Samedi 25 avril 2020, le bulletin sur la situation épidémiologique à La Réunion, communiqué par l'Agence régionale de santé (ARS), faisait état de 5 patients Covid-19 hospitalisés au service de réanimation, soit 3 patients de plus que la veille. Le lendemain, dimanche 26 avril, l'ARS dénombrait à nouveau 2 patients en réanimation. En l'espace de 48 heures, 3 personnes auraient été admises en réanimation, avant d'en sortir immédiatement. Se pose alors la question du comptage de ces patients, devant l'opacité de la communication de l'ARS, et les témoignages de professionnels de santé au sein même du CHU, qui attestent de chiffres différents. Des soignants on affirmé à Imaz Press que ce mardi après-midi 28 avril, 1 seul patient demeurait en réanimation, et non 2 comme l'ARS, le second "guéri depuis plus d'une semaine" étant sorti la veille. Un chiffre finalement confirmé par l'autorité sanitaire mercredi 29 avril. Le tout sur fond d'imprécisions et de mutisme de l'Agence régionale de santé (Photo rb/www.ipreunion.com)
En pleine crise sanitaire, nul doute que le comptage des cas, des cas douteux, des guéris, des patients hospitalisés et de ceux en réanimation n’est pas aisé. Fort heureusement, aucun décès n’est pour le moment à déplorer à La Réunion, sinon la tâche serait aussi ardue que dans d’autres régions et pays du monde.
Samedi dernier, l’Agence régionale de santé communiquait une soudaine hausse de 3 patients supplémentaires admis au service de réanimation. Ce chiffre n’aurait pas attiré notre attention sans une baisse tout aussi immédiate de 3 patients, dès le lendemain. Soit. Loin de nous la volonté de mettre en doute tous les faits et gestes des autorités en cette période difficile.
Mais une interrogation demeure sur les modalités de comptage, alors que la communication de l’ARS paraît de plus en plus opaque. Des témoignages émanant directement de personnels de l’hôpital indiquent des chiffres différents. Concernant le bulletin épidémiologique du samedi 25 avril, deux professionnels de santé du CHU confirmaient à Imaz Press qu’un seul patient était en réanimation, et non 5 comme annoncé par l’autorité sanitaire.
Par ailleurs, un soignant nous affirme qu'il ne restait plus qu'1 patient au service de réanimation, mardi 28 avril. Le second patient "guéri depuis plus d'une semaine" serait sorti du service le lundi 27 au soir, alors que l'ARS indiquait ce jour-là un total de 2 patients en réanimation, puis encore le lendemain.
Dans le point de situation de ce mercredi 29 avril, l'ARS a finalement corroboré le chiffre d'1 personne positive au Covid-19 hospitalisée en réanimation.
Pourquoi cette différence ? Ni le service de réanimation pédiatrique ni le CHU de Saint-Pierre n’accueillent de personnes positives au Covid-19 en état critique. Ces soignants n'excluent pas une possible confusion entre patients atteints de la dengue et ceux atteints du coronavirus. “Parfois on intègre en réanimation des cas suspects, mais le plus souvent, les patients sont positifs à la dengue.”
Début d’hypothèse que nous avons soumis à l'ARS. Sans réponse...
Restait la piste d'une erreur de frappe dans un communiqué de presse publié ce jour-là par l'Agence régionale de santé. Nous avons interrogé l’ARS sur ce point. Sans réponse...
- “Nous sommes loin d’être des héros” -
Ce curieux silence est à mettre en parallèle de la nette fin de non recevoir réservée à toutes nos demandes de reportages au sein du CHU. En Métropole, dans des situations infiniment plus tendues, ces reportages sont courants.
Pourquoi donc un tel défaut de transparence ? En l’absence de justifications tangibles, il faut donc, une nouvelle fois, recourir à l’émission d’hypothèses, et nous appuyer sur les témoignages de professionnels de santé qui, eux, acceptent de nous donner un aperçu des coulisses.
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"S’il n’y a pas de reportage possible, c’est parce qu’il n’y a quasiment pas de patients. Je ne suis pas sûr que ce soit cette image qui veut être véhiculée. Depuis une semaine il n’y a que 2 ou 3 patients en unité réanimation, et très souvent il n’y a qu’un patient avéré Covid. Nous sommes très loin de la médecine de guerre, très loin d’être des héros", affirme humblement un soignant. "Contrairement à la Métropole et les images que l’on peut voir, nous ne passons pas nos journées en combinaison, nous n’avons pas les visages marqués par les masques FFP2", ajoute une soignante en toute franchise.
Il est vrai que le nombre de nouveaux cas de coronavirus est en forte baisse à La Réunion - et c'est tant mieux -, avec 10 cas recensés sur les sept derniers jours. La mobilisation des soignants, elle, reste des plus intensives. "Nous sommes quasiment en double effectif le jour, il y a même du personnel uniquement recruté en CDD pour la crise. Que vont-ils devenir après ?", s'interroge un troisième profesionnel de santé
Combien de personnels de santé sont affectés aux unités Covid au CHU de La Réunion ? Nous l’avons demandé à l’ARS. Sans réponse...
Il ne restent donc que les interrogations forcément génératrices de suspicions et d'inquiétudes y compris au sein même des personnels de santé. Depuis le début de l'épidémie ces derniers sont très dubitatifs concernant l'attitude de l'ARS et en particulier de celle de Martine Ladoucette, directrice de l'Agence.
La communication entre elle d'une part, les urgentistes et les médecins de ville d'autre part "est très compliquée, voire inexistante", ont déploré des soignants début avril. "Tout se passe comme si elle se méfiait de nous pour une raison aussi sombre qu'inconnue", avait lâché, agacé, un professionnel de santé interrogé par Imaz Press
Un agacement suspicieux au final inévitable.
Et pour cause. Que la direction de l'ARS veuille contrôler sa communication est sans doute légitime. Que cela mène à des laborieuses et surprenantes imprécisions dans les données communiquées à la population est franchement dommageable...
Surtout lorsque ces imprécisions sont doublées d'un incompréhensible mutisme...
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Peut-être que les syndicats du CHU font exprès de fournir des mauvaises indications et ne veulent surtout pas dire qu'aux URGENCES ce sont les vacances bien payées
Par contre l'ARS est très fort pour arceler un patient qui a fait une déclaration à la presse pour un problème de masques. Téléphone le patient le soir le matin juste avant son départ de sa chimiothérapie. Point dans toutes la presse tout pour 2 masques livrer aprés la déclaration à la presse du patient.
Effectivement les chiffres de l ars de la semaine dernière étaient faux ....
J en avais été étonnée ...
bonjourune fois de plus vous mettez le doigt sur l ars .sommes nous en droit de nous poser la question de l'inutilite patente de cette structure n'y a t il pas la un gros sujet de recherche sur l'incompétence et sur le pouvoir la retention d'information (et autres lacunes) est le juste reflet d'une gestion par l'affectif visant a camoufler le manque d'objectivité d'une telle structureau dela de sa légitimite par le pouvoir politique on est peut etre en droit de revendiquer sa dispariton totale.
Depuis le temps qu'on réclame haut et fort la réorganisation de l'ARS, un organisme trop mal géré, et complètement has been !