Agents de sécurité et forces de l'ordre

Pass sanitaire : tensions (presque) inévitables lors des contrôles

  • Publié le 20 août 2021 à 14:08
Contrôle pass gendarmes

Alors que le pass sanitaire a été étendu à de nombreux lieux depuis le 21 juillet 2021, il revient aux agents de sécurité et aux forces de l'ordre de le contrôler à l'entrée des établissements. Devant les restaurants ou les établissements de santé, la semaine dernière fut consacrée à la pédagogie avant de passer aux sanctions. Mais face aux réactions parfois agressives de certains, les "contrôleurs" redoutent des tensions (presque) inévitables sur un sujet aussi polémique que celui-ci. (Photo rb/www.ipreunion.com)

"Vous n'avez pas votre pass ? Pensez-y la semaine prochaine" ont répété, parfois en boucle, les agents de sécurité postés à l'entrée du CHU Nord. Comme l'hôpital l'avait indiqué, la semaine du 9 août était dédiée "au dialogue et à la pédagogie" pour informer les patients (non urgents) et visiteurs sur l'instauration du pass pour rentrer dans l'établissement de santé.

"Ça met les agents en porte-à-faux, et ça risque de partir en vrille", s'inquiète un vigile, qui souhaite rester anonyme. "L'Etat met une vraie pression sur les gens. Mais les agents de sécurité sont payés pour faire leur travail, eux. Il y a aura toujours des énervés, certains ne vont pas comprendre. Et si l'agent en vient aux mains, ça va lui retomber dessus" ajoute-t-il.

Sa crainte : que les simples agacements fassent place aux violences physiques. "A l'époque des gilets jaunes, des casseurs qui n'avaient rien à voir avec le mouvement en avaient profité pour caillasser les véhicules de certains agents de sécurité" se souvient-il, amer, alors que sa voiture avait été la cible de jets de galets à Pierrefonds il y a trois ans.

- "Un contrôle est un contrôle" -

Gérant de la société MPS (Mascareignes prévention sécurité) et d'Alpha protection, Nicolas Robert souhaite rappeler que ses agents de sécurité ne sont qu'un premier filtre. En cas de débordements, c'est aux forces de l'ordre d'intervenir. "Notre mission ne change pas, et nous avons l'habitude des contrôles. Pour le pass c'est très simple, tout est réglementé par décret" estime-t-il. "Un contrôle est un contrôle. Si un visiteur refuse de présenter le pass sanitaire, on renvoie ça vers la direction."

A Alpha protection, 100 agents sont mobilisés dans les hôpitaux et devant certaines boutiques, et à MPS, 20 autres le sont au Cinépalmes et au TEAT Champ Fleuri. Le gérant ne cache pas qu'il a fallu faire preuve de patience et de pédagogie dans un premier temps. "C'est un sujet très politique. Ceux qui sont contre sont dans une démarche militante. Pour les plus réticents, on essaie toujours d'être bienveillants." Une atmosphère de défiance qui lui rappelle l'après 11-septembre, lorsque les dispositifs "Vigipirate" ont vu le jour.

"Bien sûr on redoute des tensions, pour le bien-être de nos agents" indique Nicolas Robert. "Mais en cas d'affrontement direct, ils sont formés pour maîtriser les individus. Ensuite, place aux forces de l'ordre."

- La crainte du manque d'effectifs -

Du côté de la police comme de la gendarmerie justement, on se prépare à devoir faire face à des situations délicates. En première ligne comme les agents de sécurité, les forces de l'ordre ont commencé à arpenter les terrasses des cafés pour contrôler les pass sanitaires des clients attablés. "On se prépare à intervenir sur consigne du préfet" indique Idriss Rangassmy, à la tête du syndicat Alliance police nationale 974. "Pour ce qui est des restaurants, ce sont à eux de mettre en place les contrôles" rappelle celui qui estime faire davantage un travail de vérification.

Les restaurateurs se sont plaints d'incivilités. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle 51% d'entre eux, selon une étude de la Chambre de commerce et d'industrie (CCIR) dévoilée ce jeudi, estiment avoir eu des difficultés à mettre en place le pass sanitaire. "Malgré une intervention rapide des forces de l'ordre, certains ont été agressés : samedi dernier un restaurateur a pris un coup de poing" relaie Ibrahim Patel, président de la CCIR.

Idriss Rangassamy ne cache pas son inquiétude concernant les effectifs. "Ce n'est pas notre mission prioritaire. Nous sommes déjà là pour assurer le respect du couvre-feu" rappelle-t-il.

Même inquiétude pour Mickaël Hoarau, à l'UNSA police. "C'est une nouvelle tache qui nous est confiée. Est-ce qu'on a les moyens de la faire ? Je n'en suis pas certain. D'autres taches nous semblent plus urgentes… Entre intervenir pour des faits de violence conjugale par exemple ou le contrôle du pass dans un restaurant, vous imaginez bien qu'on va se déplacer sur les faits de violence."

Sans parler du contrôle dans les lieux de vie comme les bars ou restaurants, où déambuler pour vérifier le pass ne s'annonce pas être une partie de plaisir. "Ce n'est pas notre cœur de métier d'aller embêter les clients."

- "Malaise dans les troupes" -

Autre préoccupation : la gêne de certains policiers à l'idée d'aller contrôler un pass qu'eux-mêmes n'ont pas tous en leur possession. "Il y a un certain malaise dans les troupes à ce sujet" avoue Mickaël Hoarau. "Après quand les forces de l'ordre entrent dans un restaurant, c'est pour une mission de contrôle, ce n'est pas pour s'y attabler. Mais éthiquement oui, le policier est mal à l'aise" reconnaît-il.

Vendredi 13 août, la police indiquait que sur 440 établissements et 3.120 clients, un seul avait été verbalisé. Quant au couvre-feu, sur 1.280 personnes contrôlées, 168 ont été verbalisées.

mm/www.ipreunion.com / [email protected]

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6 Commentaires
Gérard.bur
Gérard.bur
4 ans

Quelle belle époque!!!Il n'y a plus qu'à ouvrir des centres de détentions pour les récalcitrants et nous aurons fait un pas de 80 ans en arrière. Et au nom de quoi ''' Les pays ayant quelques mois d'avance sur la vaccination voient leurs indicateurs se dégrader, les proportions de vaccinés/non vaccinés étant strictement identiques à celle des positifs et symptomatiques graves. Mais nous on persiste ... comment voulez vous qu'il n'y ait pas de la défiance '' En tout cas personnellement si il faut avoir recours à la force pour défendre mon intégrité et ma liberté d'aller et venir je n'hésiterai pas, à bon entendeur !!!

shiven 7, depuis son mobile
shiven 7, depuis son mobile
4 ans

Et, est-ce que ces mêmes agents de la sécurité sont en mesure de nous présenter leur pass sanitaire ' Sont-ils vaccinés '' Ont-ils un test de moins de 48 heures ''' Au vu de la distanciation qu'il va y avoir entre les clients et eux pour contrôler... des questions se posent !!! Que le responsable nous dise qu'ils sont formés pour maîtriser les récalcitrants, il faudrait d'abord qu'il nous rassure et/ou trouver un moyen de vérifier à plus d'un mètre de nous !!! On ne connaît pas leurs fréquentations, et pour la plupart c'est politisé également ce genre de travail !!!

Missouk
Missouk
4 ans

Qu'un agent de sécurité, un vigile, un gendarme, ou un restaurateurs exige mon pass sanitaire alors que lui-même peut ne pas en avoir un, c'est quand même un comble... Quand les gens vont finir par s'énerver vraiment, parce que ça finira par arriver, ce ne sont pas les donneurs d'ordre parisiens qui seront les premiers visés, mais celles et ceux qui essaient d'appliquer une loi d'une bêtise innommable !

Strop
Strop
4 ans

-> les anti-masques et anti-vaccins me rappellent les gens qui refusaient de porter la ceinture, car 1) ils croyaient que la ceinture était une invention dangereuse et 2) qu'ils étaient assez malins ou assez fort pour éviter un accident. Certains pensaient même que 3) là où ils étaient en campagne il n'y avait pas assez de voiture pour avoir d'accidents.

Jeanbon
Jeanbon
4 ans

A force de tirer sur la corde, celle ci va casser, et c'est comme ça que commencent des émeutes, voir pire, des révolutions.

Parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
Parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
4 ans

Qu'est que fout ces 2 clowns androidés par le poudré de Paris , alors que la délinquance est au plus haut dans des quartiers sensibles ' Avec ces bleus de chauffe on marche sur la tête. Carpette un jour, carpette toujours.