Thiago Silva va mieux et le Brésil aussi: incarnation du fiasco auriverde en 2014, le défenseur a retrouvé le niveau international au Mondial-2018 et son but libérateur mercredi contre la Serbie (2-0) symbolise une Seleçao en phase ascendante avant son huitième face au Mexique.
Si les Brésiliens n'ont pris aucun but dans le jeu courant en phase de poules, seulement un but encaissé sur corner contre la Suisse (1-1), c'est aussi parce que le défenseur central du Paris-SG forme avec son partenaire Miranda et la sentinelle Casemiro un triangle infranchissable.
Mercredi soir, Silva (33 ans) s'est interposé sur une tête de Mitrovic qui aurait pu permettre aux Serbes d'égaliser... peu avant de surgir au premier poteau sur un corner de Neymar (68e), une combinaison travaillée la veille à l'entraînement selon la Fédération brésilienne (CBF).
"J'ai la sensation du devoir accompli, pas seulement avec ce but, mais aussi au vu de notre bonne phase défensive", a savouré le défenseur. "Nous avons encore été très solides, sans prendre de but."
Le brassard de capitaine était porté mercredi par Miranda, dans le cadre de la rotation instaurée par le sélectionneur Tite.
- Revoilà 'le Monstre' -
Et ce bout de tissu a longtemps pesé lourd sur le biceps de Thiago Silva, capitaine lors du naufrage du Mondial-2014 à domicile. Ses larmes lors d'une séance de tirs au but contre le Chili avaient symbolisé la faillite mentale de la Seleçao, avant une déroute 7-1 en demi-finale face aux futurs champions du monde allemands - un match pour lequel Silva était suspendu. Sa prestation ratée lors de la fameuse "remontada" du FC Barcelone de Neymar face au Paris SG (4-0, 1-6) a aussi accentué cette image de défenseur friable mentalement. Et pendant toute la phase de qualification, Tite semblait lui préférer son coéquipier parisien Marquinhos...
Mais depuis le début du Mondial, revoilà "O Monstro", le "Monstre", ce surnom que certaines performances récentes rendaient presque ironique. "C'est super de revenir à mon meilleur niveau avec le Brésil. J'ai travaillé dur pour ça", a savouré Silva la semaine dernière.
Et Tite ne doute pas de ce joueur charismatique et très croyant: "Si on enlève tous ceux qui ont été critiqués lors de la dernière Coupe du monde, on n'aurait plus d'équipe nationale. Il faut des joueurs avec de l'expérience et de la maturité pour être capitaine, et Thiago fait partie de ces joueurs-là", a dit le sélectionneur, lui confiant le brassard face au Costa Rica (2-0).
- Quand Neymar 'engueule' Silva -
Jouer en Russie rappelle des souvenirs douloureux à Thiago Silva: lors de son passage au Dynamo Moscou en 2005, alors qu'il découvrait l'Europe, il avait lutté contre la tuberculose pendant six mois, dont deux passés dans un isolement complet. Une expérience dont il assure tirer sa force.
"Ces six mois ont été sans aucun doute les pires de ma vie", a-t-il dit un jour. "Quand je regarde en arrière, je vois combien j'ai été un guerrier dans cette situation. Je peux dire que je suis un champion, je suis un mec qui gagne."
Ce côté gagneur n'a pas sauté aux yeux en 2014 mais à bientôt 34 ans, Silva garde une dernière chance de consécration internationale, dans le sillage son complice parisien Neymar. "C'est mon plus jeune frère, et je cherche à prendre soin de lui, à lui donner des conseils", résume le défenseur.
Ce qui n'empêche pas les prises de bec, comme lors du match comme le Costa Rica, où Thiago Silva a suscité le courroux de Neymar pour avoir redonné un ballon à l'adversaire. "Il m'a rendu très triste, il m'a beaucoup engueulé", racontait-il après la rencontre.
Neymar ne lui en a visiblement pas tenu rigueur en lui offrant une passe décisive mercredi. Et voilà le Brésil rassuré sur ses capacités offensives et défensives avant son huitième face au Mexique lundi à Samara: quatre ans après, la Seleçao va mieux, tout comme Thiago Silva.
- © 2018 AFP