L'Inde est actuellement en proie Ă une vague meurtriĂšre de Covid-19. Le pays a en effet dĂ©clarĂ© au moins 300.000 cas quotidiens chaque jour depuis prĂšs d'une semaine, et le nombre de dĂ©cĂšs a dĂ©sormais dĂ©passĂ© les 200.000. Entre 2.000 et 3.000 dĂ©cĂšs sont enregistrĂ©s quotidiennement. Des chiffres officiels, qui seraient d'ailleurs bien en-deçà de la rĂ©alitĂ©. L'explosion soudaine du nombre de malades laisse place Ă des scĂšnes de chaos dans les rues du pays, oĂč les hĂŽpitaux, submergĂ©s, ne peuvent plus accepter de nouveaux patients, et oĂč les crĂ©matoriums ne sont plus en capacitĂ© de prendre en charge toutes les dĂ©pouilles (Photo AFP)
"On voit des gens mourir à l'entrée des hÎpitaux, dans la rue, la situation est terrible" déplore un journaliste local à Imaz Press. Si prÚs de 200.000 morts ont été comptabilisés, le bilan serait en réalité bien plus lourd. "On peut sûrement multiplier par dix ce chiffre : on ne comptabilise pas toutes les victimes qui meurent chez elles, dans la rue, dans les ambulances" regrette-t-il.
Depuis plusieurs jours, les médias du monde entier ont les yeux braqués sur ce pays au systÚme hospitalier encore trop faible pour prendre en charge les 360.960 nouveaux cas quotidien déclarés ce 28 avril 2021. Les apports en oxygÚne, notamment, sont trop faibles pour répondre à la demande. "La situation est dramatique, les urgences sont saturées, et je vois des patients de plus en plus jeunes affluer" alerte Dr. Neha Bhandari, du Fortis Memorial Research Institute à New Delhi, interrogée par Imaz Press.
"Il n'y a pas assez d'oxygÚne, pas assez de médicaments, et des problÚmes de logistiques qui s'accumulent. Aujourd'hui, j'ai traité deux patients de 14 ans par exemple, alors qu'avant tous mes patients quasiment étaient des personnes ùgées. Les jeunes ont par ailleurs de plus en plus besoins d'aides respiratoires aprÚs quelques jours de symptÎmes, c'est inédit" s'inquiÚte-t-elle.
En Inde, la cadence des usines d'oxygĂšne a du mal Ă fournir le plus grand nombre. pic.twitter.com/UF5OL6t1xR #OxygenEmergency #indiacovid #india
â đŠđđđđ¶ đđ¶đ đčđđ đŠđŸđđĂ© (@DenKinte) April 27, 2021
VIDEO: đźđł An overcrowded Covid-19 ward in a #NewDelhi hospital where two or three patients share a single bed, with barely enough space for others to stand. India's daily coronavirus death toll has hit a new record of 2,624 as the government battles to get oxygen to hospitals pic.twitter.com/pcBLJ7ScxQ
â AFP News Agency (@AFP) April 24, 2021
- L'oxygĂšne manque -
Lâapprovisionnement en oxygĂšne mĂ©dical est critique alors que cette seconde vague frappe mortellement l'Inde. Plusieurs hĂŽpitaux du pays ont dĂ©clarĂ© avoir de sĂ©rieux dĂ©ficits dâoxygĂšne et les patients ont par ailleurs du mal Ă obtenir des lits mĂ©dicaux ainsi que des mĂ©dicaments essentiels. Ce mercredi, le pays a Ă©tĂ© tĂ©moin de pas moins de 360.960 cas en une seule journĂ©e, ce qui fait un total de 17.997.267 cas depuis le dĂ©but de l'Ă©pidĂ©mie.
"Plus que l'oxygÚne disponible, c'est aussi toute la logistique demande la distribution des bombonnes qui pose problÚme ! Nous n'avons pas les capacités de livrer à temps toutes les zones touchées, certains meurent avant que l'oxygÚne n'ait été livré" s'indigne le journaliste local.
Le nombre de morts est tel que les crématoriums, mobilisés 24 heures sur 24, ne sont plus en capacités d'assumer toutes les dépouilles. Manquant de bois, certaines villes comme New Delhi, brûlent désormais les corps sur des parkings, dans les parcs ou tout simplement dans la rue. "Deux crématoriums "extérieurs" ont été créé pour pouvoir prendre en charge tous les cadavres" souffle le journaliste que nous avons contacté. Des scÚnes dramatiques sont filmées dans les rues du pays.
#Inde đźđł - Partout oĂč nous sommes allĂ©s, nous avons trouvĂ© la colĂšre au milieu du chagrin. "OĂč est le gouvernement?" ont demandĂ© les gens. Il y a un sentiment d'abandon dans ce pays, des gens qui doivent se battre seuls. #India #COVID19
â ââșââââŸââ·۰âąâđ (@NewsInt_) April 26, 2021
Via @yogital pic.twitter.com/aB97VVFayG
#Indeđźđł
â đArcanahđżââđșïž (@Arcanah3) April 26, 2021
đCrĂ©mation de corps Ă #NewDelhi oĂč la vague de #COVID19 submerge le systĂšme de santĂ© mal Ă©quipĂ© du gouvernement #nĂ©olibĂ©ral #Modiđ#India #IndiaNeedsOxygen #IndiaFightsCOVID19 #coronavirus pic.twitter.com/71GXutjqoi
La flambĂ©e Ă©pidĂ©mique peut s'expliquer de plusieurs maniĂšres : l'apparition d'un variant indien, nommĂ© scientifiquement "B.1.617", l'organisation de grands rallyes en lien avec des Ă©lections au dĂ©but du mois d'avril, mais aussi les cĂ©lĂ©brations du Kumbh Mela, qui ont rĂ©unies des milliers de personnes sur les berges du Gange Ă la mi-avril, explique Dr. Neha Bhandari. Des Ă©vĂ©nements propices Ă la propagation du virus, alors que le variant indien est largement suspectĂ© d'ĂȘtre plus contagieux que la souche de base du Covid-19.
En effet, "le B.1.617 a un taux de croissance jusqu'à trois fois plus élevé que la souche basique du Covid-19" assure-t-elle. "Le taux de contamination est si élevé qu'il est fort probable que le nombre de malades soit largement sous-estimé. Il faut préciser que les laboratoires sont submergés, et que beaucoup ne se font pas tester malgré des suspicions de Covid-19" regrette-t-elle. Maharashtra, Delhi, Kerala, Karnataka, Tamil Nadu, et Andhra Pradesh restent les états les plus impactés par la pandémie aujourd'hui.
Au moins 17 pays ont connu des infections au variant dit indien. Il a été été détecté dans plus de 1.200 séquences de génome. La plupart des échantillons "viennent d'Inde, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de Singapour", a précisé l'OMS dans son compte-rendu hebdomadaire sur la pandémie. Ces derniers jours, le variant a aussi été signalé dans plusieurs pays européens (Belgique, Suisse, GrÚce, Italie).
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- Des restrictions dans plusieurs états -
L'agglomĂ©ration de la capitale a Ă©tĂ© confinĂ©e pour une semaine supplĂ©mentaire. La situation en Inde est "plus que dĂ©chirante", a jugĂ© lundi le directeur gĂ©nĂ©ral de l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. Pour autant, les restrictions sanitaires ne semblent pas avoir particuliĂšrement d'impact. "Le couvre-feu, ce n'est que sur le papier" regrette le journaliste. Les transports en commun restent bondĂ©s, les rues sont toujours loin d'ĂȘtre vides.
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@DelhiPolice @CMODelhi @ndtvindia vishnu garden #newdelhi. Curfew or weekly market? No masks , no social distancing. pic.twitter.com/VaB2vPcgpn
â MUKESH YADAV (@mukeshpaota) April 21, 2021
150 districts nouveaux avec un taux de plus de 15% de positivitĂ© pourraient ĂȘtre confinĂ©s. Un confinement avec des exemptions de services dĂ©finis, a Ă©tĂ© proposĂ© pour ces districts, leurs systĂšmes de santĂ© Ă©tant dĂ©jĂ sous pression. Câest le ministĂšre de la santĂ© qui a recommandĂ© ces mesures lors dâune rĂ©union en haut lieu ce mardi 27 avril 202. Certains Ă©tats ont dĂ©cidĂ© dĂšs mardi soir de se reconfiner pour au moins 14 jours, Ă l'image de l'Etat du Karnataka dans le sud-ouest du pays.
Des mesures qui ne sont pas assez strictes pour certains. "Si le gouvernement va dans le bon sens, il faut imposer un confinement plus long et plus strict ! Les chiffres se sont envolés en à peine deux semaines, il faut absolument imposer un confinement plus strict" assure Dr. Neha Bhandari Le gouvernement central a indiqué lundi que tous les citoyens ùgés de plus de 18 ans, seront éligibles au vaccin à partir du 1er mai.
Lockdown in delhi is being followed properly.....like this we gonna win the war for sure. đ€Šđ»ââïž #DelhiLockdown #StayHome pic.twitter.com/SCQOFS9YiV
â Yogesh Singhmar (@Yogeshbadala) April 22, 2021
- ColĂšre contre le gouvernement -
Le Premier ministre Narendra Modi est en premiĂšre ligne des critiques face Ă la flambĂ©e Ă©pidĂ©mique. "Au niveau politique, tous les ministres accusent le chef du gouvernement d'ĂȘtre responsable de ce dĂ©sastre" assure le journaliste que nous avons pu contacter. La population, elle, exprime sa colĂšre notamment sur les rĂ©seaux sociaux.
"Modi démission", "Modi meurtrier", "pas d'oxygÚne, pas de vote"⊠Chaque jour, de nouveaux hashtag apparaissent sur les réseaux sociaux pour exprimer la colÚre à l'égard du Premier ministre indien. Le maintien des élections est notamment pointé du doigt par certains internautes, notamment dans le Bengal
Modi's role in Bengal Elections.#ModiDisasterForIndia pic.twitter.com/Aiskj7opte
â Ritesh Vhora (@vhora_ritesh) April 27, 2021
D'autres soutiennent cependant les actions prisent derniÚrement par le gouvernement. "Dans le Tamil Nadu, la situation commence à se calmer grùce aux mesures prises par le gouvernement" assure Ind Balakarthikeyan, un habitant de l'Etat. "Le couvre-feu, la fermeture des écoles et des bureaux commencent déjà à avoir un impact sur les chiffres, qui sont en baisse. Les hÎpitaux ne sont pas trop surchargés. Les dirigeants ont pris les bonnes décisions" affirme-t-il à Imaz Press.
- L'aide internationale s'enclenche -
L'aide internationale s'organise par ailleurs : Singapour a expĂ©diĂ© une cargaison de 256 cylindres dâoxygĂšne mĂ©dical pour aider lâInde Ă combattre la pandĂ©mie, indique le ministĂšre indien des affaires Ă©trangĂšres ce mercredi.
"L'OMS fait tout ce qu'elle peut" pour l'Inde, "en fournissant du matériel et des équipements essentiels, notamment des milliers de concentrateurs d'oxygÚne, des hÎpitaux de campagne mobiles préfabriqués et du matériel de laboratoire", et en redéployant "plus de 2.600 personnels" en renfort, a annoncé l'OMS.
Les Etats-Unis, à la suite d'un échange téléphonique lundi entre leur président Joe Biden et le Premier ministre indien Narendra Modi, se sont engagés sur une aide d'urgence comprenant notamment des composants pour la production de vaccins, des équipements de protection, des tests à diagnostic rapide, ou encore des respirateurs. Washington étudie aussi la possibilité d'envoyer des approvisionnements en oxygÚne.
La France va envoyer huit unités de production d'oxygÚne ainsi que des containers d'oxygÚne et des respirateurs à l'Inde, à partir de la fin de la semaine, a annoncé lundi soir le ministÚre des Affaires étrangÚres. Les containers d'oxygÚne liquéfié - dont cinq seront acheminés "dans un premier temps" - permettront d'alimenter jusqu'à 10.000 patients par jour en oxygÚne médical, a-t-il précisé.
L'Union européenne a promis de fournir, via son Mécanisme européen de protection civile, une "assistance" à l'Inde. La chanceliÚre allemande Angela Merkel a aussi annoncé une aide d'urgence.
- Les appels à la solidarité débutent -
"Les retours que l'on a depuis le pays sont terribles, ce qu'il se passe est extrĂȘmement triste" souligne Jean-Luc Amaravady, prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration tamoule de La RĂ©union. Une action pour venir en aide au pays est par ailleurs prĂ©vue dans trĂšs peu de temps, assure-t-il. "Nous ne pouvons pas vous en dire plus tout de suite : c'est une situation sĂ©rieuse qui demande beaucoup de prĂ©paration" souligne-t-il.
Dans la petite ville du Tankaria, non loin de Bharuch, une ville du Gujarat (ouest de l'Inde), dont sont issus beaucoup de musulmans de La RĂ©union, une collecte de dons s'est ainsi organisĂ©e pour soutenir le systĂšme hospitalier submergĂ© par le Covid-19. Les ONG y tiennent une place prĂ©cieuse dans la prise en charge des malades. La population de ce village a pu bĂ©nĂ©ficier de l'aide la diaspora vivant Ă au Canada et en Grande Bretagne. Une Ă©cole a pu ainsi ĂȘtre transformĂ©e en hĂŽpital provisoire. L'unitĂ© mĂ©dicale accueille 30 lits, d'aprĂšs des proches de RĂ©unionnais sur place. Les capacitĂ©s devraient atteindre les 100 lits dans les jours Ă venir.
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LâĂ©tablissement dâaccueil dispose dâune unitĂ© de radiologie, dâun laboratoire dâanalyse et est en mesure de faire les tests. Toutes les prestations sont gratuites y compris au niveau des repas servis, et le centre accueille sans distinction de race et de religion. En cas de gravitĂ© de situation un service dâambulance est mobilisĂ© pour le transfert des malades dans un grand hĂŽpital de la rĂ©gion.
as/vl/ [email protected] / [email protected] avec l'AFP

Merci d'avoir changé ce titre pour le peu malheureux !
Et il y a encore des gens pour croire que "ce n'est pas si grave", "ce n'est qu'une grippe" et aussi: "on nous ment"...
"Covid-19 : l'Inde consumée par le virus"Avec en illustration une image de crémation improvisée, ne trouvez vous pas le jeu de mots avec "consumée" pour le moins malvenu ' Moi si.
La France consacre 11,3 % de son PIB Ă la santĂ©. L'Inde 1 %.MĂȘme si, Ă cause de la suppression de 100 000 lits en 10 ans les services hospitaliers français fonctionnent Ă flux tendus et Ă©puisent les personnels de santĂ©, les hĂŽpitaux existent bien. En Inde, ils sont si peu nombreux qu'on n'y peut mĂȘme pas admettre les malades qui meurent Ă l'extĂ©rieur, dans la rue.Faut dire qu'avec ce "Modi" gouvernement... ça n'arrange pas les choses !
C'est dramatique ... les chiffres rĂ©els doivent ĂȘtre affolants ...