

• Forte diminution du nombre de cas confirmés depuis la S13, suivi d’un plateau à près de 3 500 PCR positives en S16 et S17 (1er mai)

En raison du délai de consolidation des données issues des laboratoires qui sont présentées ici par date de début des signes s’arrêtent à la S18. La confirmation biologique systématique des cas suspects pourrait avoir été interrompue, notamment dans les zones de forte circulation de la maladie.

Depuis le début de l’année 2025, ce sont plus de 49 400 cas confirmés de chikungunya autochtones qui
ont été signalés à la Réunion.

En semaine 18, 1 556 cas confirmés signalés contre 3 338 en S17.

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