Lancée mi-août sur internet, une pétition rassemblant plus de 12.500 signatures demande la mise en place obligatoire de la septaine et du test pour les voyageurs qui arrivent à La Réunion. Une demande adressée au Président de la République en personne, justifiée par la situation sanitaire actuelle sur l'île, toujours classée en zone d'alerte. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)
"Monsieur le Président, j'ai l'honneur de vous saisir d'une demande, effectuée au nom de près de 13 000.signataires" commence Jérôme Manicom. Celui qui se décrit comme "simple citoyen qui observe des dysfonctionnements" a lancé une pétition en ligne mi-août, demandant de rendre obligatoires deux mesures pour les voyageurs qui arrivent sur l'île : la septaine et le dépistage.
"C'est la situation sanitaire du retour des grandes vacances qui m'en a donné l'idée" nous explique le Réunionnais. Le premier foyer de contagion, preuve d'une circulation virale croissante sur l'île, est apparu le 11 août. "On a ensuite eu une explosion de cas, mais l'origine de cette circulation virale c'est l'absence de septaine ou de test pour les voyageurs" estime-t-il.
En août, environ 30% des voyageurs réalisaient un test 7 jours après leur arrivée. Un taux relativement faible qu'a voulu corriger l'ARS avec une vaste campagne de communication visant à sensibiliser sur l'importance du dépistage.
- Libertés individuelles -
Mais toujours pas d'obligation. "Au mois de juin, les parlementaires en ont longuement débattu, mais il n'y a pas eu de consensus" se souvient le docteur Reuben Veerapen, vice-président du Conseil de l'Ordre des médecins de La Réunion. "Le Conseil constitutionnel a été clair : si La Réunion veut imposer une septaine et un dépistage à l'arrivée, il faut avoir recours à un juge des libertés. C'est très compliqué à mettre en place" résume-t-il.
Rappelons qu'en mai dernier déjà, le Conseil constitutionnel, très à cheval sur les libertés individuelles, avait indiqué que le préfet de La Réunion ne pouvait plus imposer une quatorzaine aux voyageurs en hôtel. Les personnes arrivant sur l'île devaient donc avoir le choix entre effectuer leur période d'isolement dans un centre ou à domicile.
Depuis la fin de l'état d'urgence sanitaire, cet isolement, réduit d'abord à 7 jours, n'a plus lieu d'être.
Mais pour l'auteur de la pétition, l'Etat a les moyens d'aménager ses lois si la santé des Français est en danger. Et selon lui, la situation actuelle est un cas de force majeure. "On peut toujours mettre en place des règles sanitaires, dire que c'est impossible c'est se tromper."
Quant à l'argument qui dit que la mise en place d'une septaine est incompatible avec la volonté de faire revenir les touristes sur l'île, il n'y croit pas. "Le tourisme local joue déjà un rôle très important, nous n'avons pas nécessairement besoin de touristes extérieurs pour faire tourner l'économie de l'île."
- Surveiller mais pas contrôler -
A défaut de rendre ces tests obligatoires, l'ARS tente tant bien que mal de pousser les voyageurs à aller se faire dépister, nous rappelle-t-on du côté de l'agence.
D'abord par des textos envoyés aux passagers pour leur rappeler l'importance d'aller faire ce test à J+7. Puis par une vaste campagne de communication, défendue par l'ARS, pour sensibiliser la population aux gestes barrières et aux précautions à prendre la semaine de son arrivée.
Plusieurs centres covid ont vu le jour sur l'île pour accueillir les voyageurs, carte d'embarquement en main, pour se faire dépister gratuitement.
De son côté, l'aéroport Roland Garros a installé des caméras thermiques pour détecter les éventuels passagers fiévreux, et aller à leur rencontre pour les inciter à s'isoler.
Plus récemment, l'ARS a également souhaité rendre les voyageurs prioritaires sur les tests, pour favoriser le dépistage post-vol, passé finalement de 7 jours à 2, 3 ou 4 jours après l'arrivée sur l'île.
"Du côté de la communauté médicale, on a milité pour rendre la septaine ou les tests post-vol obligatoires. Ça n'a pas été possible, tant pis. Mais force est de constater que la population est beaucoup plus consciente du danger aujourd'hui" remarque le docteur Reuben Veerapen. Les derniers chiffres indiquent en effet que jusqu'à 70% des voyageurs réalisent aujourd'hui le test RT-PCR après leur arrivée. Un taux confirmé par l'ARS, qui peut varier mais reste bien supérieur aux 30% observés en août.
- La peur des vacances -
S'il tient autant à ce que le test et l'isolement soient rendus obligatoires, c'est parce que Jérôme Manicom redoute l'arrivée des vacances, notamment celles de Noël. "Lors des prochains retours de vacances en octobre et décembre 2020, nous risquons clairement de vivre la même situation que celle de la fin du mois d'août dernier" écrit-il dans sa lettre au Président.
Pourtant même l'Ordre des médecins semble le souligner aujourd'hui : les cas sont essentiellement autochtones et contrôler les voyageurs n'empêchera pas l'apparition de nouveaux clusters à l'issue de grands repas de famille.
Selon le dernier point complet de la préfecture et de l'ARS vendredi dernier, 13% seulement des cas investigués sont importés. "Il faut se sortir de l'idée que le virus vient de l'extérieur" martèle le docteur François Chièze, responsable de la sécurité sanitaire à l'ARS.
"Je trouve ça dommage de se focaliser sur de telles pétitions qui ne reflètent pas la réalité des choses. Oui le virus a été importé dans un premier temps, comme partout dans le monde. Mais la situation actuelle n'a rien à voir avec les mois de mars ou avril" ajoute-t-il. "Imposer de nouvelles contraintes aux voyageurs, ce n'est pas un vrai sujet, pourquoi les stigmatiser à nouveau alors que la circulation virale est autochtone désormais."
Pour autant l'auteur de la pétition redoute de nouveaux clusters détectés plusieurs semaines après le retour de voyageurs imprudents qui iraient célébrer les fêtes de fin d'année.
L'arrivée du mois de décembre pourrait en effet relever du défi pour les autorités sanitaires de l'île alors que les dernières prévisions sanitaires parlaient d'un pic épidémique pour la fin de l'année 2020. Nul ne sait encore comme l'ARS va gérer les festivités dans trois mois, alors que les rassemblements spontanés de plus de 10 personnes sont toujours interdits.
mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com
Commencez une pétition qui demande l'inverse (arrêt des quarantaines et de l'obligation des tests qui donnent 90% de faux positifs) et vous pourrez comparer réellement quelle est la volonté du peuple.
La covid est devenue autochtone ...
dépister avant le départ est déjà bien .
Et les caméras thermiques super ! Pourquoi n y avons nous pas pensé avant ?
C est tellement simple et évident qu on n'y pense pas ..lol !
Dommage qu'il y ai réel conflit d'intérêt car ce monsieur n'est pas un simple citoyen en fait, c'est un vendeur de masques et produits dérivés sur cette crise !
Ce Mr vend des masques et autres "produits" covid via la boutique le FB Jaimes Services. Alors, pas étonnant qu'il lance ce genre de pétitions et qu'il s'exerce à la faire signer avec zèle. Conflits d'intérêt. A t-il dit aux signataires qu'il a cette boutique ? (A priori, même si cela est vrai, cela n'a rien à voir avec un maintien en septaine ou un dépistage. On pourrait même penser qu'au contraire, une septaine chez soi pousse à mettre moins de masques puisque l'on est pas à l'extérieur. Cordialement - WEBMASTER)
Affligeant cette pétition!Que veut Monsieur Manicon? Profiter de la COVID pour supprimer ce qui reste du tourisme et vivre en autarcie avec encore plus de subventions de l'Etat? Aujourd'hui 90% du virus est essaimé par les autochtones.
C'est trop tard, le virus circule déjà à la Réunion et ceci a été amplifié avec l'ouverture de l'aéroport. Il aurait fallu l'instaurer à ce moment.