Les plateformes de livraisons de plats préparés, fraîchement débarquées à La Réunion, s'adaptent à la situation sanitaire exceptionnelle. Achat de produits sanitaires (remboursés par la suite), mise en place de zones de livraisons sans contact, indemnisation jusqu'à 14 jours... de nouvelles mesures ont été prises en temps de confinement. Les plateformes poursuivent leur activité, donc, quitte à prendre le risque d'exposer leurs livreurs à des risques de contamination importants. D'un côté, les collectifs s'insurgent, de l'autre, les plateformes assurent prendre toutes les mesures de précaution nécessaires. (Photo rb/www.ipreunion.com)
Sur les réseaux sociaux, les hashtags #Stopplateforme ou #Necommandezplus passent de moins en moins inaperçus. En référence aux plateformes dématérialisées de livraisons de plats telles que Uber eats ou Please, ces injonctions relatent un manque de sécurité pour les livreurs, tous auto-entrepreneurs donc non assujettis aux régimes classiques d’assurances maladie.
Chez les livreurs, en scooter ou à vélo, on s’adapte aux nouvelles mesures sans rechigner : “au fond pour nous ça n’a rien changé à notre activité. On a un peu plus de commandes et moins de circulation” affirme Didier, livreur occasionnel à scooter. Comme lui, beaucoup d’auto-entrepreneurs partenaires d’Uber Eats ont réduits leur activité par conscience : “Je n’ai pas envie de trop m’exposer non plus, j’ai une famille. Même si on respecte les mesures barrières, on touche forcément des digicodes, des portails, des portes....” ajoute le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années.
Le statut d’entrepreneur ne laisse guère d’autre choix à ses indépendants payés à la course : " si on ne travaille pas, on ne gagne rien " assure Didier. Même si Uber Eats affirme couvrir les livreurs obligés à se confiner, ceux qui désirent se protéger de leur plein gré ne bénéficieront d’aucune indemnisation et s’exposeront davantage. Le CLAP dans un communiqué, confirme : “dans la réalité, 90% des livreurs vont toucher le sac. Les règles ne sont que très peu respectées...”.
- Les plateformes promettent la sécurité des livreurs -
Très récentes à la Réunion (Please est arrivée en mai 2019, Uber eats en janvier 2020), ces nouveaux services ont le mérite de permettre à des restaurants de maintenir une activité en conformité avec le confinement. Toutefois, les livreurs sont désormais sollicités pour des commandes parfois invraisemblables, sans que les clients prennent les mesures nécessaires pour respecter les mesures barrières :
L'intérêt VITAL de Uber Eats............ pic.twitter.com/KKsMUmlIYt
— Jérôme PIMOT (@Eldjai) March 20, 2020
De quoi remettre en question l’utilité des plateformes de livraisons et plus précisément du maintien de l’activité des livreurs en pleine crise sanitaire… Concernant la Réunion, une vingtaine de restaurants dionysiens fermés maintiennent leurs activités de livraisons avec le géant américain de la livraison. “Nous constatons un fort intérêt pour les produits du quotidien et nous mettons tout en oeuvre pour étoffer la sélection de ce type de produits via la mise en ligne d’épicerie et commerces de quartier sur l’application” souligne une responsable d’Uber Eats.
Dans un communiqué, la direction affirme que plusieurs mesures ont été mises en place pour tenter de préserver la santé des livreurs. Parmi elles, le remboursement des produits sanitaires, une indemnisation pouvant aller jusqu’à 14 jours pour les livreurs placés en quarantaine par une autorité de santé publique, ou encore la limitation du nombre maximal de livreurs en attente d’une commande devant un même restaurant…
La multinationale américaine, qui a fait de Saint-Denis sa première ville d’implantation en outre-mer, développe même son réseau de restaurants partenaires pendant le confinement : “Donuts Kafe fait maintenant partie de la liste des restaurants qui utilisent Uber Eats à la Réunion”.
- “Le confinement n’a rien changé” -
Dans son communiqué publié conjointement avec plusieurs syndicats, le CLAP (Collectif Autonome des Livreurs Autonomes) rappelle que “la livraison de repas à domicile organisée par les plateformes numériques lucratives et prédatrices fait partie des secteurs d’activité non-prioritaires”. Depuis le 17 mars, les syndicats ne décolèrent pas, et demandent même la fermeture temporaire de ses plateformes : “Dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, nous exigeons l’arrêt immédiat de ces plateformes et l’indemnisation de tous les livreurs”.
Parce qu'il faut que ça cesse !
— CLAP (@_CLAP75) March 26, 2020
AVANT que les livreurs ne tombent comme des mouches dans la rue. pic.twitter.com/voqOyK7kTN
“On peut livrer le virus”.
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) April 2, 2020
Jeremy, coursier, a été diagnostiqué positif au #COVIDー19. Aujourd’hui, il s’interroge : combien de clients a-t-il pu contaminer pendant sa période d’incubation ? #Soirée2Linfo pic.twitter.com/UaU8cyTPUW
La direction d’Uber Eats a mis en place un numéro direct et un article de blog pour tous les livreurs qui souhaitent faire part de leurs interrogations : 0805 080 391.
sr / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com
Un sujet assez compliqué. D'un cÃ'té certain sont content de pouvoir garder un peu de travail. De l'autre certains sont plus ou moins forcé de le faire ... :(