La "Sbornaïa" au Mondial

La ferveur jusqu'en Sibérie

  • Publié le 3 juillet 2018 à 01:49
  • Actualisé le 3 juillet 2018 à 06:48

Malgré les milliers de kilomètres et les cinq heures de décalage horaire le séparant Moscou, Anton Tarkhanov, habitant de la ville sibérienne d'Oulan-Oudé, n'a pas raté un seul match de la "Sbornaïa" depuis le début du Mondial-2018.

A Moscou et dans les 10 autres villes hôtes, le parcours inattendu de la sélection nationale et l'esprit festif des supporters étrangers ont provoqué une ferveur qui ne semblait pas gagnée d'avance de la part des Russes, qui préfèrent le hockey au ballon rond.

L'effet s'en fait ressentir jusqu'à la Bouriatie, région sibérienne avec une forte communauté bouddhiste sur la rive orientale du lac Baïkal. "Même à 5.000 kilomètres, on ressent l'esprit festif!", assure Anton Tarkhanov à l'AFP. Dans le plus vaste pays au monde, avec ses onze fuseaux horaires, suivre les matches nécessite une gymnastique intellectuelle et une certaine résistance au sommeil. Le stade le plus oriental se situe à Ekaterinboug, dans l'Oural qui marque la frontière entre l'Europe et l'Asie.

Quand un match débute à 17H00 à Moscou, il est 22H00 à Oulan Oudé... Pour un match à 21H00 dans la capitale, c'est à 02H00 du matin qu'il faut allumer sa télé. Mais les supporters bouriates sont prêts à toutes les insomnies pour soutenir l'équipe de la Russie. "Bien sûr, l'esprit de la Coupe du Monde se ressent mieux à Moscou ou à Kazan", deux des onze villes-hôtes du mondial, explique à l'AFP Aliona, qui travaille dans une radio locale.

"Mais nous faisons partie de ce grand pays et donc de ce grand événement", assure-t-elle, racontant que dimanche soir, après la victoire contre l'Espagne, l'ensemble des clients du bar où elle regardait le match a éclaté en pleurs et cris de joie. Dans le centre de la ville, "il y avait plein de gens qui dansaient, chantaient, certains avaient le drapeau de la Russie, tout le monde était heureux, c'était une grande fête pour tous", ajoute-t-elle.

Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des centaines d'habitants d'Oulan-Oudé célébrant à pleins poumons la victoire russe dimanche soir, criant "la Russie en avant!" sur la place centrale devant la tête sculptée aux dimensions titanesques de Vladimir Lénine.

"Cela nous unit"

Cette victoire (1-1, 4-3 t.a.b) de la Sbornaïa contre l'Espagne a qualifié la Russie pour les quarts de finale pour la première fois de son histoire post-soviétique. Dans le petit village non loin d'Oulan-Oudé où il vit, Baïr Boudaïev garde toutefois la tête froide. "L'esprit russe, c'est de ne rien espérer", confie en souriant l'homme de 40 ans.

Il enfile à chaque match le maillot blanc portant l'aigle bicéphale de la Sbornaïa pour suivre l'équipe nationale avec sa famille. Son fils de quatre ans, qui porte fièrement un maillot de football bleu avec le nom "Boudaïev" inscrit au revers, peine à retenir son excitation. "Le football, la Coupe du Monde, sont au centre de toutes les discussions", s'amuse Ksenia Boudaïeva, la femme de Baïr. "Cela nous unit, cela unit la société entière".

La famille Boudaïev vit dans une petite maison en bois, avec un grand potager, dans un village isolé près d'Oulan-Oudé. "Même si nous sommes des habitants de la campagne et que nous travaillons dur, le soir, nous essayons de trouver le temps de regarder le football, de soutenir notre équipe ou les équipes d'autres pays", raconte Ksenia Boudaïeva.

Pour son mari, au-delà du simple jeu, la Coupe du Monde révèle l'esprit de la Russie, surtout à travers la détermination de la Sbornaïa à aller le plus loin possible dans le tournoi.

Leur "esprit combatif, c'est comme notre caractère à nous les Russes: il n'est peut-être pas ostensible, mais nous allons nous battre jusqu'au bout", affirme Baïr Boudaïev.

- © 2018 AFP

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